Le meurtre de Nogent, l'Union des Droites, Bruno Retailleau, les Municipales... Éric Ciotti a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Meurtre de Nogent : "Notre société est de plus en plus violente"
La France a été secouée le 10 juin 2025 à la suite du meurtre de Nogent, en Haute-Marne, où un collégien de 14 ans a poignardé une assistante scolaire lors d’une fouille de sacs. L’adolescent, inconnu de la justice, ne semble pas avoir de regrets ou de compassion, selon le Procureur. Il était "en perte de repères par rapport à la valeur de la vie humaine" et n’était pas un grand utilisateur des réseaux sociaux. Un profil relativement atypique qui pose question. "Pourquoi ce crime ? C’est à la justice de le dire. Dans un acte aussi terrifiant, glaçant… et je pense aussi bien sûr à la famille de cette jeune éducatrice", analyse Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, président de l'UDR et auteur de "Je ne regrette rien" (Fayard). Pour lui, "cela traduit de façon globale" que "notre société est de plus en plus violente" et que "les jeunes ont de moins en moins de repères".
Le député des Alpes-Maritimes rappelle qu’il avait proposé plusieurs lois en 2010-2011. "Une pour responsabiliser les parents aussi", notamment avec la possibilité de supprimer les allocations familiales. Et la seconde qui visait à "rattraper ces gamins en déshérence" avec un "encadrement de type militaire". Des solutions qui, toutefois, n’auraient pas eu d’effet sur les événements de Nogent, le jeune n’ayant pas eu affaire à la justice auparavant. Ce qu’Éric Ciotti concède : "la situation individuelle, c’est à la justice" de l’éclaircir.
Société violente : "Je crois que la réponse est de réinstaller dans notre société de l’autorité. L’autorité dans la famille, l’autorité à l’école"
Si dans cette affaire les solutions n’auraient pas résolu le problème, Éric Ciotti refuse de rester inactif. "On a une responsabilité collective", affirme-t-il. "Chaque jour, il y a 1.000 coups et blessures volontaires" en France, rappelle Éric Ciotti qui précise que "ce chiffre a quasiment doublé depuis l’élection d’Emmanuel Macron". Les meurtres ou tentatives de meurtre sont, elles, environ 5.000 chaque année en France, un chiffre qui, là aussi, a "quasiment doublé depuis 2012", explique le président de l’UDR. "C’est un indicateur très pertinent."
Les politiques ont multiplié les propositions : portiques, interdiction des réseaux sociaux, interdiction de vente de couteaux… Des propositions qui semblent être une non-réponse à la problématique elle-même : "je ne me résous pas à ce que le politique soit impuissant", explique Éric Ciotti. "Il y a des réponses, il doit y avoir des réponses collectives." Lesquelles ? "Réinstaurer de l’autorité" mais aussi améliorer la santé mentale, notamment en prison. Il faut une réponse "globale", estime le député des Alpes-Maritimes. "Il n’y a pas de réponse gadget ! Les portiques, les réseaux sociaux, pourquoi pas, ça ne va pas dans le mauvais sens", souligne-t-il. "Mais je crois que la réponse est de réinstaller dans notre société de l’autorité. L’autorité dans la famille, l’autorité à l’école."
Présidentielle 2027 : Bruno Retailleau "est le représentant aujourd’hui d’un système qui a échoué"
Dans son livre "Je ne regrette rien", Éric Ciotti revient notamment sur l’accord conclu le 12 juin 2024 avec le Rassemblement National en vue des législatives. Et si l’échéance électorale la plus proche est celle des Municipales de 2026, ce sera sans aucun doute un test pour la Présidentielle de 2027. Et la question commence à se poser : est-ce que Bruno Retailleau, devenu l’homme fort du parti Les Républicains et qui pourrait être leur candidat en 2027, pourrait avoir le soutient d’Éric Ciotti ? "Très clairement non". "Il est le représentant aujourd’hui d’un système qui a échoué. Qui a échoué sur tout et qui continue à échouer."
Lorsqu’il a passé l’accord avec le RN, Éric Ciotti avait considéré que "le moment était venu que la droite s’unisse. Toutes les droites, avec leurs différences". Mais, entre temps, les changement ont été nombreux. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont fait le choix "de s’allier au premier tour des Législatives avec Manuel Macron" puis de faire une coalition "qui allait de LFI à LR", souligne le député des Alpes-Maritimes. Mais cette coalition a échoué. "Le pays a continué à s’enfoncer", déclare le député qui reproche à Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez "d’avoir été la bouée de sauvetage d’un macronisme en dérive".
Éric Ciotti candidat à la Mairie de Nice ? "Je me prépare à cette échéance"
Est-ce qu’Éric Ciotti tentera sa chance lors de la Présidentielle de 2027, alors ? "Non, je ne serai pas candidat", déclare le président de l’UDR. Il affirme qu’il soutiendra le candidat du RN car c’est "le candidat de notre alliance". Tout dépendra de la décision de justice sur l’inéligibilité de Marine Le Pen.
Quant à 2026 et l’élection municipale à Nice, la question est bien moins tranchée, voire tranchée dans le sens d’une candidature. "Je dois tout à Nice", rappelle le député des Alpes-Maritimes. "Je me prépare à cette échéance", affirme Éric Ciotti qui veut toutefois garder l’annonce pour les niçois. "Cette réponse, je la donnerai aux Niçois, à Nice… et dans pas longtemps." En somme, ce n’est qu’une question de temps avant que la candidature ne soit officialisée…
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