Nicolas Dupont-Aignan : "on ne peut pas se désengager du Mali (...) mais il faut des renforts et traiter les causes des problèmes"
Nicolas Dupont-Aignan sera présent à l'hommage national rendu par la France aux treize soldats morts au combat au Mali. "Ce sont des Français qui ont fait le sacrifice de leur vie pour nous, la moindre des choses c'est qu'on soit là", confirme-t-il au micro de Patrick Roger. Concernant le débat sur la présence française au Mali et au Sahel, "on ne peut pas se désengager du Mali maintenant, ça voudrait dire qu'on mettrait en insécurité tous les Européens et les Français. Pour autant, on ne peut pas continuer comme ça, être entre deux eaux : il faut mettre les moyens, il faut des renforts et il faut traiter la question politique de ces pays, qui font face à des djihadistes mais aussi à des oppositions qui ne sont pas traitées.
Par ailleurs, si la misère continue de s'accroître au Sahel, les djihadistes trouveront toujours du renfort dans une population exsangue. Il faut traiter les causes des problèmes. Il y a aussi la question de la Libye, qui est majeure. Si on quitte le Sahel, on crée un foyer de djihadistes considérable aux portes de l'Europe. Quand on agit là-bas, on agit aussi ici, c'est ça l'enjeu !"
"Il n'y a pas besoin d'assassiner 95% ou 100% des retraités français pour résoudre les cas de 5% des retraités, c'est-à-dire les régimes spéciaux"
La semaine sociale s'annonce chargée, avec l'appel à la grève du 5 décembre. "C'est une manifestation syndicale, et c'est pas à un homme politique d'être dans la rue, explique Nicolas Dupont-Aignan. En revanche, je soutiens cette mobilisation du 5. C'est pas une manifestation des seuls régimes spéciaux, mais la manifestation de Français lucides, de toutes professions, sur les dangers de cette réforme des retraites. Il faut réformer les régimes de retraite, mais il n'y a pas besoin d'assassiner 95% ou 100% des retraités français pour résoudre les cas de 5% des retraités, c'est-à-dire les régimes spéciaux. Ce qui est scandaleux et minable de la part du gouvernement, c'est de vouloir dresser les Français les uns contre les autres pour finalement modifier le système de tout le monde. Cela veut dire une baisse majeure des retraites demain.
Aujourd'hui, quand vous partez, on calcule votre retraite avec vos 25 meilleures années, et les six dernières pour les fonctionnaires. Avec la réforme, on va calculer avec la moyenne des 43 années, les points que vous allez mettre chaque année. Ce qui veut dire, pour ceux qui n'ont pas de carrière linéaire (les femmes qui prennent des congés maternité plus longs ou ceux qui ont eu des périodes de chômage), qu'on ne va pas garder leurs 25 meilleures années, mais les 43. Cela fera une baisse de 9 à 20% de la moyenne des retraites ! C'est considérable ! Et je ne parle pas du hold-up du gouvernement sur les 100 milliards des retraites professionnelles, avocats, médecins, retraites complémentaires... Les gens qui ont bien géré leur système de retraites, le gouvernement leur fait les poches. Je trouve scandaleux qu'on change les règles du jeu au milieu du match.
"Derrière [la réforme], il y a les loups de la finance qui veulent s'emparer du marché des retraites"
On prend le problème à l'envers, estime Nicolas Dupont-Aignan : tous les deux ans, il y aura une réforme des retraites et il y aura la misère des retraités, car on ne s'occupe pas des recettes. On est dans un système fou, où l'ensemble de la classe politique s'occupe toujours des dépenses et pas des recettes. Occupons-nous de créer de l'emploi en France, de la base productive, et nos retraites seront équilibrées. On laisse nos emplois partir et on s'étonne que nos retraités ne puissent plus vivre. Il faut relocaliser les emplois, nous protéger, avoir une vraie politique économique".
Comment le gouvernement pourrait-il déminer ? Nicolas Dupont-Aignan considère que "les Français comprennent bien qu'il y a des injustices. 'Debout la France !' a proposé un programme pour changer le système de retraites. On corrige les inégalités, on accroît la retraite notamment des conjoints dans l'agriculture, le commerce, qui sont souvent des femmes qui finissent avec 300 euros de retraite. On lutte contre la fraude, on relocalise. On peut équilibrer notre système de retraites, il y a une réforme possible mais pas aussi injuste. Le gouvernement ferait bien d'appliquer la réforme des retraites aux nouveaux entrants sur le marché du travail, pas rompre le contrat. Ce serait loyal. Par ailleurs, il devrait se limiter aux régimes spéciaux".
Pour Nicolas Dupont-Aignan, "les arguments du gouvernement changent tous les jours : le gouvernement n'est pas clair du tout, il ne sait pas où il va, il navigue à vue. Le gouvernement en est réduit à mentir, pour avancer : il veut casser le système par répartition, il va créer un système de points très anxiogène. Les Français vont passer à la capitalisation. Le gouvernement s'attaque à un système de solidarité issu du Conseil national de la Résistance, sous la pression des banques et des assurances qu'a mis en place Monsieur Macron. Derrière ça, il y a les loups de la finance qui veulent s'emparer du marché des retraites. Le gouvernement passe sa vie à parler de désordre, mais c'est lui qui alimente le désordre", soutient Dupont-Aignan.
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