Soyez libre avec vous, Françoise Degois. Avec la crise agricole vous revenez sur les difficultés qu'ont les gouvernements à gérer le désespoir agricole.
« D'abord, entendons-nous bien, je ne suis pas vétérinaire, et je ne sais de la dermatose nodulaire contagieuse que ce qu'en écrivent les journaux. Et comme je ne suis pas complotiste non plus, j'ai plutôt tendance à me ranger à l'avis du ministère de l'Agriculture, basé sur des avis scientifiques qui préconisent l'abattage et la vaccination pour éviter une contagion qui toucherait tout le cheptel français.
Ce que font d'ailleurs tous nos voisins européens depuis très longtemps, je pense à l'Allemagne, je pense aussi à l'Italie, avec des abattages massifs en Sardaigne il y a quelques années pour éradiquer cette épidémie extrêmement contagieuse.
"Les crises agricoles reviennent comme une mauvaise fièvre"
Alors une fois qu'on a dit ça, qu'on a mesuré aussi la souffrance que peut éprouver un éleveur quand on abat son troupeau, ce désarroi qui s'empare de lui, permettez-moi d'être dubitative et critique sur la façon dont on règle, ou on ne règle pas surtout, les crises agricoles qui reviennent comme une mauvaise fièvre à intervalles réguliers.
La plus grosse c'était en 2024. On se souvient de ce salon de l'agriculture chaotique d'Emmanuel Macron. Du numéro de communication, de Gabriel Attal sur sa botte de foin, il était tout nouveau Premier ministre, venant discuter avec des agriculteurs devant toutes les caméras de France et de Navarre. Depuis il ne s'est rien passé, ou pas grand-chose si ce n'est quelques aides et des agriculteurs qui sont retournés au champ parce qu'ils sont comme ça. Ils retournent bosser avec ce sentiment permanent qu'ils ne comptent pour rien et qu'on se souvient qu'ils existent seulement quand ils bloquent les autoroutes avec leurs tracteurs.
Dermatose : "La gestion de crise est disproportionnée ! Des hélicos, des lacrymos et 600 CRS pour abattre 200 vaches ! C'est dire la fébrilité du gouvernement !" lance @francoisedegois #Agriculteurs #GrandMatin
— Sud Radio (@SudRadio) December 15, 2025
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"600 CRS pour abattre 200 vaches"
Et voilà donc cette épidémie qui s'invite et la gestion de crise totalement disproportionnée, on l'a vu dans l’Ariège la semaine dernière, avec des hélicos, des lacrymos, 600 CRS pour venir abattre 200 vaches.
C'est dire la fébrilité du gouvernement, la peur que ça recommence dans une France fragilisée économiquement, prise dans un débat budgétaire qui n'en finit pas, et un monde agricole gagné de plus en plus par la fièvre politique du Rassemblement National. Parce que c'est ça le sujet. Il n'est pas simplement question de dermatose nodulaire mais bien de bataille politique qui passe par les syndicats, la FNSEA qui soutient la ligne gouvernementale comme souvent, abattage des vaccinations, contre la coordination rurale proche du Rassemblement National et qui a fait une percée spectaculaire lors des dernières élections aux chambres d’agriculture. Obtenant quasiment 30% des suffrages. »
"Le Mercosur ne pouvait pas tomber plus mal"
Et tout ça sur fond de Mercosur.
« Oui comme disait Jacques Chirac : "Les hums ça vole en escadrille". Ainsi, ça ne pouvait pas tomber plus mal, vous savez que le traité doit être signé le 20 décembre et que c'est une sorte de folie de signer ce chiffon rouge dans un tel contexte. Alors Sébastien Lecornu a demandé à la Commission Européenne le report de la signature. Je ne sais pas moi personnellement si la Commission Européenne accordera cela à la France. Tant les intérêts en jeu dans ce traité dépassent largement ceux de l'Hexagone.
Et il y a les déclarations erratiques en zigzag d'Emmanuel Macron qui n'arrange rien opposé au traité. Il a tout de même donné un avis plutôt favorable, vous vous souvenez c'était il y a un mois lors d'un déplacement au Brésil pour la COP30, en espérant, explique l'Elysée, pouvoir l’améliorer. Quand on connaît la lourdeur et le mécanisme européen, on ne voit pas quelle marge de manœuvre peut avoir la France. Sauf si elle avait trouvé une minorité de blocage, minorité qui pour le moment n'existe pas. »
"Les agriculteurs ont toujours le soutien des Français"
Pourquoi cette grande fébrilité ?
« Parce que l'histoire crie. Elle est vieille comme la France. Ensuite parce que tout s'est tellement dégradé depuis 50 ans, que nous sommes face à une profession qui n'a plus rien à perdre. Je suis frappé depuis jeudi sur nos antennes d'entendre les témoignages des agriculteurs. Ce sont des gens raisonnables, ce sont des gens qui connaissent la terre, qui aiment leur métier. Et bien ce que je sens moi année après année, et on l'entend sur l'antenne de Sud Radio, c'est cette idée que cette profession n'a plus rien à perdre.
Enfin parce que les agriculteurs ont toujours, toujours le soutien des Français. Les Français aiment leurs agriculteurs, une bonne fois pour toutes, même quand ils cassent des préfectures, même quand ils déversent des tonnes de purin, et bien ils aiment les agriculteurs même quand ils bloquent les autoroutes. Et c'est normal parce qu'on a tous un aïeul qui a travaillé la terre.
"En plein marasme politique le gouvernement tâtonne"
Alors dans une France fragilisée, en plein marasme politique, on sent bien que le gouvernement tâtonne. Il est maladroit, je ne le vois pas très bien, je n'arrive pas vraiment à lire ce que fait Annie Genevard. Elle y va, elle parle, elle envoie des signaux.
Pourquoi le Premier Ministre, je sais qu'il est dans le débat budgétaire, n'est-il pas sur le terrain ? Vous comprenez bien que ce gouvernement tâtonne pour deux raisons. D'abord parce qu'il ne veut pas transformer les fêtes de fin d'année en cauchemars. Mais surtout le salon de l'agriculture en cauchemar, à l'image de celui de 2024. Pourquoi ? Parce que ce sera à quelques semaines seulement du premier tour des municipales. »
Retrouvez Soyez Libre dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.