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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Griveaux : "cachez ce sexe que je ne saurais voir !"

Après la diffusion de vidéos et messages à caractère sexuel envoyés par Benjamin Griveaux, lesquels ont poussé ce dernier à se retirer des élections municipales à Paris, voilà la foule déchaînée. Mais, politiques ou non, il existe un droit à la vie privée, selon Élisabeth Lévy, qui doit être immuable. Et il serait bien hypocrite de penser que tout le monde est tout blanc.

Le regard libre d'Élisabeth Lévy

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Finalement, Benjamin Griveaux n’a pas été crucifié.

Certes, encore que l’exhibition forcée dont il a été victime soit une forme de crucifixion moderne. Cependant, dans la classe politique et médiatique, de Mélenchon à Le Pen, de Mediapart à Valeurs Actuelles, personne n’a commenté le contenu de la vidéo. Tout le monde s’est indigné de sa diffusion, dans des conditions crapoteuses.

Cette unanimité pourrait être rassurante. La digue de la vie privée ne protège pas seulement les individus mais la civilisation. Le premier droit de l’homme, c’est d’avoir des secrets.

Mais vous l’avez dit, tout le monde reconnaît ce droit…

C’est un peu le bal des tartuffes ou au moins des inconséquents. Tous ces bons esprits ont salué chaque avancée de la transparence, ils ont applaudi la délation devenue un devoir civique avec #Balancetonporc. Ils n’ont rien dit quand, dans l’affaire Benalla, Mediapart a diffusé l’enregistrement d’une conversation privée ni quand la justice a validé des écoutes sauvages réalisées par le majordome de madame Bettencourt. Puis, certains ont espionné les échanges entre Sarkozy et son avocat. Alors, les larmes de crocodile n’y changent rien, tous ont contribué à construire l’enfer de verre dans lequel nous sommes.

S’agissant de nos élus, l’exigence de transparence est légitime.

Donc, les politiques n’ont pas le droit à une vie privée ? C’est « l’humeur-gilets-jaunes » : ce sont des salauds, pas des êtres humains, donc tout est permis. Flatter cette mentalité de sans-culotte postmoderne - pour reprendre l’expression du sociologue Jean-Pierre Le Goff - ce n’est pas respecter le petit peuple cher à Michel Onfray, c’est se moquer de lui.

En effet, en l’occurrence, le peuple est plus inquisiteur que ses élites. Pour une fois, le peuple a tort. Ses gouvernants ne lui doivent pas la vérité sur ce qu’ils sont.

La transparence est une arnaque. Comme nos politiques ne peuvent plus changer le réel, ils proposent leur vertu sur un plateau. Mais comme ils sont des hommes, ils ne peuvent pas correspondre à l’idéal qu’ils prétendent incarner.

C’est précisément la contradiction entre le comportement de Griveaux et sa défense des valeurs familiales qui est insupportable ?

Tout d’abord, je ne vois pas où est la contradiction. Sans l’adultère, réel ou fantasmé, la prison conjugale et familiale serait hermétique et le mariage et la famille auraient disparu.

Plus généralement, l'hypocrisie est la condition de la vie en société. L’époque exige que personne privée et publique n’en fassent qu’une, mais essayez d’imaginer une journée où vous diriez tout ce que vous pensez. Nous cachons nos mauvaises pensées, nos travers, nos petits secrets. Heureusement, il y a ce qui s’appelle la civilité. Nous avons le droit de ne pas nous exhiber. Et tout autant, celui de ne pas connaître la vie des autres.

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