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Guillaume Kasbarian (EPR) : "Je ne voterai pas le budget"

Par Aurélie Giraud

ENTRETIEN SUD RADIO - "Je ne voterai pas ce budget-là, c’est en train de partir dans le décor" selon Guillaume Kasbarian, député Ensemble pour la République d'Eure-et-Loir et ancien ministre. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Guillaume Kasbarian
Guillaume Kasbarian, interviewé par Jean-François Achilli sur Sud Radio, le 18 novembre 2025, dans “L’invité politique”.

Budget 2026, impôts, rôle de la gauche et du Rassemblement national dans la hausse des taxes, son positionnement de libéral assumé, hébergement d’urgence des migrants et menaces reçues pour sa loi anti-squat. Au micro de Sud Radio, Guillaume Kasbarian a répondu aux questions de Jean-François Achilli.

"Je ne voterai pas ce budget-là, c’est en train de partir dans le décor"

Jean-François Achilli pour Sud Radio : Sébastien Lecornu a déclaré que le vrai sujet, c’est l’absence de budget à la fin de l’année. Il appelle les chefs d’entreprise à ne pas avoir peur. Partagez-vous cette inquiétude ?
Guillaume Kasbarian : "Oui, la mission du Premier ministre n’est pas simple, car il n’a pas de majorité et tout le monde se tape dessus à l’Assemblée. On a une procédure budgétaire très lente, très complexe, et qui est en train de partir dans le décor en réalité."

Pourquoi selon vous ce budget part-il “dans le décor” ?
"Depuis quelques semaines, les députés ont voté beaucoup de taxes supplémentaires, plus de 30 milliards d’impôts en plus, et aussi beaucoup de dépenses. La copie finale, en première lecture, est idéologiquement assez socialiste. Elle ne me convient pas. On verra ensuite comment la négociation se déroule, mais cette première version est un non-sens économique."

Député de la majorité, voterez-vous ce budget ?
"Je ne sais pas si on ira jusqu’au vote, il reste plus de 1.300 amendements. Mais si le vote a lieu, je ne voterai pas ce budget-là. Cette copie, avec 30 milliards d’impôts et 30 milliards de dépenses en plus, part dans le décor. Je ne souhaite pas augmenter l’impôt pour les Français, ni la dépense publique. On ne peut pas faire payer aux travailleurs les renoncements de ceux qui n’ont pas le courage de baisser la dépense. Même Hollande n’avait pas augmenté autant les impôts !"

Vous dites que la gauche et le Rassemblement national soutiennent ces hausses ?
"Oui, toutes ces taxes ont été votées par la gauche et le RN, et revendiquées par eux. Ce sont eux qui ont voté la taxe sur les multinationales, sur les rachats d’actions, sur les patrimoines… Ils ont fait adopter toutes les mesures qu’ils réclament depuis des années. Ceux qui devraient être heureux de cette copie, ce sont les socialistes et le RN."

Sébastien Lecornu dit que certaines taxes ne seront jamais appliquées. Croyez-vous à un compromis ?
"Il a raison sur un point : certaines mesures seront inconstitutionnelles. Il prévient les députés et les sénateurs, mais les laisse voter. Ensuite, le Conseil constitutionnel fera son travail. Si vous avez des taxes confiscatoires, avec des taux délirants, elles ne passeront pas. On ne peut pas confisquer le fruit du travail et du capital des Français en claquant des doigts."

Et si, à la fin, il n’y a pas de budget ?
"Il y a plusieurs options : soit un compromis est trouvé, soit une loi spéciale reconduit le budget précédent. Ce n’est pas dramatique. Je ne suis pas prêt à trahir mes idées juste pour voter n’importe quoi. Si la copie finale est mauvaise, je préfère reconduire le budget actuel plutôt que d’adopter un texte socialiste et délirant."

"Bardella, c’est du en même temps XXL"

Vous êtes un libéral. Pourquoi rester chez Renaissance, et pas rejoindre la droite libérale de David Lisnard ?
"Parce qu’aujourd’hui, dans l’offre politique actuelle, Renaissance est probablement le parti le plus libéral et le moins socialiste. À gauche, je ne vois pas de libéraux. À droite, il y a une droite conservatrice, étatiste, planificatrice. Et le RN n’a rien de libéral : ses députés votent des taxes du matin au soir. Ils ont une vision socialiste de l’économie."

Jordan Bardella se dit pro-business. Vous n’y croyez pas ?
"Il a un double discours. Jordan Bardella va voir les entreprises et leur dit : ‘je vous adore’. Et à l’Assemblée, il vote des taxes avec Marine Le Pen. Ce double discours peut séduire des électeurs naïfs des deux côtés, mais à un moment, il faut choisir. Bardella, c’est du en même temps XXL."

Et avec les libéraux d’autres partis ?
"Je ne dis aucun mal des libéraux, qu’ils soient dans mon parti ou ailleurs. Il y a suffisamment d’étatistes et de collectivistes autour de nous pour que les libéraux travaillent ensemble. J’espère qu’on arrivera à créer une vraie offre libérale dans ce pays, pour proposer autre chose que du vieux socialisme. Je fais partie de ceux qui veulent redonner de la liberté aux Français."

"Je n'ai pas honte d'être libéral et de suivre ce que fait Milei !"

Vous avez été menacé pour votre loi anti-squat. Vous le vivez comment ?
"Je ne suis pas surpris. Ces menaces viennent d’une minorité de personnes proches de La France insoumise, qui déclenchent une meute dès que je parle de propriété privée. Je porte plainte quand je suis menacé. Mais la majorité des Français soutient la loi. Ils veulent le respect de la propriété et l’expulsion des squatteurs. J’assume ma loi."

Jean-Luc Mélenchon vous a nommément attaqué, disant ‘nous te maudissons’.
"Je ne suis pas surpris par son langage. C’est la suite logique du déchaînement de certains. Mais cette minorité ne représente qu’elle-même. La majorité des Français veulent de l’ordre et le respect de la propriété privée. Si ça déplaît à une petite minorité d’extrémistes, tant pis pour eux."

Vous aviez salué l’expérience du président argentin Javier Milei, ce qui avait fait polémique. Vous maintenez ?
"Je n’ai pas honte d’être libéral. Oui, je regarde les expériences libérales partout dans le monde, y compris en Argentine. Ceux qui me critiquent devraient plutôt s’interroger sur leur soutien à Maduro ou Castro. Le communisme a été dévastateur. Moi, je n’ai pas honte d’être libéral, ceux qui devraient avoir honte, c’est ceux qui soutiennent le communisme."

"Je dis stop à l’hébergement d’urgence pour les migrants en situation irrégulière"

Sur l’hébergement d’urgence, vous avez provoqué un tollé en commission…
"Oui, j’ai dit stop. Aujourd’hui, l’hébergement d’urgence coûte 3 milliards d’euros, dont les deux tiers servent à loger des migrants en situation irrégulière, parfois pendant trois ans. Ce dispositif est censé aider les SDF, pas financer des chambres d’hôtel pour des personnes irrégulières. J’ai proposé qu’au bout de 30 jours, on vérifie la régularité des personnes. Si elles ne le sont pas, elles doivent sortir."

Et vous en faites quoi ensuite ?
"Elles ont vocation à rentrer dans leur pays ou à être régularisées. Mais on ne peut pas maintenir des personnes en situation irrégulière pendant trois ans dans des hôtels payés par les impôts. Aucun autre pays d’Europe ne fait cela."

Votre estimation d’économie ?
"On pourrait gagner au moins un milliard d’euros sur ces trois milliards. Il faut revenir au bon sens : l’hébergement d’urgence doit être pour les sans-abris, pas pour contourner la loi sur l’immigration."

Le ministre du Logement, Vincent Jeanbrun, reprend certaines de vos idées. Vous saluez son action ?
"Tout à fait. Il a beaucoup de courage de s’attaquer à ces sujets. Quand il dit qu’il faut mettre fin au logement social à vie, il a raison. Quand il dit qu’il faut remettre de l’ordre dans les HLM, il a raison aussi. Je suis prêt à l’aider s’il veut aller au bout. C’est la continuité de ce que j’avais commencé au ministère."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio

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