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Jérôme Pierrat : "Le sel de l'affaire 'Air Cocaïne', c'est l'enquête de la juge"

Le journaliste Jérôme Pierrat était l'invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann le 16 juin 2025 sur Sud Radio dans "Le 10h - midi".

Jérôme Pierrat
Jérôme Pierrat, invitéede Valérie Expert et Gilles Ganzmann le 13 juin 2025 sur Sud Radio dans "Le 10h - midi".

Le documentaire de Jérôme Pierrat "Y a-t-il un dealer dans l’avion ?" sort sur Netflix. Il décrypte la fameuse affaire "Air Cocaïne". En 2013, quatre Français, dont deux pilotes privés, sont arrêtés en République dominicaine, alors qu’ils s’apprêtent à décoller à bord d’un jet privé embarquant 700 kg de cocaïne. L’affaire, qui fit alors grand bruit, est digne d’un scénario rocambolesque qu’il est aujourd’hui possible de décrypter.

Jérôme Pierrat : "Il n'y a pas de douane fixe dans les aérodromes privés"

Pourquoi les trafiquants s'étaient-ils dit que cela allait être possible ? "Ils partent de Punta Cana, en République dominicaine, ils doivent atterrir sur le petit aérodrome de La Môle–Saint-Tropez. On s'aperçoit qu'il n'y a pas de douane fixe dans ces aérodromes privés. Ils sont gérés par des compagnies privées, c'est des contrôles aléatoires. Ils rentrent sur le tarmac avec leur voiture pour décharger l'avion, c'est la totale. Quand on s'aperçoit qu'il y a plusieurs dizaines, voire centaines d'aérodromes qui sont capables d'accueillir des jets privés, c'est inquiétant. Ce n'est pas non plus une passoire, mais ça va beaucoup mieux que si vous preniez Roissy ou Orly", a expliqué Jérôme Pierrat.

"Les trafiquants sont au-dessus, ils chargent en République dominicaine pour ces Français. Ils ont forcément une complicité avec l'aéroport, puisqu'il y a un passage de douane obligatoire pour les valises, elles ne sont pas passées par le détecteur ou en tout cas avec une certaine facilité. Donc, le plan, c'est : 'on va en mettre 26 [valises], tant qu'à faire, on va pas en mettre trois et revenir quatre fois'. Le vol, il vaut quand même 5.000 euros à chaque fois l'aller-retour. C'est une compagnie privée qui commercialise le jet d'Alain Afflelou, qui le met en location pour le rentabiliser un petit peu", a poursuivi Jérôme Pierrat.

"Si on avait eu affaire à quatre trafiquants de drogue qui parlaient colombien, on s'en ficherait un peu"

Quid des pilotes ? "Les pilotes expliquent que leur boulot à eux, c'est juste la sécurité et la sûreté du vol : est-ce que c'est bien équilibré dans l'avion ? Va-t-on avoir assez d'essence ? Ils disent : 'on a rangé les valises nous-mêmes pour équilibrer l'avion'. Le droit international fait que c'est comme des chauffeurs de taxi. Le chauffeur de taxi, vous mettez la valise dans le coffre, il n'a pas l'obligation légale de vous la faire ouvrir, il n'a même pas le droit de regarder ce qu'il y a dedans. Donc, comme c'est un vol commercial, cet avion est loué par une société, ils estiment que le droit est pour eux et qu'ils n'ont pas à contrôler le truc. A contrario, ce qui interroge la juge et tout le monde, c'est : 'OK, il y a le droit. Mais pour mettre un survet' pour quelqu'un qui reste 48 heures à Punta Cana…' La juge a légitimement le droit de s'interroger", a raconté Jérôme Pierrat.

Qui avait informé la police pour que ces trafiquants soient interceptés ? Sur ce point, pas de certitude, comme l'explique Jérôme Pierrat. "La version officielle dominicaine, c'est : 'On sait que cet aéroport est une passoire corrompue. Et donc, on a soi-disant mis des infiltrés, qui nous auraient donné l'info. C'est comme ça qu'on les arrête. Et limite, on les aurait vu passer les trucs par un grillage'. La version a l'air un peu olé-olé. On a interviewé cet infiltré, on n'a même pas eu cette version parce qu'il nous parle d'un truc de fruits et légumes, on ne comprenait rien, c'était pas vraiment la même affaire. Soit-disant, la version officielle, c'est celle-ci. Après, on peut s'interroger sur le rôle de la DEA américaine, parce que cette drogue a été achetée en Amérique du Sud auprès de cartels colombiens et mexicains. La République dominicaine est un hub, une place de rebond où ça se vend. Donc, en amont, on pense que c'est en Colombie qu'il y avait des infiltrés de la DEA quand ils ont vendu la drogue, et les Français ont été balancés comme ça. On pense qu'elle vient de là, l'info."

Pourquoi ce sujet a-t-il intéressé Netflix, surtout pour une diffusion dans 190 pays ? "Avec Olivier Bouchara on leur a proposé le sujet. Nous, ce qu'on proposait, c'était une approche un peu plus décalée, un peu humoristique, un peu dans la veine de l'arnaque. Le titre résume assez bien le ton qu'on va avoir dans le doc. C'était une histoire fascinante : quand elle a éclaté en 2013 et qu'on voyait ces images de ces quatre Français arrêtés sur le tarmac, il y a rien qui colle, comme dit l'avocat. Si on avait eu affaire à quatre trafiquants de drogue qui parlaient colombien, on s'en ficherait un peu. L'originalité, c'était le jet. Le sel de cette histoire, c'est l'enquête de la juge. C'est pour ça qu'on a la juge en fil rouge, parce que c'est cette enquête qu'on veut suivre. Elle ferme des portes, elle croit avoir trouvé des pistes… c'est un boulot. Et puis, comme ça ne manque pas de feuilles d'artichaut pour arriver jusqu'au coeur, on s'est dit que ça marcherait bien", a répondu Jérôme Pierrat.

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

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