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Drogue : Estrosi veut "une guerre sans merci contre les trafiquants et les voyous"

Par Benjamin Jeanjean

Le maire (LR) de Nice Christian Estrosi était l’invité politique du Grand Matin Sud Radio ce mercredi. L’occasion pour lui de revenir largement sur les annonces d’Emmanuel Macron pour les banlieues françaises.

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"Heureusement que nous avons un Jean-Louis Borloo, père de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (Anru), qui a déjà permis à notre pays de faire bien des rattrapages et de secouer la fourmilière. Je partage un certain nombre de ses propositions". À l’heure d’évoquer les annonces d’Emmanuel Macron pour la banlieue, Christian Estrosi, maire (LR) de Nice, a eu un mot pour Jean-Louis Borloo, dont les préconisations ont été largement délaissées par le chef de l’État. Alors que ce dernier s’est justifié en disant que "quand un mâle blanc reçoit un rapport d’un autre mâle blanc sur la banlieue, ça ne marche pas", Christian Estrosi a assuré comprendre d’une certaine manière son point de vue. "Quand Emmanuel Macron parle des plans décidés d’en haut qui se succèdent les uns aux autres, on voit bien en faisant le bilan des années plus tard qu’on n’a pas tout réglé", rappelle-t-il sur Sud Radio ce matin.

De ces annonces, Christian Estrosi en retient deux particulièrement. "Aujourd’hui, la République a reculé dans certains quartiers. L’État, surtout sous François Hollande, a complètement abandonné les banlieues et les maires. Je retiens ici deux mesures essentielles et je serai très ferme là-dessus. La première, c’est la reconnaissance des métropoles comme acteurs majeurs de la réhabilitation des quartiers. J’ai démontré à Nice, où nous avions des cités comme les Moulins, comme l’Ariane, comme Pasteur, qu’en utilisant l’Anru, on pouvait démolir des barres entières et reconstituer des cités à dimension humaine. Deuxièmement, quand le chef de l’État envisage enfin ce que je réclame depuis si longtemps, que les maires soient informés de la présence sur leur commune d’individus fichés comme étant radicalisés, je dis qu’il était temps !", se réjouit-il.

Estrosi souhaite "un délit spécifique pour l’agression de nos forces de l’ordre"

Pour l’ancien ministre de l’Industrie (2009-2010), l’essor du trafic de drogue dans certains quartiers de France appelle une forte réaction. "C’est une guerre qui nous est livrée aujourd’hui. Ce que nous avons vu à Marseille est tout à fait inacceptable car ça démontre que ces dernières années, la République a systématiquement abdiqué dans certains quartiers où l’autorité de l’État ne s’applique plus. Quand on touche à l’uniforme, on touche à la nation. Je demande une guerre sans merci contre les trafiquants et les voyous. Qu’on arrête de se bercer de mots et qu’on prenne des dispositions ! Il serait temps de mettre en œuvre ce que je réclame depuis longtemps : la création d’un délit spécifique pour l’agression de nos forces de l’ordre, alors qu’aujourd’hui ce ne sont que des circonstances aggravantes", souligne-t-il.

Toujours dans le cadre de la lutte antidrogue, Christian Estrosi assure ne pas être fermé à l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis. "Elle est à l’ordre du jour dans bien des pays. Il faut savoir qu’il s’agit de la dépénalisation de la consommation, et pas du trafic, qui doit être sanctionné beaucoup plus fort qu’il ne l’est aujourd’hui. La consommation, elle, doit être sanctionnée quand on l’utilise au volant ou dans des circonstances pouvant mettre en danger autrui, tout comme l’alcool. Je ne suis pas opposé à ce que ce débat soit ouvert", admet-il.

"Ce n’est pas en augmentant les policiers qu’on réglera le problème"

Alors que la présidente du Front national, Marine Le Pen, doit présenter ce mercredi son contre-plan pour les banlieues, en proposant notamment de taper dans le porte-feuilles des trafiquants de drogue, Christian Estrosi ne se dit pas dupe. "Cela fait partie des choses que Marine Le Pen récupère et qui ont été utilisées sous Nicolas Sarkozy en Corse notamment pour lutter contre les indépendantistes. Dans les banlieues, c’est la même chose. Aujourd’hui, nous devons tout utiliser. Mais dire qu’on veut tout le temps augmenter le nombre de policiers… Si on n’utilise pas les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et les moyens biométriques dont nous disposons, c’est juste être d’un autre temps et c’est du populisme. Ce n’est pas en augmentant les policiers qu’on réglera le problème", rappelle-t-il.

Et ce n’est pas la police de proximité, récemment remise au goût du jour, qui trouve grâce à ses yeux. "La police de proximité qui invitait les gamins à faire du foot ? J’en fais moi, de la proximité, en luttant contre l’illettrisme dans les écoles des Zones Urbaines Sensibles ! Tout dépend ce qu’on met derrière. Derrière des mots, il faut des actes, des gestes, et surtout des instructions données à la police. La police de proximité façon Jospin, c’était prendre ses distances et ne rien faire quand quelqu’un fumait du cannabis devant vous. Pour moi, la police de proximité, c’est celle qui prend des mesures dès qu’il y a une infraction ou un délit. J’attends que celle d’aujourd’hui me démontre toute son efficacité", déclare-t-il.

"J’ai décidé de ne plus me mêler du débat des Républicains"

Enfin, celui qui est également délégué général du mouvement La France Audacieuse a par ailleurs refusé d’entrer dans le débat politique interne chez Les Républicains, où Laurent Wauquiez ne ferait pas l’unanimité parmi les têtes pensantes. "J’ai décidé de ne plus me mêler du débat des Républicains. Je suis membre de cette famille, mais je suis maire et exclusivement maire. Aujourd’hui, quand on aménage une ligne de tramway, cette ligne n’est pas socialiste, en marche ou républicaine. C’est répondre à un besoin d’intérêt général. Avec mes amis maires LR de la France audacieuse, nous sommes dans le progrès, l’innovation et l’attractivité des territoires, et nous démontrons que 70% du PIB de la France passe par des actions", insiste-t-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Christian Estrosi dans le Grand Matin Sud Radio

 

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