En décembre 2018, Fiorina Lignier est touchée par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) sur les Champs-Élysées. Après plusieurs opérations, la jeune Gilet Jaune de 21 ans ne pourra retrouver l'usage de son œil.
"Les casseurs étaient pourtant à l'autre bout"
Le 8 décembre 2018, pour le quatrième acte des Gilets Jaunes, après un week-end précédent particulièrement violent, Fiorina Lignier descend sur les Champs-Élysées, vêtue d'un gilet jaune. La jeune picarde raconte la suite. "Au tout début de la manifestation, tout se passait très bien, c'était calme jusqu'à 14 heures", rapporte-t-elle. Ensuite, ce sont les casseurs qui "s'en prennent aux policiers et commencent à mettre le feux aux planches en bois", se souvient Fiorina. "Les policiers ont forcé le passage pour laisser passer les pompiers et à partir de là, ils ont commencé à lancer des grenades et des LBD", se rappelle-t-elle, avant que l'un de ces tirs ne l'atteigne, alors qu'elle se trouvait "dans la foule à 100 mètres". "Les casseurs étaient pourtant à l'autre bout de la rue", souligne l'étudiante.
La suite, c'est une série d'opérations, cinq en tout. "J'en attend une sixième car il y a eu beaucoup de complications", confie-t-elle. "Il va falloir me retirer la prothèse de l'œil car je suis en train de faire un rejet", raconte Fiorina Lignier. Mais pour autant, la jeune militante ne regrette rien. "Je ne regrette pas du tout d'y avoir été, c'est un de mes droits", assure-t-elle avec force. "Regretter serait avouer que j'ai eu tort, je n'ai pas eu tort d'y aller", insiste Fiorina.
Une Gilet Jaune de la première heure
Dès les premières heures du mouvement, Fiorina Lignier revêt son gilet jaune et occupe un rond-point jusqu'à manifester sur la plus belle avenue du monde. Mais malgré son attachement au mouvement, et sa pérennité, la jeune femme regrette que "la gauche l'ait très vite récupéré tandis que les casseurs s'en sont emparé, le détournant de son origine". "À l'origine, c'était les ronds-points, une fois que c'est arrivé à Paris, la gauche l'a récupéré et les revendications ont changé", regrette-t-elle. Mais il y a du positif tout de même. "Les Français se sont rendu compte qu'ils étaient nombreux à vivre dans la même situation", estime-t-elle. "On est une force, on est très nombreux, le peuple a retrouvé sa fraternité", se félicite la jeune femme.
Un mouvement "populaire", ni de droite ni de gauche, il "rejoint" finalement les deux. "Ce n'est ni l'un ni l'autre, c'est un mouvement de protestation, de Français qu'on entendait jamais qui en ont eu ras le bol et ont voulu se faire entendre", témoigne-t-elle. Mais pas question de penser que ce mouvement est terminé. "Ça peut revenir, l'injustice est toujours là, la répression a été inouïe, les gens sont toujours en colère, les revendications sont toujours là", estime Fiorina Lignier.
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