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L’opinion d’Éric Revel : "Le maillon faible de la zone euro, c'est la France"

OPINION SUD RADIO – Après le remboursement anticipé de trois milliards d’euros à la France par la Grèce, Éric Revel souligne que le pays autrefois sauvé par l’Europe contribue désormais à soulager les finances françaises.

On en est à vouloir imiter le plan de redressement de la Grèce
taikrixel de Getty Images Signature - Canva Pro

Éric Revel, drôle d’époque car la Grèce, qu’on croyait perdu, nous aide aujourd'hui à rembourser nos dettes. 

"Oui, c'est exactement ça. Vous vous souvenez, dans les années 2010, la Grèce était au bord du précipice financier. Les institutions internationales s'étaient mobilisées, les pays européens s'étaient mobilisés pour éviter que la Grèce et son économie ne sombre.

Donc nous avions prêté de l'argent à la Grèce. Aujourd'hui, par anticipation, la Grèce aura remboursé près de 3 milliards d'euros à notre pays. Normalement, ces sommes étaient dues plutôt entre 2033 et 2041.

Et évidemment, ces 3 milliards d'euros, personne n'en parle, mais ça fait du bien à nos finances publiques, parce que comme on est incapable de se réformer, les 3 milliards sont les bienvenus pour financer notre déficit public."

"On en est à vouloir imiter le plan de redressement de la Grèce"

La Grèce donc a été au bord du précipice il y a 15 ans. Aujourd'hui, certains disent que c'est la France. 

"Oui, quel incroyable retournement de situation. Sans oublier évidemment qu'au début des années 2010, c'était la France qui volait au secours de la Grèce. Et à l'époque les experts unanimes n'avaient pas de mots assez durs pour caractériser le laxisme et la gestion pitoyable d'Athènes, de ses finances publiques. Aujourd'hui, il faut le reconnaître, le maillon faible de la zone euro, c'est la France.

Et c'est absolument incroyable, le rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson, dit tout simplement « Nous pouvons donc remercier nos amis grecs de nous aider à résorber notre déficit ». Ou encore Philippe Juvin, qui est le nouveau rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, lui plus subtilement cynique, qui pose la question : « Pensez-vous que l'on peut tirer des leçons de l'exemple grec ? » On en est à vouloir imiter le plan de redressement de la Grèce."

"La comparaison avec la Grèce n'est pas si extravagante"

Ça veut dire qu'à notre tour, avec un budget qui ne réduit pas assez nos dépenses publiques, on pourrait avoir recours à au FMI, la BCE ? 

"C'est la fameuse Troïka qui a été intervenue en Grèce, FMI, UE, BCE. Mas la comparaison n'est pas si extravagante que cela. La principale mesure qui avait été mise en place en Grèce pour sauver l'économie grecque était justement une réforme très douloureuse. Sur quoi ? Sur les retraites grecques, qui avaient été coupées, pour les plus élevées, de 25% à l'époque. 

Alors évidemment, toute comparaison n'est pas raison. Mais quel est le premier sujet qu'on n'arrive pas à maîtriser en France ? C'est justement notre système de retraite, qui représente 45% des 830 milliards d'euros de prestations sociales.

"Est-ce qu'on attend d'être dans le mur ?"

Donc si une de ces institutions devait intervenir en France sur quoi ciblerait-elle son action ? Eh bien sur notre niveau de retraite. Donc la Grèce vient au secours par anticipation de la France. Mais derrière, si on devait avoir une intervention d'une institution, je vous donne mon billet, si j'ose dire, qu'elle ciblerait aussi notre système de retraite."

La Grèce qui s'est bien relevée quand même, globalement, mais qui est passée par beaucoup de sacrifices. 

"Ça a été extrêmement douloureux pour la population grecque. Donc est-ce qu'on attend d'être dans le mur ? C'est un vrai sujet. Mais entendre la Grèce venir au secours des finances publiques françaises, sans vouloir être insultant évidemment avec nos amis grecs, c'est quand même un drôle de pied de nez à l’histoire."

Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger

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