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"Israël est tombé dans le piège du Hamas" selon le général Vincent Desportes

Par Adélaïde Motte

"Israel est tombé dans le piège du Hamas", selon le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'École de Guerre. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

Le général Vincent Desportes, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 23 octobre 2023, dans “L’invité politique”.

Guerre d'Israël et conséquences sur le Liban, part de l'Iran, de la Russie, des États-Unis : le général Vincent Desportes a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Rien n'excuse le massacre perpétré par les Palestiniens le 7 octobre"

Alors que la guerre continue à faire rage en Israël, le général Vincent Desportes vient apporter un regard international sur la situation. Pour lui, "rien n'excuse le massacre perpétré par les Palestiniens le 7 octobre", mais la guerre est aussi "un piège", et très probablement "une opération perdant-perdant". En effet, Israël est face à deux "missions impossibles". La première : "détruire le Hamas. Le Hamas c'est une idéologie, un réseau, les grands dirigeants ne sont pas à Gaza mais plutôt au Qatar". Autrement dit, si Israël parvient à l'emporter sur son sol, "ça fera disparaître la menace un certain temps", mais pas durablement.

La deuxième mission consiste à libérer les otages, ce qui comporte un risque pour le capital sympathie d'Israël à l'international. "Israël ne peut pas laisser impuni, il y a un besoin de vengeance." Pour autant, "la loi du talion ne peut pas servir de stratégie". "Israël a encore un fort capital de sympathie dans le monde mais ce capital s'amenuise", détaille le général Vincent Desportes, qui alerte sur "le risque que devant le bain de sang, car c'est ça qui va se passer, Israël soit obligé d'arrêter". Israël a en effet annoncé que bientôt "si vous êtes encore dans la partie nord de Gaza, vous serez considéré comme terroriste". Une décision difficile, sans compter que "la guerre urbaine est ce qu'il y a de plus difficile, on se bat mieux dans un champ de ruines que sur un terrain ouvert".

"Nous avons creusé notre propre tombe"

Selon le général Vincent Desportes, "tout l'Occident est tombé dans le piège, on ne peut pas ne pas soutenir Israël, et en même temps..." En même temps, on ne peut nier que "l'extrême-droite israélienne n'a pas été raisonnable". Les torts de ce côté-ci de la balance ne vont toutefois pas qu'à l'extrême-droite israélienne, "nous avons nos propres responsabilités" pour deux raisons. D'abord la "stupide guerre en Irak déclenchée par Bush en 2003", "qui a donné du poids à l'Iran", qui veut "la disparition d'Israël", mais aussi la "stupide guerre en Lybie en 2011 qui a totalement déstabilisé le Sahel".

Ajoutons à cela le Liban, dont les problèmes sont "liés à l'affaire palestinienne". "Ce sont bien les Palestiniens qui ont déstabilisé totalement le Liban. Aujourd'hui, c'est bien le Hezbollah qui dirige le Liban". La guerre a des conséquences bien au-delà du Moyen-Orient. Elle est même du "pain béni" pour la Russie. "On connaît les liens entre la Russie et l'Iran et on connaît les liens entre l'Iran et le Hamas". "Est-ce qu'ils ont provoqué, je n'en sais rien", nuance le général Desportes, mais "est-ce que les États-Unis peuvent soutenir le conflit en Israël et en Ukraine en même temps, ce n'est pas certain". Sans oublier Taïwan, que lorgne la Chine et que surveillent les États-Unis.

La guerre en Israël, un "échec basé sur le déni du droit de vivre de cinq millions de Palestiniens"

Face à ce piège, la communauté internationale, et surtout la communauté occidentale, est bloquée. Cette guerre est "une défaite", un "échec basé sur le déni du droit de vivre de cinq millions de Palestiniens à qui on n'a pas permis d'avoir cet État", "on a commercé avec Israël sans les obliger à être francs sur leur politique palestinienne". Pour le général Desportes, il est important de "créer les conditions de la paix", ce qui signifie "avoir deux États", sans quoi "on sera toujours face au risque d'un embrasement général". Selon lui, "la guerre sert à changer les conditions politiques, on part en guerre quand on est dans un blocage". En cela, "le pari initial du Hamas est réalisé".

La situation en Israël semble donc maintenant insoluble, car "personne ne domine la guerre". La priorité est maintenant de "reconstruire un monde qui nous permette de vivre", "pour qu'enfin on arrive à trouver une solution pour la paix". La guerre "devrait être évitée", car lorsqu'elle intervient, "c'est que la politique a échoué". Or, "une fois que vous déclenchez la guerre, vous ne savez pas jusqu'où vous allez aller", "personne ne maîtrise une guerre qui a commencé".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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