Considéré comme la plus grande enquête mondiale sur les compétences en anglais des adultes, le baromètre mondial EF (Education First) fait état d’un gain de 11 places pour la France qui grimpe à la 38ème position. Il faut dire et bien l'avouer que l'on part de loin avec un niveau global assez affligeant. Interrogée par Sud Radio, Déborah Guillotin, Présidente de My English School France nuance : “Mais est-ce qu'on doit vraiment se féliciter de progresser d'11 places ou plutôt de se dire que c'est les autres pays qui reculent ?”

Le rapport classe la France dans la catégorie “niveau moyen” avec 539 points, loin derrière les champions européens du domaine. Sur le continent, l’Hexagone reste dans la moitié basse, loin derrière les Pays-Bas, leader mondial de ce classement avec 624 points, la Croatie (2e), l'Autriche (3e) et l’Allemagne (4e), mais désormais devant l’Italie (59e avec 513 points) et quasiment à égalité avec l’Espagne (36e avec 540 points).
"Ce niveau vient vient tout simplement de la manière dont on apprend l'anglais à l'école.”
Cette enquête confirme une tendance mondiale : la compréhension écrite est la compétence la plus solide chez la majorité des apprenants, alors que l’expression orale reste le parent pauvre de la maîtrise linguistique. C’est là que le bât blesse pour les Français. Le peu d'occasions de pratiquer l’anglais ne favorise pas la montée des Français dans le classement qui n'ont jamais vraiment été de sérieux élèves en la matière.
"La manière dont on apprend l'anglais à l'école"
Une analyse que partage Déborah Guillotin : “La France aujourd'hui est dans le top des pays qui a le plus grand écart entre la compréhension écrite et la compréhension orale. Et ça vient tout simplement de la manière dont on apprend l'anglais à l'école.”
Bien présent à travers le monde avec près de 300 millions de locuteurs, il est facile de se dire que l’on trouvera toujours un Français à l’étranger. L’excellent niveau d’anglais de certains de nos voisins européens peut s’expliquer ainsi. Néerlandais et Scandinaves en tête, dont la langue maternelle n’est guère pratiquée hors de chez eux... mais qui parlent anglais dès leur plus jeune âge et peuvent suivre des programmes anglophones à la télé.

“On a peur de parler anglais"
Pour la Présidente de My English School France le problème est presque culturel :“En France on a toujours cette faible culture de l'oralité, on a peur de parler et on a la culture du perfectionnisme.” Une façon de dire que la peur de faire une faute pèse plus lourd que l’envie de s’exprimer un handicap majeur pour une langue qui se maîtrise en parlant, pas en remplissant des exercices.
Mais le système scolaire n’arrange rien : “Quand on arrive en primaire, on parle anglais avec des formateurs qui sont français et qui eux-mêmes... ne savent même pas parler anglais !” lâche Déborah Guillotin. Une réalité déjà pointée depuis plusieurs années : un enseignement trop théorique, trop axé sur l’écrit, et souvent dispensé par des enseignants qui ne maîtrisent pas suffisamment la langue pour créer une véritable immersion.
Les modèles allemands et néerlandais
Pour comprendre ce qui manque, inutile d’aller chercher loin : les modèles sont chez nos voisins. “Les pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas ont un anglais très fort pour la simple et bonne raison que, depuis tout petits, on leur fait regarder des films en VO” précise notre experte, pour qui la différence est presque culturelle.
Les 21-25 ans relèvent le niveau
Alors que le niveau d'anglais des 18-20 ans baisse dans le monde entier, la France fait figure d'exception. La tranche d'âge des 21-25 ans présente le meilleur niveau d'anglais du pays, contrairement à la tendance mondiale où les 30-40 ans sont les plus performants.