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Luc Smessaert : "les agriculteurs ont l'impression d'être pris en otage"

Par Jean-Baptiste Giraud

Le gouvernement démissionnaire peut-il faire quelque chose pour soutenir les agriculteurs ? Benjamin Glaise en parle sur Sud Radio avec Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et agriculteur en GAEC polyculture élevage lait, viande.

Luc Smessaert
Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et agriculteur en GAEC polyculture élevage lait, viande, invité de Benjamin Glaise dans "Les grands débats du matin".

Comment s’annonce la moisson ? Y a-t-il une inquiétude sur les rendements ?

Luc Smessaert : "Les trésoreries vont être complètement dans le rouge"

"La moisson est bien avancée : on est entre -20%, -30%, voire même -40% de production pour les blés, les orges. Aujourd'hui, il y a une récolte catastrophique en miel. C'est très compliqué en légumes. Sur la vigne, c'est compliqué parce qu'il y a énormément de maladies. L'excès d'eau depuis l'automne fait que ça va être très compliqué, surtout que nos charges sont très élevées.

Pour un agriculteur en ce moment, le moral, il est à zéro. On n'arrive pas à récolter comme il faut. Les orages ont fait encore mal, et ça se répète. Ça n'arrête pas. Il va falloir enfin retrouver un temps beaucoup plus clément. Et puis il va falloir surtout faire les comptes rapidement parce que les trésoreries vont être complètement dans le rouge », a fait savoir Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et agriculteur en GAEC polyculture élevage lait, viande."

"Il est urgent que le président de la République et les députés puissent prendre des décisions pour accompagner notre agriculture"

Le gouvernement a donné rendez-vous dans dix jours aux céréaliers. Pourquoi dans aussi longtemps ? Ça ne presse pas ? "Il faut faire les comptes. On va avoir des situations complètement différentes d’un agriculteur à l’autre. Ne serait-ce parce qu’il aura investi ou pas. Ce qui est urgent, c’est que le gouvernement soit là, au rendez-vous. Gérer le quotidien, finalement, c'est gérer les crises et c'est être capable de répondre à des prises en charge de cotisations sociales pour les plus endettés. C'est reporter de rembourser les banques jusqu'au versement des aides de la PAC au mois d'octobre. C'est la prise en charge des cotisations sociales TFNB (taxe foncière non bâtie) pour que justement, demain on puisse baisser la pression de nos charges. Et puis surtout, c'est regarder devant.

Les agriculteurs ont été dans la rue, ils n'ont jamais fait un mouvement aussi fort qu’en début d'année. On a eu beaucoup d'engagement. Et aujourd'hui, les agriculteurs ont l'impression d'être pris en otages de cette situation politique. Il est urgent que le président de la République et les députés puissent prendre des décisions pour accompagner notre agriculture, qui passe un moment difficile. Mais au-delà de ça, qui a besoin d'avoir une vision à moyen et à long terme. C'est ce qui avait été fait dans certains textes. Mais aujourd'hui, tout ça est complètement à l'arrêt. On ne peut pas jouer avec notre agriculture parce que derrière, c'est des femmes, des hommes… Je peux vous dire que le moral, il n'est pas là. Et nous, syndicalement, on est là pour faire le point département par département, agriculteur par agriculteur. Et surtout gérer cette situation de mal-être", a déclaré Luc Smessaert.

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