26 mai 2025. Aymeric Caron, député apparenté LFI de la 18e circonscription de Paris, est l'Invité Politique de Sud Radio. Parmi les thèmes chauds de l'actualité, les bombardements incessants opérés par Israël sur la bande de Gaza sont abordés ainsi que le massacre de milliers de civils qui en découlent. Avec au cœur de ce drame, un exercice sémantique périlleux et une définition de la situation qui divisent l'opinion publique. Faut-il parler de ''génocide'' ? Oser comparer au ''nazisme'' ? Evoquer le ''ghetto de Varsovie'' ou la barbarie d'Oradour-sur-Glane ? Aymeric Caron s'y colle, en pesant scrupuleusement chaque mot.
« Gaza est aujourd'hui un camp de concentration »
« Israël conduit une guerre inhumaine à Gaza. Auschwitz, c'est un camp d'extermination. Gaza est aujourd'hui un camp de concentration. Donc c'est une différence historique à noter. Vous savez qu'en ce moment, il y a beaucoup de mots qui nous sont refusés, à nous, les défenseurs du droit international par le lobby, précisément, des pro-Netanyahou, le lobby pro-guerre, le lobby pro-destruction des Palestiniens. Par exemple, le mot de ''génocide'' nous a été interdit pendant longtemps. Le mot de ''ghetto'' nous a été interdit pendant longtemps. Le mot de ''camp de concentration'' fait encore bondir.
« L'armée de Netanyahou se conduit d'une manière qui rappelle celles de l'armée nazie »
« Elle est où, la liberté d'expression, dans ce pays, encore ? En revanche, ce qu'on peut dire, à mon avis, sans trop se tromper, comme l'historien Zeev Sternhel l'avait suggéré dès 2018, lorsqu'il disait que la politique menée par Israël ressemblait de plus en plus à une politique nazie. On peut dire qu'il y a peu de différences, aujourd'hui, entre les méthodes de l'armée israélienne et les méthodes de l'armée nazie. Netanyahou n'est pas un nazi en tant que tel. C'est un fasciste, bien évidemment. Son armée se conduit d'une manière qui, effectivement, rappelle les manières de l'armée nazie. »
« Comment qualifier l'état d'esprit de cette armée lorsqu'on tue délibérément des civils ? »
« Oradour-sur-Glane, c'est quoi ? Ce sont des femmes, des enfants qu'on enferme dans une église (en 1944 par les SS). On met le feu. Et qu'on brûle, vif. Est-ce que vous voyez les images qui nous arrivent de Gaza, tous les jours, encore cette nuit ? Moi, des images me parviennent tous les jours notamment par Rami Abou Jamous, qui est ce journaliste qui a reçu plusieurs prix dont le Prix Bayeux pour son travail exceptionnel réalisé sur le terrain à Gaza. Et les images qu'il envoie cette nuit montrent encore des femmes et des enfants brûlés vif dans leurs logements. Ce sont des images qui nous parviennent tous les jours. Lorsqu'une armée tue délibérément des femmes et des enfants en les brûlant, en leur tirant des balles dans la tête, dans la poitrine, en les affamant, lorsque les soldats de cette armée s'en réjouissent, font des vidéos où ils s'en amusent : comment vous qualifiez l'état d'esprit de cette armée lorsqu'on tue délibérément des civils ? »
« Les attaques terroristes du Hamas nous ont tous dégoûtés »
« Vous savez quand même combien de civils ont été tués. Alors, le nombre de morts à Gaza, je tiens quand même à le rappeler, parce que tellement les chiffres sont dingues. L'UNICEF nous parle aujourd'hui de 65 000 morts parmi lesquels près de 20 000 enfants. Vous savez que les spécialistes disent qu'en réalité, le chiffre est sans doute bien supérieur. On est sans doute proche des 100 000 morts. Mais les attaques immondes, atroces du 7 octobre, les attaques terroristes du Hamas qui nous ont tous dégoûtés, elles ont fait 1200 morts, dont 800 civils. 37 enfants. Moi, je trouve que les 37 enfants qui ont été tués ce jour-là, eh bien, c'est un drame absolu. Je trouve qu'il n'y a aucune excuse. Que ça nous révulse tous. Attendez, 37 enfants. »
« 20 000 enfants tués à Gaza, ça veut dire 500 fois plus que le 7 octobre »
« Mais aujourd'hui, à Gaza, c'est 20 000. Ça veut dire quoi, 20 000 ? Ça veut dire, 500 fois plus. 500 fois plus. Alors, c'est bien, il y a des journalistes, des politiques, qui ont fait l'autruche pendant plus d'un an et demi. Qui ont dit que soit ça n'existait pas, soit que les chiffres étaient gonflés, soit qu'il fallait le comprendre, que c'étaient des victimes collatérales. Aujourd'hui, on sait que tout ça est faux. Donc la réaction qui commence à germer, aujourd'hui, dans les rédactions, ou dans la classe politique, elle fait du bien, heureusement qu'elle arrive, mais qu'elle est tardive et qu'elle est honte pour l'Occident. Quelle honte. »