La guerre Israël Iran, la politique de Benjamin Netanyahou, le conclave des retraites, le nouveau parti de Dominique de Villepin... Jean-Louis Bourlanges a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Guerre Israël Iran : "Trump, dans cette affaire, a été assez évidemment manipulé, très très brillamment par Netanyahou"
Donald Trump, sur son réseau social Truth Social, a annoncé fièrement avoir réussi à décrocher un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël. Une déclaration qui ne semble pas confirmée : Tel Aviv ne s’est pas prononcé tandis que Téhéran affirme que ce n’est pas le cas. "Cette affaire est depuis le début placée sous une ambiguïté profonde", analyse Jean-Louis Bourlanges, ancien député Modem et ancien président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Est-ce que le but était d’éviter la prolifération de l’arme nucléaire, ou "est-ce que c’est une opération de déstabilisation" du gouvernement iranien ? "Tout ça se discute."
Reste que pour l’ancien député, "Trump, dans cette affaire, a été assez évidemment manipulé, très très brillamment par Netanyahou". Ce dernier a réussi à "casser tout un ensemble de mesures" et notamment les négociations qui étaient en cours avec l’Iran justement concernant l’enrichissement de l’uranium. Benjamin Netanyahou "a amené Trump dans cette situation où il devait réagir".
Le Président américain se retrouve coincé : "il a le souci d’arrêter net", juge Jean-Louis Bourlanges, car il veut le Prix Nobel de la Paix et "ne veut pas trahir sa promesse présidentielle de ne pas engager les États-Unis". De fait, puisqu’il veut que ce conflit s’arrête, "le régime iranien reste debout". "Et ça c’est quelque chose que Netanyahou a du mal à accepter."
Nuléaire iranien : "Je ne sais pas si les Iraniens étaient décidés à avoir la bombe. Mais maintenant, je suis sûr, ils sont décidés à l’avoir"
L’objectif de l’attaque israélienne contre l’Iran reste incertain car "Israël n’a pas les moyens de faire quelque chose de substantiel". Et c’est le cas également dans les autres pays voisins d’Israël qui sont régulièrement bombardés. Netanyahou a ainsi déstabilisé le Hezbollah sans proposer une alternative. "Et sur l’Iran, il n’a aucun moyen" de faire changer le régime. "On ne voit pas vers quoi ça aboutit."
Selon lui, la "victoire" d’Israël n’est pas un réel avantage pour le pays. "J’en doute. Je ne sais pas si les Iraniens étaient décidés à avoir la bombe. Mais maintenant, je suis sûr, ils sont décidés à l’avoir." L’ancien président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale estime que les Iraniens ont compris que "si vous n’avez pas la bombe, vous vous faites avoir". Et, de fait, l’opération israélienne se révèlerait totalement contre-productive. En particulier car "l’arme nucléaire on peut l’avoir de plusieurs manières".
"L’arme nucléaire c’est une vieille technologie", rappelle l’ancien député, "qui est à la portée de beaucoup de monde". Si on a en tête les bombes larguées par les Américains sur le Japon, en réalité une arme nucléaire peut prendre plusieurs formes, comme une bombe à radioactivité qui contaminerait une large portion de terre pendant des milliers d’années, la rendant invivable.
Retraites : "On a d’immenses efforts budgétaires à accomplir qui vont toucher tout le monde"
Le conclave sur les retraites s’est terminé sur un échec pour François Bayrou lundi 23 juin 2025. Mais le Premier ministre ne lâche pas, et a convoqué les partenaires sociaux ce mardi 24 juin 2025 pour tenter d’arracher un accord. "D’une façon générale, François Bayrou estime que la France ne peut se redresser économiquement sans un accord assez général des forces sociales, des forces syndicales, notamment de la CFDT", explique Jean-Louis Bourlanges. "On a d’immenses efforts budgétaires à accomplir qui vont toucher tout le monde", rappelle-t-il, ce qui explique que le Premier ministre veuille un accord.
"Ce qui est frappant, ce qui me terrifie, c’est le contraste, depuis la dissolution, entre les exigences fondamentales qui pèsent sur le pays et puis ce misérable chemin de politique intérieure", détaille l’ancien député Modem. "On est dans un irréel total à l’Assemblée nationale.
Dominique de Villepin lance son parti : "Il est très sensible aux sirènes russes, et je crois que l’un des axes d’une redressement c’est prendre toute la mesure de la menace que représente Poutine"
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, a annoncé ce lundi 23 juin 2025 sa candidature à la Présidentielle 2027 et, surtout, le lancement de son parti, La France Humaniste. Jean-Louis Bourlanges estime que "Dominique de Villepin, ce sont des choix assez particuliers". "Je ne peux pas dire personnellement que je me reconnaisse dans ce philo-poutinisme, et je trouve qu’il n’a jamais été très européen". "Il est très sensible aux sirènes russes, et je crois que l’un des axes d’un redressement c’est prendre toute la mesure de la menace que représente Poutine." De quoi lui faire dire que "il est assez inadéquat".
Est-ce que Dominique de Villepin pourrait compter sur le vote de l’ancien président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale ? Pas vraiment, puisqu’il "ne pense pas" qu’il votera pour lui en 2027. "Je voterai très simplement pour celui des candidats issus du bloc central qui émergera entre les deux extrêmes." Son souhait ? Éviter le deuxième tour Mélenchon-Le Pen/Bardella (en fonction de la décision concernant l’inéligibilité de la patronne du Rassemblement national).
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