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Accusé d'empoisonnements mortels, le Dr Péchier devant la justice

Trente empoisonnements dont 12 mortels et un accusé qui entend démontrer son innocence: le procès de l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier s'est ouvert lundi matin à Besançon devant une salle comble.

ARNAUD FINISTRE - AFP/Archives

Trente empoisonnements dont 12 mortels et un accusé qui entend démontrer son innocence: le procès de l'ex-anesthésiste Frédéric Péchier s'est ouvert lundi matin à Besançon devant une salle comble.

Après huit ans d'enquête, l'ancien anesthésiste-réanimateur, barbe poivre et sel, a pris place dans le box des accusés en jean et chemise bleue, avant d'assister à la sélection des jurés.

Visiblement stressé et ému, il avait été accueilli à son arrivée au Palais de justice par quelques proches, dont une personne qui a lancé "Allez Frédo".

Devant la cour d'assises du Doubs, présidée par Delphine Thibierge, l'accusé de 53 ans fait face à plus de 150 parties civiles, défendues par une cinquantaine d'avocats. Le verdict de ce procès-fleuve est attendu le 19 décembre.

Le quinquagénaire est accusé d'avoir sciemment empoisonné 30 patients, âgés de quatre à 89 ans, dont 12 sont morts, entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon.

La cour d'assises de Besançon, le 7 septembre 2025

La cour d'assises de Besançon, le 7 septembre 2025

SEBASTIEN BOZON - AFP

"Dénominateur commun" de ces empoisonnements, accablé par "un faisceau d'éléments concordants" selon l'accusation, l'ancien praticien, qui a toujours clamé son innocence, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il n'a jamais été incarcéré depuis le début de l'enquête, les juges ayant choisi de le laisser libre, sous contrôle judiciaire.

La justice l'a autorisé en 2023 à exercer sous conditions son métier de médecin tant qu'il n'entre pas en contact avec des malades, mais il n'exerce plus depuis 2017.

- "Pas responsable" -

Interrogé lundi matin sur RTL, l'ancien anesthésiste a rejeté les accusations, se disant "pas responsable" de la détresse des victimes et de leurs familles, même s'il "la comprend tout à fait".

L'anesthésiste Frédéric Péchier, le 8 mars 2023 au tribunal de Besançon

L'anesthésiste Frédéric Péchier, le 8 mars 2023 au tribunal de Besançon

ARNAUD FINISTRE - AFP/Archives

"J'appréhende ces trois mois et demi" de procès, mais "j'ai quand même des arguments forts et donc je n'y vais pas en reculant", a affirmé l'accusé avant l'ouverture des débats.

Pour l'ex-anesthésiste, le procès va permettre de "comprendre" pourquoi l'accusation lui a "mis sur le dos" une trentaine d'empoisonnements. Selon lui, quelque 70 "événements indésirables graves" au total sont survenus dans les cliniques où il travaillait, mais beaucoup n'ont pas été retenus par les enquêteurs car rien ne permettait de l'incriminer dans ces dossiers.

"Le problème, c'est la sélection. Qu'est-ce qu'on a fait des autres cas ? On ne les a pas retenus, parce que dedans, il n'y avait pas Péchier", a-t-il déploré.

"C'est très facile d'accuser les gens, c'est plus difficile de prouver les choses" a déclaré aux journalistes l'un de ses avocats, Randall Schwerdorffer, qui avec son confrère Lee Takhedmit plaidera l'acquittement.

Le Dr Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de malades pris en charge par ses collègues, pour provoquer des arrêts cardiaques, avant d'aider souvent à les réanimer.

A partir de lundi et pour deux semaines, la cour se penchera sur les cas les plus récents, ceux qui ont éveillé les soupçons des enquêteurs et abouti à la mise en examen de l'anesthésiste en mars 2017.

Des boîtes étiquetées préparées et exposées dans la salle d'audience pour le procès de l'ancien anesthésiste français Frédéric Péchier, au tribunal de Besançon, dans le nord-est de la France

Des boîtes étiquetées préparées et exposées dans la salle d'audience pour le procès de l'ancien anesthésiste français Frédéric Péchier, au tribunal de Besançon, dans le nord-est de la France

SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives

Ensuite, au fil des semaines, seront examinés chacun des empoisonnements reprochés au médecin.

- Un accusé "habile" -

Dans cette affaire "sans équivalent dans les annales judiciaires françaises", l'anesthésiste est soupçonné "d'avoir empoisonné des patients en bonne santé, pour nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit" et démontrer ensuite ses qualités de réanimateur, avait relevé l'ancien procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux.

Soulignant "l'omniprésence (du Dr Péchier) dans la gestion des réanimations en cas d'arrêts cardiaques" et "ses diagnostics précoces", il avait décrit "un professionnel de santé particulièrement habile qui a agi lorsque personne ne se trouvait dans les salles d'anesthésie et qui a su varier dans le temps la nature des poisons administrés pour ne pas éveiller les soupçons".

"Ça va être un marathon judiciaire, mais on est prêts", a déclaré à l'AFP Stéphane Giuranna, avocat de plusieurs parties civiles. "Il y a un dossier et il y aura des débats. Et (...) au moment où je vous parle, tous les chemins mènent à Péchier".

Par Pauline FROISSART et Angela SCHNAEBELE / Besançon (France) (AFP) / © 2025 AFP

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