ENTRETIEN SUD RADIO - Sondage Ifop-Fiducial plaçant Marine Le Pen et Jordan Bardella largement en tête au premier tour de l'élection présidentielle, effondrement du bloc central, recomposition à gauche avec Raphaël Glucksmann, avenir du Parti socialiste (PS), justice fiscale, antisémitisme et situation au Proche-Orient : Jérôme Guedj a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Raphaël Glucksmann peut rebattre les cartes à gauche"
Jean-François Achilli : Que dites-vous de cette photographie politique issue du sondage, avec Marine Le Pen et Jordan Bardella autour de 35%, un bloc central effondré, et Raphaël Glucksmann à 16% quand Olivier Faure plafonne à 7% ?
Jérôme Guedj : "C’est une photographie tonitruante. La première information, c’est l’ancrage d’un vote Rassemblement national en dépit des fragilités du RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Ça devrait péter la figure de tout le monde et obliger tous ceux qui préparent 2027. La menace est là, bien là."
"Deuxième enseignement : c’est la démonétisation totale de tout ce qui de près ou de loin se rapproche du quinquennat Macron. Ça éclabousse même ceux qui ont pris leur distance comme Édouard Philippe. Le macronisme, c’est fini. Ce pari s’est fracassé sur la confusion poussée à l’extrême."
"Troisième enseignement, plus interne à la gauche : un discours républicain, social, écologique, clair et crédible peut rebattre les cartes. Raphaël Glucksmann incarne cette ligne et on voit une dynamique qu’il faut persévérer à travailler."
Raphaël Glucksmann, c’est un renouveau possible pour la gauche ?
"Il y a une dynamique autour de cette ligne politique à gauche. Quand on dit très clairement qu’on peut être une gauche républicaine, attachée à la justice fiscale, avec des propositions crédibles, les électeurs se disent que ça fonctionne mieux que le bruit et la fureur. Mais attention, une hirondelle ne fait pas le printemps."
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"Les socialistes n’iront pas dans ce gouvernement"
Sébastien Lecornu, nouveau Premier ministre, a fixé ses lignes rouges dans Le Parisien. Le PS doit-il entrer au gouvernement pour peser ?
"Dans ce gouvernement, c’est certain : les socialistes n’iront pas. Pas d’ambiguïté. La grande confusion nourrit l’extrême droite, nous ne voulons pas y contribuer."
"Le président a choisi de renommer un de ses très proches. Reste à savoir si Sébastien Lecornu peut s’exonérer de la tutelle d’Emmanuel Macron et construire un compromis sincère. Pour l’instant, les signaux ne sont pas suffisants. Son interview de vendredi a été une douche froide."
"Nous avons mis des propositions sur la table : hausse du salaire net, justice fiscale avec taxation des plus hauts patrimoines plutôt que mise à contribution de tous les Français, suspension de la réforme des retraites. Si Lecornu veut éviter la censure des socialistes, il doit en tenir compte. La balle est dans son camp."
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Vous parlez de censure, ça veut dire que vous pourriez renverser le gouvernement ?
"Je souhaite la stabilité mais pas à n’importe quel prix. Ce qui est insupportable, c’est l’idée d’un jour sans fin. Si le gouvernement persiste à ignorer nos propositions, il prend le risque d’être censuré."
"Je prends le plan Trump pour Gaza s’il permet libération des otages et protection des civils"
Sur le Proche-Orient, que pensez-vous du plan Trump pour Gaza ?
"Je m’accroche à tout ce qui ressemble à de la paix. Si les deux piliers du plan sont obtenus – libération des otages dans les 72 heures et protection des civils palestiniens, arrêt des massacres à Gaza – je prends immédiatement. Il reste beaucoup d’interrogations, mais c’est un pas en avant."
Vous alertez aussi sur l’antisémitisme qui monte en France…
"Tous les républicains doivent se mettre au clair. Ceux qui établissent des liens entre Français juifs et situation en Israël participent à un antisémitisme d’atmosphère. Hier encore, j’ai été abasourdi d’entendre un député expliquer que les Français juifs devraient se désolidariser de Netanyahou. C’est insupportable."
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