"On ne va pas lâcher": au lendemain de nouvelles annonces de Sébastien Lecornu et malgré les appels gouvernementaux à une "trêve de Noël", des barrages d'agriculteurs ont été maintenus samedi sur des axes routiers et autoroutiers du Sud-Ouest, au premier jour des vacances scolaires.
À Cestas, au sud de Bordeaux, l'A63 doit rester bloquée "minimum jusqu'à dimanche soir", selon la Coordination rurale de Gironde (CR33), qui dénonce la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine.
"Rien n'est prévu pour lever le camp. On a dit au préfet qu'on avait à manger jusqu'à dimanche soir, même plus", a déclaré à l'AFP Ludovic Ducloux, viticulteur et coprésident de la CR33, alors qu'une trentaine de taxis sont arrivés en convoi jusqu'à ce barrage autoroutier samedi en fin de matinée pour soutenir les agriculteurs.
Les manifestants ont toutefois décidé de rouvrir samedi une bretelle d'accès à l'autoroute dans le sens Bordeaux-Bayonne afin de ne pas pénaliser les vacanciers et ils ont déblayé l'échangeur concerné, a constaté un journaliste de l'AFP TV. La préfecture de Gironde a confirmé que le trafic pouvait reprendre de Bordeaux à Bayonne, moyennant une courte déviation de deux kilomètres au niveau du barrage.
"On ne va pas bloquer les voitures pour que les gens puissent aller voir leur famille ou partir en vacances", a souligné Ludovic Ducloux.
Barrage des agriculteurs sur l'autoroute A64 à Carbonne, en Haute-Garonne, le 19 décembre 2025
Matthieu RONDEL - AFP
- Trêve partielle -
Samedi matin, l'autoroute A64 Toulouse-Bayonne restait fermée sur plus de 180 km, de la Haute-Garonne aux Pyrénées-Atlantiques, comme à Carbonne près de Toulouse. "On ne va pas lâcher ce coup-ci", a prévenu Thierry Léon, coprésident de la CR des Pyrénées-Atlantiques.
Sur l'A89 entre Clermont-Ferrand et Bordeaux, des barrages ont été levés en Corrèze et en Dordogne, ont annoncé les préfectures concernées. Et sur l'A20, la circulation a repris à hauteur de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), mais seulement dans le sens Toulouse-Paris.
Des blocages persistaient en revanche sur l'A75 en Aveyron, où une opération escargot prévue ce samedi a été interdite par la préfecture. Dans l'Ariège, la RN20 Toulouse-Andorre, route d'accès à la station de ski d'Ax-Trois-Domaines, reste coupée à Tarascon-sur-Ariège.
La dermatose bovine
Sylvie HUSSON, Valentina BRESCHI - AFP
Le blocage doit se poursuivre "jusqu'à ce que (le Premier ministre) Sébastien Lecornu annonce la fin de l'abattage total" des troupeaux de bovins à la découverte d'un cas de DNC, a déclaré à l'AFP Christophe Gouazé, éleveur ariégeois membre de la Confédération paysanne.
Reçues hier à Matignon, la Coordination rurale et la Confédération paysanne n'ont pas appelé à la levée des blocages en cette période de fêtes de fin d'année.
Les sections départementales sont libres de continuer le mouvement, a confirmé samedi matin sur France Inter le secrétaire général de la CR, François Walraet, tout en appelant à "faire une pause" pendant Noël.
- "Le compte n'y est pas" -
La FNSEA, suivie par les Jeunes agriculteurs, a appelé vendredi à une "trêve", conditionnée à un "courrier" avec "l'ensemble des intentions" du Premier ministre.
Dans ce courrier consulté par l'AFP vendredi, Sébastien Lecornu a de nouveau défendu la stratégie gouvernementale de lutte contre la dermatose, consistant notamment à abattre la totalité d'un foyer touché par la maladie, et a fait passer le montant du fonds d'urgence annoncé en début de semaine de 10 à 11 millions d'euros.
"Les réponses attendues, notamment sur les indemnisations des animaux bloqués, la sécurisation économique des exploitations ou encore le soutien aux céréaliers, ne sont pas au rendez-vous. Le compte n'y est pas", a réagi la FNSEA, qui soutient la stratégie sanitaire actuelle mais demandait notamment au gouvernement des "garanties" sur la taxe carbone européenne appliquée aux engrais.
Un courrier "pas suffisant" non plus pour leurs alliés des Jeunes agriculteurs, a expliqué sur France 2 leur président Pierrick Horel. "On fera des actions coup de poing ça et là d'ici à Noël, mais pas de blocages routiers pour nous", a-t-il ajouté.
"Les annonces, globalement, sont assez faibles. Ce ne sont que des promesses, a réagi François Walraet. Il est indispensable que l'État se mette à réfléchir" sur le protocole d'abattage.
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Par Thomas BERNARDI, avec Baptiste DEDIEU à Toulouse / Cestas (France) (AFP) / © 2025 AFP