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Caroline Fourest : "Aujourd'hui, les femmes kurdes sont abandonnées"

Par Jean Baptiste Giraud

Caroline Fourest, éditorialiste sur LCI et directrice de la rédaction de l'hebdomadaire Franc Tireur, était l’invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 26 septembre 2023 dans "Sud Radio Média".

Caroline Fourest
Caroline Fourest, invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Le film de Caroline Fourest "Sœurs d’armes" sera diffusé sur France 2 le 26 septembre 2023 à 21h10. Il sera suivi à 23h00 du documentaire de Kamal Redouani "Syrie : des femmes dans la guerre".

Caroline Fourest : "Ce que l’on vit, c’est au-delà de la fiction"

"Le génocide se déroulait pendant que nous, on vivait le pire des attentats. On ne voyait pas se dérouler l’autre bout de ce conflit, puisque c’est le même groupe. Les femmes étaient vendues sur les marchés, on évaluait leur valeur en fonction de leur virginité. Je me suis dit : dans cette guerre, qui est la pire de notre génération, avec maintenant aussi la guerre en Ukraine, les femmes d’une part vivent le pire du pire (esclavage, viol, être revendue comme un objet), et d’autre part il y en a qui rejoignent les combattantes kurdes et qui terrorisent les islamistes de Daech sur le champ de bataille. Daech croyait que si une femme leur tirait une balle dans la tête, ils n’iraient pas au paradis, ils n’auraient pas les 72 vierges dont ils rêvaient tant.

J’ai voulu tourner cette histoire folle comme une fiction, avec des acteurs. Je me suis dit que ce que l’on vit, c’est au-delà de la fiction. On a tourné la plupart du film au Maroc, mais il y a aussi des scènes de combattantes kurdes tournées au Kurdistan. On était six mois après Mossoul. Je suis allée à Mossoul plusieurs fois pendant qu’il était occupé par Daech pour faire des repérages et rencontrer de vraies combattantes."

"Les Kurdes de Syrie défendent un modèle très égalitaire entre les hommes et les femmes, très laïc"

"Quand on fait un film de cinéma, on doit le faire avec le langage de ceux qui vivent dans le monde de la paix et font des films de cinéma. Mais quand on a été beaucoup voir ces combattantes sur la ligne de front et qu’on les connaît dans leur élément, on sait qu’elles vivent vraiment comme ça. Aujourd’hui encore, ces femmes sont abandonnées. Une fois qu’elles ont gagné cette guerre pour nous, aujourd’hui elles sont seules face aux attaques des Turcs comme des Russes. Et il n’y a personne pour être solidaire d’elles. On n’a pas su se saisir de ce conflit pour donner aux Kurdes le territoire qu’ils méritent, qu’ils ont gagné à la force des armes, en défendant des valeurs de paix, les valeurs qui sont les nôtres. Les Kurdes de Syrie défendent un modèle très égalitaire entre les hommes et les femmes, très laïc. C’est une poche d’espérance dans ce monde cerné par l’Iran, la Turquie et la Syrie.

Était-ce difficile de rassembler une équipe et obtenir des financements ? "On est en France : quand vous êtes intello, vous faites des livres et des documentaires… changer de case, c’est très dur. Quand j’ai fait une comédie il y a quelques années… je vous dis que je ne la referai pas tout de suite. Quand j’ai fait un film de guerre, c’était déjà plus cohérent vis-à-vis de mes interlocuteurs. Mais néanmoins, c’est un vrai film de guerre. J’ai une passion pour l’image depuis toute petite, je connais le montage, j’ai brièvement été camérawoman quand j’étais jeune journaliste…", a raconté Caroline Fourest.


Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

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