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Bruce Toussaint : "Il y a une haine inouïe entre Fillon et Sarkozy, ils se détestent"

Par Benjamin Jeanjean

Co-auteur du documentaire François Fillon, l’homme qui ne voulait pas être président, le journaliste Bruce Toussaint était l’invité du 10h-12h de Sud Radio pour revenir sur cet épisode qui a marqué l’histoire de la vie politique française moderne.

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François Fillon, l’homme qui ne voulait pas être président. Le titre est fort et plante d’ores et déjà le décor. Ce dimanche 4 février sera diffusé sur France 5 un documentaire retraçant la chute vertigineuse de François Fillon lors de la dernière élection présidentielle, dont il était le favori avant l’éclatement de l’affaire du PenelopeGate. Co-auteur de ce documentaire, le journaliste Bruce Toussaint était l’invité du 10h-12h de Sud Radio ce lundi pour évoquer cette enquête au long cours qui fait d’ores et déjà beaucoup parler. "Toute cette famille politique avait envie de raconter, presque d’exorciser cet épisode tragique. Beaucoup de gens sont vraiment dans un traumatisme psychologique de cette défaite. Ils ont parlé, et plus que je ne l’imaginais. L’idée était de faire une sorte de portrait psychologique de François Fillon, plutôt que de revenir sur l’affaire judiciaire ou les déboires politiques. Qui est cet homme ? Qu’est-ce qu’il avait dans la tête ? Pourquoi s’est-il accroché à ce point ? Le meilleur moyen de le savoir, c’était d’aller voir les gens qui le connaissaient le mieux : ses amis intimes (Roselyne Bachelot notamment) et ses ennemis politiques", explique-t-il d’emblée.

"Fillon a accumulé tellement d’erreurs et de maladresses..."

Favori annoncé du scrutin au sortir de la primaire de la droite, François Fillon échoue pourtant à se faire élire, en grande partie par sa faute selon Bruce Toussaint. "On a le sentiment qu’il fait tout du début à la fin pour que ça n’arrive pas ! Je pense quand même qu’il avait au fond de lui ce désir farouche d’accéder à l’Élysée, on le voit pendant la primaire où il fait une campagne incroyable. Il a accumulé tellement d’erreurs, de maladresses et de choses qui ne pouvaient que l’empêcher d’y arriver, qu’on en arrive à la conclusion que c’était écrit… C'est incompréhensible, c’est d’ailleurs l’un des derniers mystères qu’il garde avec lui. On ne comprend pas pourquoi il va chercher ces fameux costumes alors que l’affaire Penelope avait éclaté, pourquoi il part quinze jours en vacances au ski alors qu’il doit rassembler sa famille politique, pourquoi il ne dit pas tout de suite ce qu’il s’est passé, pourquoi il ne présente pas ses excuses plus tôt et pourquoi il ne rembourse pas les sommes", indique-t-il.

"Une famille politique qui n’a cessé de se déchirer et qui n’a jamais réussi à se réconcilier"

Le documentaire accorde par ailleurs une large part à la brûlante question de la source du Canard enchaîné, sur fond de contexte politique très tendu à droite. "À plusieurs reprises, des témoins disent qu’il y avait trop de haine, trop de rancœurs, trop de choses qui n’apparaissaient pas à la surface de l’actualité mais qui étaient enfouies et qui ont amené petit à petit ce désastre politique. On met beaucoup de choses sur François Fillon, mais il y a surtout une famille politique qui n’a cessé de se déchirer et qui n’a jamais réussi à se réconcilier. (…) Les journalistes du Canard disent qu’ils ont fait leur boulot et on a envie de les croire. Maintenant, il y a tellement eu d’exemples dans l’histoire récente de scoops qui sortaient opportunément… Il y a une haine inouïe entre Fillon et Sarkozy. Il n’y a pas d’équivalent à droite : ils se détestent ! C’est d’ailleurs alimenté par les deux, on peut les renvoyer dos à dos. Maintenant, est-ce que le clan Sarkozy a voulu se venger de plein de choses à un moment donné en balançant sur Fillon ? Je n’en ai pas la moindre preuve", assure Bruce Toussaint.

Le journaliste aborde également le cas de Robert Bourgi, personnage au centre de la seconde "affaire des costumes" et qui aurait déclaré qu’il allait "niquerFrançois Fillon. "Au moment où l’affaire des costumes éclate, un mois et demi avant la présidentielle, c’est encore très serré, et ça le restera jusqu’au bout ! François Fillon termine troisième, à un point de Marine Le Pen ! Et tout le monde est d’accord pour dire que cette affaire des costumes fait des ravages dans l’opinion. L’histoire de Penelope est très grave bien sûr, mais dans l’opinion, l’idée qu’on se fasse offrir un costume à 6500 euros, c’est incompréhensible et inacceptable", rappelle-t-il.

Réécoutez en podcast toute l’interview de Bruce Toussaint dans le 10h-12h de Sud Radio

 

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