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Les annonces d'Édouard Philippe dans son discours de politique générale

Par Benjamin Rieth avec AFP

Après le discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès à Versailles, Édouard Philippe présente mardi son "discours de la méthode" devant les députés à l'Assemblée nationale. Les députés voteront ensuite la confiance au gouvernement. 

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Au lendemain du discours d'Emmanuel Macron face au Congrès, Édouard Philippe s'exprimait à son tour mardi devant les députés pour son "discours de la méthode". Après avoir cité Simone Veil, mais aussi Michel Rocard ou encore Jacques Chaban-Delmas en introduction, afin de rendre hommage aux hommes et femmes d'État, le Premier ministre a déroulé les grands axes du quinquennat à venir pour son gouvernement.

  • Justice et sécurité

Sa première attention a été portée sur la justice. Édouard Philippe a ainsi annoncé une "réforme constitutionnelle pour renforcer l'indépendance des magistrats", mais également une loi quinquennale de programmation des moyens de la Justice en 2018.  "Cette loi permettra à la Garde des Sceaux d'engager un vaste mouvement de dématérialisation, de simplification et de réorganisation", a affirmé Édouard Philippe qui a confirmé que le gouvernement tiendrait la promesse de créer 15 000 places supplémentaires de prison.

Le Premier ministre a aussi annoncé un projet de réforme mené par l'Intérieur et la Justice pour simplifier la procédure pénale "afin que les forces de sécurité soient libérées de la complexité administrative". "Au printemps 2018, après des expérimentations, ils porteront ensemble un projet de réforme reposant sur des procédures simplifiées", a-t-il déclaré assurant que cette réforme ferait "reculer l'insécurité".

  • Santé

Autre mesure portée par le gouvernement "dès 2018", l'allocation adulte handicapé et minimum vieillesse devrait être revalorisée alors qu'elle s'élève actuellement à 800 euros. Le prix du paquet de tabac devrait être lui "progressivement porté" à dix euros. "Le tabac en France entraîne plus de 80 000 décès. C'est la première cause de mortalité évitable, et la consommation quotidienne de tabac augmente chez les adolescents. Ne rien faire est exclu", s'est justifié le Premier ministre. 

"Les vaccins unanimement recommandés deviendront obligatoire pour la petite enfance", a également déclaré le chef du gouvernement. Toujours en matière de santé, Édouard Philippe s'est engagé à ce que "d'ici la fin du quinquennat", les Français ne payent plus de reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives."Notre stratégie de santé devra rompre le cercle vicieux du 'renoncement aux soins'", a affirmé le Premier ministre. "La ministre de la Santé préparera, pour septembre prochain, un plan de lutte contre les déserts médicaux", a-t-il annoncé.

Une rénovation du système de retraites est également prévue, afin de le "rendre plus juste et plus transparent". Le cadre de la réforme sera fixé "fin 2018".

  • Territoires

Conformément à la promesse faite par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, Édouard Philippe a confirmé que la taxe d'habitation serait réformée d'ici 2022. Elle doit "contribuer d'ici la fin du quinquennat à rendre du pouvoir d'achat à l'immense majorité de nos concitoyens", a déclaré le chef du gouvernement : "Cette réforme, attendue par les contribuables, mais redoutée par les élus, est tant nécessaire aux budgets locaux qu’elle est injuste dans son calcul pour les contribuables."

S'il a écarté l'idée d'une réforme territoriale, car il ne veut pas "décréter depuis Paris la fin du mille-feuilles", le Premier ministre veut "inciter les territoires à adapter localement leur organisation pour que, partout où c'est possible, nous puissions tendre vers deux niveaux seulement en-dessous du niveau régional."

Concernant l'organisation du territoire, le Premier ministre a promis de garantir l'accès au très haut débit partout en France "au plus tard d'ici 2022". Le gouvernement proposera ainsi "un pacte pour les collectivités" lors de la première Conférence des territoires mi-juillet afin de les accompagner notamment dans la transition numérique. 

  • Défense et Sécurité

Édouard Philippe a annoncé une "loi de programmation militaire" qui sera adoptée "dès 2018", portant le budget de la Défense à 2 % du PIB progressivement jusqu'en 2025.

Conformément à ce qu'a indiqué Emmanuel Macron lundi, la sortie de l'état d'urgence est également au programme : "Nous lutterons contre le terrorisme avec une extrême dureté, sans renier ce que nous sommes, un État de droit et, qui plus est, la République française. Une République qui ne peut pas vivre dans un état d'urgence permanent. La sortie de l'état d'urgence aura lieu, conformément aux demandes du président de la République, au plus tard le 1er novembre prochain. Le ministre de l'Intérieur et la Garde des Sceaux travailleront pour faire reculer l'insécurité, sur un projet de réforme afin que les forces de sécurité soient libérées des tâches administratives."

  • Immigration

Édouard Philippe a annoncé lors de son discours la présentation d'ici "la semaine prochaine" des mesures pour réformer le système de l'asile et lutter contre l'immigration irrégulière avec une "exigence de dignité" pour que "la France honore sa tradition d'accueil des réfugiés". Ce plan visera notamment à "réduire les délais moyens" d'instruction des demandes "de 14 à 6 mois" et à "obtenir l'éloignement effectif" des déboutés du droit d'asile, "qui sont en réalité des migrants économiques", a ajouté le Premier ministre.

  • Éducation

Le bac tel qu'on le connait devrait vivre ses dernières années sous le quinquennat d'Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement, Édouard Philippe, a ainsi affirmé que le baccalauréat serait amené à "profondément évoluer" d'ici 2021. "Une concertation sera lancée dès la rentrée prochaine, pour resserrer les épreuves finales autour d'un plus petit nombre de matières et définir ce qui relève du contrôle continu", a détaillé le Premier ministre.

Édouard Philippe a également évoqué ce qui était une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, la création d'un service national. Une réflexion sur la forme et les contours de service sera lancée "avant la fin de l'année 2017".

  • Code du Travail

Devant des députés de la France Insoumise qui brandissaient des codes du travail, Édouard Philippe est revenu sur le calendrier de la réforme du droit du travail, qui interviendra par ordonnances : "Nous sommes encore dans le temps de la concertation. Cette semaine commencera le débat parlementaire. À la fin de l’été viendra le temps de la décision quand les ordonnances seront publiées. Dès octobre, nous ouvrirons les chantiers de la formation professionnelle et de la refonte de l’apprentissage. Nous présenterons un projet de loi et un plan d’action au printemps 2018."

  • Économie

En matière d'économie, le Premier ministre a multiplié les annonces confirmant plusieurs promesses du programme d'Emmanuel Macron. Ainsi, les cotisations salariales baisseront dès 2018 compensée par une hausse de 1,7 point de la CSG.  "La suppression des cotisations salariales sur l'assurance maladie et l'assurance chômage, financée par un transfert sur la CSG, redonnera dès 2018 du pouvoir d'achat à plus de 20 millions d'actifs. Cela représente 250 euros par an au niveau du SMIC", a-t-il déclaré Édouard Philippe. Autre engagement pour le pouvoir d'achat des Français, la prime d'activité, versée aux travailleurs à revenus modestes, sera augmentée. "Le message aux Français est clair : le travail doit payer", a justifié le chef du gouvernement. 

Édouard Philippe s'est également engagé mardi à "faire baisser la pression fiscale d'un point de PIB en cinq ans", soit une baisse d'impôts de 20 milliards d'euros au cours du quinquennat. La France ne peut "demeurer à la fois la championne de la dépense publique et des impôts", a estimé le Premier ministre qui a aussi promis "faire baisser la dépense publique de trois points de PIB".

Du côté des sociétés, la transformation du CICE en allègement de charges est reporté d'un an, à 2019, a fait savoir le Premier ministre. "Le CICE sera transformé en un allègement de charges, qui seront nulles au niveau du Smic", a-t-il promis. D'ici 2022, le taux d'impôt sur les sociétés sera réduit de 33 à 25%. Le RSI sera supprimé en 2018 pour être adossé au régime général.

  • Budget

Édouard Philippe n'a pas évité le sujet du déficit public, mis en évidence par l'audit de la Cour des comptes rendu la semaine dernière. S'il a fait la sourde oreille aux invectives venant de la droite comme de la gauche sur la responsabilité d'Emmanuel Macron à ce bilan budgétaire désastreux, le Premier ministre a estimé que la dette avait atteint "un niveau insupportable" et qu'elle "nous met à la merci des marchés financiers".

"Nous dansons sur un volcan qui gronde de plus en plus fort, a imagé le chef du gouvernement. Comme toute addiction, cela nécessitera de la volonté et du courage pour se désintoxiquer."

Il a fixé les objectifs du quinquennat en matière budgétaire : "Ramener le déficit public sous les 3 %, dès 2017", faire "baisser la pression fiscale d'un point de PIB d'ici 2022 et la dépense publique de 3 points du PIB sous la même période", baisser les prélèvements obligatoires de "20 milliards d'euros d'ici 2022", ne pas dépenser plus en 2018 qu'en 2017. Une loi de programmation des finances publiques portera "sur la durée complète du quinquennat", avec un "objectif d'équilibre à horizon 2020".

  • Fiscalité

L'ISF sera "concentré sur le patrimoine immobilier", a annoncé Édouard Philippe, précisant que "la réforme sera votée dès cette année et entrera en vigueur en 2019". L'objectif étant de "réorienter l'épargne des Français vers l'investissement productif". Un "taux de prélèvement unique de 30 % sur les revenus de l'épargne" sera également mis en place.

  • Sécurité sociale

Le gouvernement présentera "dès la rentrée" un budget pour 2018 et une loi de programmation des finances publiques quinquennale, qui devraient permettre à la Sécurité sociale d'atteindre l'équilibre "à l'horizon 2020", a annoncé mardi le Premier ministre Edouard Philippe. "Nous devrons d'ici là définir de nouvelles règles permettant de proscrire dans la durée le déficit de nos comptes sociaux", a-t-il dit.

  • Environnement

Un grand plan d'investissement, à hauteur de 50 milliards d'euros, sera lancé par l'État, notamment en matière de transition écologique. Édouard Philippe a également raillé Donald Trump pour son choix de se retirer de l'Accord de Paris sur le climat. Ce même Donald Trump que le président de la République a invité aux cérémonies du 14 juillet.

"Ceux qui tournent le dos à l’accord de Paris montrent qu’ils ont peur du futur, a dénoncé le Premier ministre. L’autruche est sans doute un animal sympathique, mais mettre sa tête dans le sable n’a jamais préparé personne à affronter l’avenir."

"Notre cap sera ambitieux et exigeant, a-t-il promis. Nous voulons arriver à la neutralité carbone d’ici 2050. Nous n’accorderons plus de permis d’hydrocarbures. La montée en puissance de la fiscalité carbone sera accélérée et nous diviserons par deux les déchets mis en décharge d’ici 2025."

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