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Marché du CBD : une filière menacée par le budget 2026

ENTRETIEN SUD RADIO : Invité dans l’émission de Perrico Légasse, Paul McLean est venu évoquer la menace qui plane sur le marché du CBD en raison du budget 2026.

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Depuis janvier 2022, les boutiques de CBD sont ouvertes en France. Le cannabidiol, plus connu sous le nom de CBD, est une substance naturelle extraite du chanvre, une variété de cannabis sans THC, donc ne comprenant pas d’effet psychoactif.

Depuis qu’il est permis d’acheter ce produit légalement, de nombreuses boutiques ont poussé dans les villes de France, mais avec la nouvelle loi de finances 2026 et le changement des conditions fiscales de réglementation de vente, l’industrie du CBD pourrait être en grande difficulté. Invité ce lundi 22 décembre au micro de Perico Légasse, Paul McLean, président de l’Union des professionnels du CBD, est venu témoigner de ces nouvelles difficultés.

20 000 emplois menacés

Le marché du CBD est-il en péril aujourd’hui ?

"Oui, tout à fait. Ce qu'il faudrait d'abord préciser, c'est qu'on a vraiment une absence de réglementation aujourd'hui sur le CBD. Et là, le PLF (projet de loi de finances) vient rajouter des éléments, notamment d'accises, donc une assise qui serait comprise entre 25 et 50 % selon les produits. Il vient aussi donner un monopole de la distribution aux bureaux de tabac, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour la filière. Il faut rappeler que c'est plus de 2 000 boutiques qui risqueraient de fermer, donc plus de 1 000 agriculteurs dont l'activité serait mise en péril. Selon nos estimations, ce qui est proposé aujourd'hui dans l'article 23 aurait pour résultat à peu près 20 000 personnes, soit 20 000 chômeurs en plus aujourd'hui en France."

Par qui est produit le CBD et comment ?

"Aujourd'hui, on est quand même toujours sur une majorité d'importations de produits, mais ça évolue. Depuis 5 ans, donc depuis qu'on a enfin eu une vraie légalisation en 2021, les agriculteurs français s'y sont mis, et grandement. On est passé en 2021 d'une trentaine d'exploitations qui faisaient pousser du CBD en France, et aujourd'hui on en a plus de 1 000. Donc on est quand même sur quelque chose qui est en train de se construire, qui est en constante évolution."

Si ce projet qui est dans le projet de loi de finances est appliqué, c'est la remise en cause de beaucoup de magasins ?

"Alors oui, tout à fait, puisqu'on nous dit dans cet article que les points de vente seront limités aux bureaux de tabac et aux boutiques agréées, mais on ne nous explique absolument pas comment devenir une boutique agréée, donc moi je résume ça à seulement les bureaux de tabac, et là, c'est 2 000 boutiques dans nos centres-villes qui vont fermer du jour au lendemain."

Aujourd'hui, on considère que c'est un remède valide pour lutter contre le narcotrafic et les stupéfiants, ou des gens pensent encore que les effets ne sont pas souhaitables ?

"Alors, on a des études qui nous viennent des États-Unis qui montrent que le CBD a un très fort impact sur la lutte contre l'addictologie, et pas seulement dans le cannabis. Il faut savoir qu'il y a des études qui ont démontré que même pour arrêter le tabac, par exemple, on avait une augmentation du taux de succès de plus de 40 % pour les personnes qui prenaient du CBD."

Quel peut être l'intérêt du gouvernement de vous impliquer une fiscalité restrictive et de vouloir trop réglementer au niveau du débit, de la commercialisation ?

"Je pense que la grande majorité du problème vient d'un manque de connaissances de la part des pouvoirs publics, puisque justement, ils ne viennent pas nous consulter, nous, les professionnels. Ils ne viennent pas nous poser des questions, nous demander comment encadrer la filière. Et on se retrouve à patauger, à essayer de faire à droite à gauche avec les règles qui existent. Mais il n'y a aucun intérêt aujourd'hui pour le gouvernement avec cette règle. Parce que là, on est dans le PLF. Donc on est censé être dans les recettes. Cependant, nous avons estimé qu'avec la fermeture des boutiques, des agriculteurs et des 20 000 personnes qui seraient au chômage, cette taxe qui devrait être une recette pour l'État n'en est pas une. Selon nos estimations, ça va être un coût de 600 millions d'euros pour la France, alors même qu'on est en train d'essayer de rechercher à renflouer un peu les caisses de l'État. C'est un non-sens."

En quoi consiste ce qu'on appelle la taxe d'accise ?

"La taxe d'accise, c'est la même taxe qu'on applique pour les produits énergétiques, pour les produits du tabac et les produits de l'alcool. C'est une taxe qu'il faut payer en plus de la TVA. On se retrouve donc avec une fiscalité à 70 % sur certains produits, ce qui rend économiquement non viable, bien sûr."

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