Retrouvez l'édito politique de Laurent Mauduit dans le Grand Matin Sud Radio chaque mardi à 7h20 sur sudradio.fr
[#EditoPolitique] @LaurentMauduit nous alerte sur le système d'indexation des #retraites. "Le Parlement va voter sans connaitre l'un de ses points majeurs !" #GrandMatinSudRadio pic.twitter.com/mBm9g3uyBw
— Sud Radio (@SudRadio) February 11, 2020
Ce matin, je voulais alerter sur le système d’indexation des retraites que prépare le gouvernement et qui relève de l’embrouille. C’est quoi l’embrouille ?
Une embrouille, une entourloupe – je vous laisse le choix. Car quand le Premier ministre a présenté la réforme des retraites, le 11 décembre, il a voulu répondre à l’inquiétude des Français sur ce que vaudrait précisément le point – ce qui est évidemment une question majeure. Et pour les rassurer, il a pris un engagement – je le cite : « La loi prévoira une règle d'or pour que la valeur des points acquis ne puisse pas baisser et avec une indexation non pas sur les prix mais sur les salaires, qui progressent plus vite que l'inflation en France ». Or, cette promesse solennelle était un mensonge, puisque l’on a appris, vendredi, lors des travaux de la commission spéciale de l’Assemblée que l’indexation ne serait pas sur les salaires, mais, écoutez bien, sur le « revenu moyen d’activité par tête » !
Et c’est quoi ce revenu moyen d’activité par tête ?
Eh bien voilà ! C’est tout le problème. C’est un indicateur économique qui n’existe pas. L’INSEE calcule le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages ou encore le pouvoir d’achat par unité de consommation. Mais le revenu moyen d’activité par tête ? Inconnu au bataillon ! Le gouvernement va donc demander à l’Insee de bricoler un nouvel indicateur. Et je dis bien : « va demander ». Car, selon mes informations, l’Insee n’est pour l’instant saisi d’aucune demande en ce sens. Et il n’a aucune envie lui-même de s’autosaisir.
Et qu’y a-t-il de choquant à ce que le gouvernement demande à l’INSEE de construire un nouvel indicateur économique ?
C’est choquant, pour deux raisons. D’abord, l’Insee est un institut dont l’indépendance est d’une considérable importance. Car c’est cette indépendance qui garantit l’honnêteté des statistiques produites, sur lesquelles sont assises de nombreuses règles d’indexation, ou qui sont des bornes utiles pour ordonner le débat public, autour du pouvoir d’achat ou de la pauvreté. Il n’est donc jamais très sain qu’un gouvernement passe des commandes à l’Insee. Jamais très sain, ni très démocratique. C’est même contraire à la loi.
Et puis, il y a une seconde raison. Si cet indicateur n’existe pas dans l’immédiat, cela veut dire que le Parlement va se prononcer sur la réforme des retraites, sans connaître l’un de ses points majeurs. En clair, il va voter à l’aveugle. Et vous savez à quoi cela me fait penser ? Sous l’Empire, les députés n’avaient pas le droit de délibération. Ils avaient juste le droit de voter : oui ou non ! Et on les appelait « les muets ». De Napoléon jusqu’à Macron, il y a donc un petit changement. On est passé des « muets » aux « aveugles ». Un petit changement… passablement désespérant !