Cédric Jubillar a retrouvé mardi le box des accusés de la cour d'assises du Tarn, au deuxième jour de son procès pour le meurtre de sa femme Delphine, infirmière investie, amie "discrète" et soucieuse des autres, selon un rapport d'enquête présenté à la barre.
L'audience a commencé dans une salle de nouveau comble avec la déposition d'un jeune enquêteur de personnalité, pour une séquence d'examen de la personnalité de cette femme de 33 ans, mère de deux jeunes enfants, soudainement disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Une enfance affectée par la précarité matérielle, un père absent et une mère psychologiquement très fragile ont marqué Delphine Jubillar dont le caractère a été décrit comme "discret voire secret face aux difficultés", a souligné l'enquêteur.
Ses collègues, cités par l'expert, ont évoqué une excellente infirmière, investie, rigoureuse et fiable même si c'était également une "grande timide".
Dans le couple Jubillar, "lui c'était tout feu, tout flamme, elle était plus posée", relevait la sœur de la disparue auprès de l'enquêteur, tandis que son frère décrivait un Cédric "sanguin", "brut de décoffrage". "On a tous espéré que ce soit une histoire courte", a résumé un membre de la famille de Delphine.
- "Emancipation" -
Selon les témoignages des amies de Delphine, le couple où elle était d'abord effacée et lui autoritaire, avait connu, dans les mois précédents la disparition, "un renversement des rapports de domination", la jeune femme prenant de l'assurance, du fait, notamment, de son statut de pilier économique de la famille et de mère très impliquée, face à un mari professionnellement instable, grand consommateur de cannabis.
L'enquêteur a également souligné un processus d'"émancipation", de "libération" en cours pour Delphine.
Mardi après-midi, la cour va se pencher sur les circonstances de la disparition de celle qui avait entamé une relation avec un autre homme et désirait quitter Cédric Jubillar.
Les magistrats et les jurés vont ainsi entendre les gendarmes qui ont ouvert les investigations dans la maison du couple Jubillar dans l'ancienne petite cité minière de Cagnac-les-Mines, près d'Albi, puis un responsable des gendarmes du département, à la tête du dispositif de recherches, ainsi que des membres de la section de recherche de Toulouse.
Lundi, lors de l'ouverture du procès à Albi, Cédric Jubillar a une nouvelle fois clamé son innocence. "Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés", a-t-il assuré avant de passer deux heures à la barre, bombardé de questions par toutes les parties.
- "Parcours cabossés" -

Croquis d'audience montrant Cédric Jubillar à son procès à la cour d'assises du Tarn, à Albi, le 22 septembre 2025
Benoit PEYRUCQ - AFP
Ce peintre-plaquiste de 38 ans, détenu depuis juin 2021, dément être le meurtrier de celle qui était devenue sa compagne alors qu'ils avaient 18 ans et qui lui avait annoncé sa volonté de divorcer.
Depuis son placement en détention, ses avocats ont multiplié les demandes de libération, toutes rejetées par la cour d'appel de Toulouse, les magistrats estimant qu'il y avait un faisceau d'indices attestant de sa culpabilité et nécessitant de le maintenir en détention.
L'examen de la personnalité de l'accusé, lundi après-midi, a révélé une enfance chaotique rythmée par un placement en familles d'accueil, en foyer, dans un contexte de défaillances maternelles et d'absence du père, "des abandons et rejets successifs", vécus comme des injustices.
L'un des deux avocats généraux a d'ailleurs relevé mardi matin que la rencontre de M. Jubillar et de son épouse avait d'ailleurs été celle de deux "parcours cabossés".
Décrit comme "arrogant", "gueulard" mais aussi "gentil", "nonchalant" ou "jovial", Cédric Jubillar s'est défini à la barre comme "quelqu'un de simple, extravagant de temps en temps". "J'aime bien prendre de la place et donner mon avis sur tout", a-t-il ajouté.
L'un de ses avocats Alexandre Martin a estimé que cette première audience avait permis de "décrire Cédric Jubillar tel que nous le connaissons, de manière équilibrée", et de "faire surtout ressentir que l'enfance cabossée de Cédric Jubillar ne donne pas l'être haineux qu'il aurait pu être".
Au bout des 20 jours d'audience prévus et de l'audition de quelque 80 témoins ou experts, le verdict est attendu le 17 octobre.
Par Valentin GRAFF, Eloi ROUYER / Albi (AFP) / © 2025 AFP