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Stéphanie Rist : "Nous devons réduire le déficit de la Sécu en dessous de 20 milliards"

INTERVIEW EXCLU SUD RADIO - "Nous devons réduire le déficit de la Sécu en dessous de 20 milliards" selon Stéphanie Rist, ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées.

Stéphanie Rist Sécu
Stéphanie Rist, interviewée par Maxime Lledo sur Sud Radio, le 14 novembre 2025, dans “L’invité politique”.

Fraude sociale, déficit de la Sécurité sociale, taxe sur le vapotage, santé mentale, et justice fiscale dans les comportements de consommation : au micro de Sud Radio, Stéphanie Rist a répondu aux questions de Maxime Lledo.   

"Nous devons réduire le déficit de la Sécu en dessous de 20 milliards"

Maxime Lledo pour Sud radio : Le déficit de la Sécurité sociale est-il maîtrisable ?
Stéphanie Rist : "Aujourd’hui, on est plutôt autour de 25 à 26 milliards de déficit après le texte voté à l’Assemblée, mais nous ne sommes qu’au début du cheminement. L’objectif du gouvernement est clair : passer de 23 milliards en 2025 à 17 milliards en 2026."

Pourquoi cet objectif précis de 17 milliards ?
"Ce n’est pas pour faire joli. Quand on baisse le trou de la Sécu, cela permet aux Français d’être sûrs d’avoir une protection sociale pérenne. Il faut qu’on garde une copie qui baisse ce trou de la Sécu en dessous des 20 milliards."

Cet objectif est-il négociable ?
"Oui, c’est une discussion de compromis. On est ouverts à faire évoluer. En dessous des 20 milliards, on est bien, on est mieux."

Où ferez-vous les économies nécessaires ?
"Elles sont demandées à tous. Il y a des efforts sur les franchises médicales, sur les professionnels de santé, sur l’industrie pharmaceutique avec 1,6 milliard de baisse des tarifs de médicaments, et sur les organismes complémentaires, avec une taxe d’un milliard d’euros. Tous les secteurs participent à l’effort collectif."

Mais ces franchises ne pénalisent-elles pas les plus fragiles ?
"Les Français les plus fragiles ne les paient pas. En tant que ministre de la Santé, je dois les protéger."

"Les outils nécessaires à l'arrêt du tabac doivent être protégés"

Une pétition contre la taxe sur le vapotage a déjà réuni près de 200.000 signatures. Vous maintenez cette taxe ?
"Cette taxe est discutée dans le budget, mais pas dans celui de la Sécurité sociale car elle concerne un produit. En tant que ministre de la Santé et médecin, je sais que le vapotage peut être utile au sevrage tabagique. Les outils nécessaires à l’arrêt du tabac doivent être protégés."

Vous craignez donc qu’une telle taxe décourage les fumeurs d’arrêter ?
"Je trouve le débat intéressant, mais en tant que ministre de la Santé, je dis que les produits utiles à l’arrêt du tabac sont utiles."

Autre proposition : une taxe fast-food de 50.000 euros à l’ouverture et 10.000 euros par an d’exploitation. Quelle est votre position ?
"J’ai dans ma famille des restaurateurs, donc peut-être un point de vue un peu biaisé, mais ces taxes comportementales peuvent avoir un intérêt quand elles orientent la politique de santé publique. Elles doivent se construire avec les acteurs concernés."

Donc, vous ne fermez pas la porte à une taxe fast-food ?
"Il faut rechercher la justice. Les taxes, c’est de la justice. Je comprendrais qu’il y ait une justice envers les restaurateurs."

Et sur la question des capsules d’azote, que faire face à leur dangerosité ?
"C’est un produit dangereux. Il faut faire de la pédagogie. Ces cartouches de protoxyde d’azote provoquent des troubles neurologiques irréversibles. La vente est interdite aux mineurs. On continue la lutte contre les addictions, notamment chez les jeunes."

"Ceux qui fraudent, nous irons les chercher"

Le Sénat a voté de nouvelles dispositions pour lutter contre la fraude sociale. Est-ce une priorité ?
"Oui. Depuis le plan de Gabriel Attal, on a doublé les sommes récupérées. C’est essentiel pour maintenir notre pacte social : on ne peut pas demander aux gens de payer des cotisations si on ne va pas chercher ceux qui fraudent."

Pourtant, seuls 2 à 3 milliards d’euros de fraudes sont clairement identifiées sur les 13 estimés. Comment rendre cette lutte crédible ?
"C’est justement l’objectif du texte voté au Sénat. Il permettra un meilleur partage d’informations entre administrations, plus de sanctions et davantage d’outils. Par exemple, certaines entreprises éphémères ferment aussitôt ouvertes pour échapper à l’impôt. Désormais, nous pourrons les taxer avant leur fermeture."

Combien espérez-vous récupérer grâce à ces mesures ?
"Je n’ai pas de chiffre exact, mais depuis le plan Attal, le recouvrement a doublé. Il faut poursuivre cet effort et aller chercher ces milliards qui relèvent de la fraude."

Certains dénoncent un risque d’atteinte aux libertés avec l’accès de France Travail et des organismes sociaux à des données sensibles. Votre avis ?
"C’est un débat intéressant entre libertés individuelles et efficacité de la lutte contre la fraude. Je fais confiance au Parlement. Le texte trouvera un équilibre entre les deux."

"Le débat doit avoir lieu sur la prime de Noël"

Une autre polémique concerne les retraités américains qui viendraient se faire soigner en France. Que comptez-vous faire ?
"Ce sont des conventions diplomatiques entre États. Il faut ouvrir ce débat et remettre ces conventions sur la table."

Et sur la santé mentale, priorité du gouvernement ?
"Le 31 14 est le numéro de prévention du suicide, il sauve des vies. Nous devons avancer sur la détection précoce, notamment chez les jeunes. Nous augmentons le financement de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie, et nous renforçons l’accès à un soutien psy, remboursé par la Sécurité sociale."

Enfin, sur la prime de Noël que le ministre du Travail souhaite restreindre aux familles avec enfants ?
"Le débat doit avoir lieu. Nous devons trouver des économies, mais il n’y a aucune fermeture au débat."

Si vous perdez votre siège de députée dans le Loiret, quitterez-vous le gouvernement ?
"Il faut être cohérente, oui. Mais d’abord, il faut qu’on arrive à avoir un budget de la Sécurité sociale, car c’est important pour les Français."

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