Le Budget 2026 et les économies prévues sur la santé et les collectivités locales, la position d'Edouard Philippe, les droits de douane américains... Arnaud Robinet a répondu aux questions de Benjamin Glaise.
Budget 2026 "Ce qui manque au gouvernement, c’est une vision, c’est une stratégie sur le moyen et le long terme"
Dans le budget 2026 présenté par François Bayrou, le secteur de la santé est durement mis à contribution avec 5,5 milliards d’euros d’économies annoncées. Le gouvernement assure vouloir responsabiliser les patients. "Ce discours on l’entend depuis des années", rappelle Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims et président de la Fédération Hospitalière de France (FHF). "La santé n’est pas gratuite. La santé a un coût, et c’est un fait." Toutefois, s’il est d’accord avec le message, il estime que les annonces ne sont que "temporaires". "Ce qui manque au gouvernement, c’est une vision, c’est une stratégie sur le moyen et le long terme." Le président de la FHF demande des "réformes en profondeur" et une "loi de programmation" pour le secteur de la santé.
Chez Horizons, assure-t-il, "on a conscience […] des déficits et de la situation budgétaire et financière de l’Etat". Une situation qui, selon lui, est en partie liée aux réformes "de la fiscalité locale que personne ne demandait". Il prend en exemple la suppression de la taxe d’habitation "qui coûte plus de 25 milliards d’euros à l’État aujourd’hui". "Est-ce que les Français ont l’impression d’avoir un pouvoir d’achat supplémentaire avec cette suppression ? Je ne le crois pas." Sans compter que certaines communes on répercuté la suppression sur la taxe foncière.
Budget d'austérité pour les collectivités locales : "On pourrait appeler ça du racket."
Autre poste d’économies, les dépenses des collectivités locales, de nouveau ciblées. "Pour les collectivités locales, c’est une catastrophe", affirme le maire de Reims. "Les collectivités locales représentent 7 % du déficit public, mais elles représentent 70 % des investissements sur le territoire national." Selon le projet du Budget 2026, estime Arnaud Robinet, "pour la communauté urbaine de Reims que je préside, c’est 16 millions d’euros en moins". "Ce n’est pas uniquement des baisses de dotations : on vient prélever directement sur les recettes de fonctionnement", dénonce l’élu. "On pourrait appeler ça du racket." Et les conséquences sont claires : "des investissements en moins sur l’ensemble du territoire".
"Il faut revenir là-dessus", demande le maire de Reims qui espère en des négociations.
Présidentielle 2027 : "Edouard Philippe n’est pas Emmanuel Macron. Ce ne sera pas le successeur d’Emmanuel Macron"
Edouard Philippe, à la tête du parti Horizons, a vivement critiqué le projet de Budget 2026 jugeant qu’il ne règle pas le problème. "C’est un discours réaliste", juge Arnaud Robinet, maire Horizons de Reims et président de la Fédération Hospitalière de France (FHF). "Les annonces qui ont été faits c’est un pansement sur une jambe de bois." Et la question se pose si François Bayrou, menacé de censure par l’opposition de gauche comme de droite, pourra compter sure vote des 34 députés Horizons. Rien n’est moins sûr. "Je pense que nous allons en discuter", affirme Arnaud Robinet qui assure qu’il y a "de fortes inquiétudes, de fortes interrogations". Toutefois, si le soutien n’est pas assuré, l’absence de soutien n’est pas forcément à craindre : "il est hors de question d’être sous la mainmise du FMI ou d’autres structures". Ce Budget "a la nécessité d’être amendé".
Faut-il voir dans la critique d’Edouard Philippe une stratégie en prévision de la Présidentielle 2027 à laquelle il a déjà annoncé sa candidature ? Lui qui a été le Premier ministre qui a duré le plus depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron peut-il être son successeur, son héritier spirituel ? "Edouard Philippe n’est pas Emmanuel Macron. Ce ne sera pas le successeur d’Emmanuel Macron." Pourquoi ? Car potentiellement le macronisme arrive à sa fin : "je ne suis pas sûr qu’il y ait véritablement un successeur", juge le maire de Reims. Il souligne l’évolution de la situation nationale et internationale depuis 2017 et affirme qu’il faut "changer totalement de logiciel".
Pour autant, en 2027, il faudra "un candidat unique de la droite et du centre pour gagner cette élection".
Accord USA-UE sur les droits de douane : "L’Europe bafouée, l’Europe humiliée on pourrait dire"
Donald Trump et Ursula von der Leyen ont annoncé, dimanche 27 juillet 2025, avoir trouvé un accord pour des droits de douane de 15 %, plus qu’espéré mais bien moins que les 30 % dont menaçait le Président américain. "L’Europe bafouée, l’Europe humiliée on pourrait dire", déclare Arnaud Robinet. "Ce n’est pas du tout un bon accord pour l’économie européenne et l’économie de la France."
Forcément, dans la région rémoise, les regards se tournent vers le champagne, également taxé et dont les exportations vers les États-Unis représentent près de 27 millions de bouteilles par an. "La seule chose positive c’est qu’aujourd’hui nous savons à quoi nous en tenir" ce qui permettra à la filière de s’organiser et revoir sa stratégie. "Mais ce n’est pas une bonne nouvelle, ça c’est clair."
Uber Eats, Deliveroo... la livraison de repas "c’est de l’esclavagisme du 21e siècle"
Le maire de Reims a pris un arrêté qui a été critiqué et même taxé de xénophobe : une régulation plus stricte des arrêts et stationnements des livreurs Uber Eats ou encore Deliveroo. "Je ne remets pas en cause le service", assure Arnaud Robinet. Mais il remarque qu’il y a "des rassemblements de livreurs" sur la voie publique qui "ramènent un ensemble de difficultés" pour la circulation et les riverains. "Il faut réguler le stationnement de ces livreurs." Il renvoie la responsabilité aux plateformes pour qu’elles prennent des mesures.
Les livreurs, selon lui, "c’est de l’esclavagisme du 21e siècle". "Sur 10 livreurs que vous contrôlez, il y en a la moitié qui sont en situation irrégulière" et "certains qui livrent autre chose que de la nourriture".
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