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"Gaza est un camp de concentration" affirme Aymeric Caron

Par Aurélie Giraud

Aymeric Caron, député apparenté LFI de la 18e circonscription de Paris et fondateur du parti "Révolution écologique pour le vivant", était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Aymeric Caron Gaza
Aymeric Caron, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 26 mai 2025, dans “L’invité politique”.

Situation à Gaza, rapport sur l'entrisme des Frères musulmans, écologie : Aymeric Caron a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Gaza est un camp de concentration"

Interrogé sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, Aymeric Caron, député apparenté La France Insoumise (LFI), n’a pas mâché ses mots. "Auschwitz, c’est un camp d’extermination. Gaza est aujourd’hui un camp de concentration", affirme-t-il. Une distinction qu’il juge importante sur le plan historique, tout en défendant fermement l’usage de ce vocabulaire.

Aymeric Caron revient sur la polémique qui a suivi une déclaration similaire de Thierry Ardisson : "Je regrette la campagne qui s’est abattue contre Ardisson." Selon lui, les réactions à ce type de propos relèvent d’une forme de censure imposée par "le lobby pro-Netanyahou". "Le mot de génocide nous a été interdit pendant longtemps. Le mot de ghetto nous a été interdit. Le mot de camp de concentration fait encore bondir", déplore-t-il, avant d’interroger : "Elle est où la liberté d’expression dans ce pays ?"

"Il y a peu de différences entre les méthodes de l’armée israélienne et celles de l’armée nazie"

Pour Aymeric Caron, "on peut dire qu’il y a peu de différences aujourd’hui entre les méthodes de l’armée israélienne et les méthodes de l’armée nazie." Il cite les bombardements visant des civils et la publication de vidéos de soldats israéliens s’en réjouissant. "Lorsqu’une armée tue délibérément des femmes et des enfants... lorsque les soldats de cette armée s’en amusent… comment qualifier ça autrement ?"

Il insiste sur l’ampleur des pertes humaines à Gaza : "L’UNICEF parle de 65.000 morts à Gaza, dont près de 20.000 enfants." Il ajoute : "Les attaques terroristes du Hamas, qui nous ont tous dégoûtés, ont fait 1.200 morts dont 37 enfants. Aujourd’hui, à Gaza, il y a 500 fois plus d’enfants tués." Une comparaison qu’il considère comme essentielle à rappeler : "Je trouve que les 37 enfants qui ont été tués ce jour-là, c’est un drame absolu. [...] Mais aujourd’hui à Gaza, c’est 20.000."

"Le Hamas et Netanyahou sont les deux faces d’une même pièce"

Face à la question de la complicité potentielle entre le Hamas et le gouvernement israélien, Aymeric Caron va plus loin : "Bien sûr. Ce sont les deux faces d’une même pièce." Il reproche à Benyamin Netanyahou d’avoir favorisé le développement du mouvement islamiste. "C’est dommage que Netanyahou ait voulu privilégier pendant des années le Hamas, en favorisant notamment son financement." I

Il nie que le Hamas affame les Palestiniens : "J’en discutais avec des représentants de l’UNICEF et de l’UNRWA. L’aide humanitaire est bloquée par les autorités israéliennes." Il affirme que des "gangs locaux" volent une partie de cette aide, et que "le Hamas a essayé de s’interposer", mais "se fait tirer dessus par l’armée israélienne."

Entrisme des Frères musulmans : "Ce rapport est islamophobe"

À propos du rapport parlementaire sur l’entrisme des Frères musulmans, Aymeric Caron est catégorique : "Ce rapport est islamophobe." Il accuse ses détracteurs de manipuler les chiffres. "Le rapport explique que seulement 7% des lieux de culte musulmans sont proches des Frères musulmans. Sur les 156.000 clubs sportifs en France, seuls 5 sont considérés comme ‘fréristes’."

Selon lui, la disproportion entre les données du rapport et l’emballement médiatique est révélatrice d’une hostilité latente. "Pourquoi laisser penser que tous les musulmans sont des islamistes ?" Il s’alarme de la façon dont les musulmans sont traités dans le débat public. "Tous les jours, sur certaines chaînes, on fustige les musulmans, on les accuse d’être séparatistes ou extrémistes."

"C’est une hérésie d’interdire le voile aux mineures"

À la proposition de Gabriel Attal d’interdire le port du voile pour les filles de moins de 15 ans dans l’espace public, Aymeric Caron oppose une défense ferme de la liberté de conscience. "C’est une hérésie", lance-t-il. Il y voit une mesure stigmatisante qui "s’en prend aux enfants en prétendant vouloir les protéger".

L’élu rappelle que "nous vivons en République", et qu’à ce titre, "la cohabitation entre des personnes aux idées et pratiques différentes est une exigence démocratique". Il met en garde contre la pente glissante d’un État qui commencerait à interférer dans l’éducation religieuse donnée aux enfants. "Si l’idée, c’est de séparer les enfants de leurs parents dès l’âge de 5 ans en termes d’idéologie, on n’a pas fini."

"On ne peut pas parler de terrorisme"

Questionné sur les sabotages d’installations électriques dans les Alpes-Maritimes revendiqués par des groupes anarchistes, Aymeric Caron prend ses distances sans céder à la surenchère. "Ce n’est pas le genre d’action que je vais moi-même encourager", déclare-t-il. Pour autant, "parler de terrorisme, c’est aller trop loin."

Il insiste sur la gravité du mot dans le contexte international actuel : "Le mot ‘terrorisme’ a quand même un poids très particulier." Aymeric Caron revendique une lecture politique des actes plutôt qu’une réaction émotionnelle : "Je suis un partisan de la non-violence. Mais aussi du dialogue, lorsqu’il est possible."

"Les méga-bassines ne sont pas une solution viable"

Sur le front environnemental, Aymeric Caron réaffirme son opposition aux méga-bassines, ces gigantesques réserves artificielles d’eau destinées à l’irrigation agricole. "Les écologistes le disent, le répètent. Les méga-bassines ne sont pas une solution viable." Pour lui, elles s’inscrivent dans une logique "productiviste" nuisible à long terme, même pour les agriculteurs.

Aymeric Caron précise que le stockage de l’eau n’est pas un problème en soi, à condition qu’il respecte le cycle naturel. "Stocker de l’eau de pluie, pourquoi pas. Mais détourner les nappes phréatiques, non." Il accuse la majorité de vouloir "faire passer pour d’intérêt général" des dispositifs qui ne servent qu’un modèle agricole dépassé.

"Relancer les néonicotinoïdes, c’est une hérésie"

Aymeric Caron critique avec vigueur la volonté de réintroduire certains néonicotinoïdes, des insecticides réputés nocifs. "Les néonicotinoïdes, c’est une catastrophe pour les insectes. Les relancer, c’est une hérésie", assène-t-il.

Il rappelle que 80% de la pollinisation est assurée par les insectes. Or, "la consommation de pesticides continue d’augmenter, en France comme dans le monde". Outre les effets écologiques, Aymeric Caron alerte sur les risques sanitaires. "On sait maintenant qu’ils sont liés à l’apparition de cancers et d’autres maladies chroniques." Il conclut : "Vous aimez manger des aliments cultivés avec des pesticides ? Moi, non."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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