Dimanche soir, la France découvrait la composition du gouvernement formé par Sébastien Lecornu, à la suite de sa nomination comme Premier ministre. Dix-huit ministres et trois secrétaires d’État avaient été annoncés, mais moins de vingt-quatre heures plus tard, Sébastien Lecornu a présenté sa démission, entraînant la chute de son gouvernement. Un record de brièveté dans la Ve République, aux conséquences administratives et financières inattendues. Car selon la réglementation, chaque membre du gouvernement, même resté en poste une journée, bénéficie d’une indemnité de fin de fonctions équivalente à... trois mois de salaire.
Un droit à indemnité sans condition de durée
Selon la réglementation en vigueur, tout membre du gouvernement dont la nomination a été publiée au Journal officiel a droit, à la fin de ses fonctions, à une indemnité transitoire équivalente à trois mois de traitement brut, soit environ 9 333 euros par mois, pour un total d’environ 28 000 euros. Cette mesure, inscrite dans le décret du 25 janvier 1956 relatif au statut des membres du gouvernement, vise à assurer une période de transition entre la vie publique et la vie professionnelle. Elle s’applique automatiquement, sans condition de durée d’exercice. En d’autres termes, qu’un ministre reste en poste trois ans ou trois heures, le droit à indemnité est identique.
.@SoccolB sur la démission de Sébastien #Lecornu : "C'est à la fois comique et tragique"#MettezVousDaccord pic.twitter.com/gdfhWijitO
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Une facture globale de 588.000€ pour l'Etat
Le gouvernement Lecornu, nommé dimanche 5 octobre au soir, comptait 18 ministres et le Premier ministre lui-même, soit 19 personnes au total. Chacun devant percevoir environ 28 000 euros, la facture globale pour l’État s’élèverait à près de 588 000 euros. Une somme symboliquement lourde dans un contexte de déficit public historique et de rigueur budgétaire. L’image d’un gouvernement express coûtant plus d’un demi-million d’euros pour quelques heures d’existence a de quoi heurter une population déjà méfiante sur les avantages réservés à la sphère politique.
La règle est pourtant claire : cette indemnité est un droit, non une faveur. Elle vise à garantir une stabilité minimale à ceux qui quittent des fonctions exécutives souvent incompatibles avec tout autre emploi. Mais dans le cas du gouvernement Lecornu, cette logique de « transition » semble difficile à défendre, tant la durée de présence au pouvoir a été brève.
Ironie du sort : Lecornu voulait supprimer certains privilèges
Ironie du calendrier, Sébastien Lecornu avait lui-même prévu de supprimer plusieurs avantages accordés aux anciens ministres, comme la protection policière, la voiture de fonction ou le secrétariat particulier. Ces suppressions devaient entrer en vigueur au 1er janvier 2026. Mais en attendant cette réforme, les membres de son éphémère gouvernement bénéficieront bien de leur indemnité de départ complète. Une situation parfaitement légale, mais qui ne manquera pas d’alimenter le débat sur l’exemplarité et la rationalisation des dépenses publiques.
.@AlexDarmon après la prise de parole de Sébastien #Lecornu : "Je suis frappé par aussi peu d'expérience. J'ai vu un porte-parole du Président de la République, pas un Premier ministre"#MettezVousDaccord pic.twitter.com/Zi4rmCeRyW
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Un mois d'attente avant de retourner sur les bancs de l'Assemblée
Autre question soulevée par cette situation inédite : les ministres qui étaient députés peuvent-ils reprendre immédiatement leur siège à l’Assemblée nationale ? La réponse est non. Conformément à la loi, leur suppléant reste député jusqu’à la fin d’une période d’environ un mois après la cessation de leurs fonctions. Les intéressés devront donc patienter avant de retrouver leur place sur les bancs du Palais-Bourbon.