Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
- Repentance et victimisation à la maladie auto-immune de l'Occident.
- Pierre connaît ça. Vous êtes obligé de lui parler du Covid, là ? La maladie auto-immune. Pourquoi la maladie auto-immune ? La maladie auto-immune, telle qu'elle a été définie par les médecins, c'est que l'infection est provoquée par les agents endogènes du corps.
- C'est-à-dire qu'au lieu de les protéger, ils contribuent à la diffusion.
- Pourquoi j'ai pris ce terme-là ? Parce que je trouve que sur le XXe siècle, les intellectuels ont largement contribué d'abord au sentiment de repentance, avec raison d'ailleurs, mais en adhérant parfois à des utopies laïques, rappelez-vous l'entre-deux-guerres, ceux qui devenaient fascistes, ceux qui devenaient nazis et ceux qui devenaient communistes.
- Et après-guerre, évidemment, il était hors de question de critiquer l'URSS.
- Grande nation victorieuse, etc.
- Mais rappelez-vous comment on traitait un type comme Aron ou un type comme Camus.
- Le grand penseur, c'était Sartre.
- Il n'y a pas un type qui s'est plus trompé sur les questions internationales que Sartre.
- Il valait mieux avoir un store avec Sartre que raison avec Aron.
- Oui, c'est ça exactement.
- Et rappelez-vous qu'il a été communiste, alinéen, maoïste, les clumeurs rouges, ça a été juste, il n'a pas eu le temps.
- Mais enfin, je veux dire, quand on a ce passé-là, on n'en fait pas un héros.
- Mais alors justement, vous en parlez, c'est pour ça, vraiment c'est un livre que j'ai lu avec beaucoup de plaisir parce que vous donnez aussi des faits par rapport à ça.
- Alors, il y a eu des livres, les sanglots de l'homme blanc, il y a eu d'autres livres.
- Celui-là, ce qui est intéressant, c'est que vous mettez en balance, sans du tout les équilibrer, ce n'est pas le problème, de cette, allez, comment on dirait, inclination, tendance, passion de repentance et de victimisation.
- Vous dites, d'accord, ok, l'Occident, Dieu sait s'il est coupable d'un syndrome, des choses, mais les autres aussi, il n'y a pas que l'homme blanc.
- Oui, c'est-à-dire que, si vous voulez, j'ai essayé de composer ce livre en deux parties.
- C'est-à-dire, effectivement, le bilan de l'homme blanc, il ne faut pas le discuter.
- Rappelez-vous quand même qu'entre l'homme blanc triomphant du début du XXe, qui va commencer par faire la guerre de 1914, 20 millions de morts, puis ensuite, il va y avoir cette crise de conscience, puis la Deuxième Guerre mondiale, 50 millions de morts.
- Et puis, immédiatement après les guerres de décolonisation, rappelez-vous que pendant le procès de Nuremberg, le Sétif et le bombardement d'Aifong, c'est-à-dire qu'on est dans notre bonne conscience, d'où ce sont nos colonies, et donc il faut reprendre nos colonies.
- Et donc, après ces guerres de décolonisation, qui vont quand même durer jusqu'à 1962, jusqu'à la fin de la guerre d'Algérie, vous avez donc quelque chose qui a de quoi dresser un bilan, disons, de responsabilité de l'Occident.
- Mais ce qui m'a intéressé, alors, évidemment, dans le paysage, il y a la Shoah.
- C'est-à-dire qu'on a pour la première fois procédé à une espèce d'extermination systématique d'une population.
- En fonction du système.
- Donc elle était intrinsèquement, quoi, essentiellement.
- Absolument, et alors en plus, si vous voulez, l'horreur est telle qu'on décide pour la première fois de réparer le tort fait à des victimes de guerre.
- Rappelez-vous qu'avant, les victimes des guerres, c'était du collatéral.
- Il n'y a jamais eu, par exemple, de politique de reconstruction pour les victimes de la guerre de 1914, ou les gens qui avaient vu leur maison détruite, etc.
- Là, pour la première fois, on reconnaît que des victimes ont droit à une réparation, ça va être la création d'un État.
- Vous connaissez la suite, la création d'Israël, etc.
- Mais la création de cet État, mais… Créer ses propres victimes, puisque les Palestiniens, qui n'avaient rien à voir avec la Shoah, se retrouvent dans la situation de victime.
- Mais personne ne pouvait prendre en compte le fait que le tort fait aux Palestiniens était causé par la réparation d'Israël.
- Or, pourtant, on était dans un processus identique.
- Et donc, à cause de cette repentance acceptée, l'idée de finalement se manifester comme victime rencontrait un écho...
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