La reconnaissance de l'Etat de Palestine par Emmanuel Macron, la censure de Bayrou, la polémique de Bruno Retailleau... Guilhem Carayon a répondu aux questions de Benjamin Glaise.
Reconnaissance de l'Etat de Palestine par Emmanuel Macron : "une déclaration qui est paradoxale"
Dans une annonce surprise, Emmanuel Macron a déclaré le 24 juillet 2025 sur X (ex-Twitter) que la France reconnaîtra l’État de Palestine dès septembre 2025. Une décision vivement critiquée par Israël, alors que la guerre à Gaza se poursuit depuis plus d’un an et demi. "C’est une déclaration qui est paradoxale", estime Guilhem Carayon, vice-président délégué de l’UDR (Union des Droites pour la République). "Le président de la République contredit l’Emmanuel Macron d’il y a trois mois qui disait 'on conditionne la reconnaissance de l’État de Palestine à la libération des otages'" et à "l’éradication du Hamas". La réalité, selon Guilhem Carayon, "c’est que c’est une décision précipitée" et "un symbole". "Et quand il y a des vies humaines qui sont en jeu, les symboles comptent assez peu."
"Gaza est en train de devenir un cimetière à ciel ouvert"
La reconnaissance de l’État de Palestine reste soumise à certaines conditions, dont la démilitarisation du Hamas et un cessez-le-feu. Pas de quoi convaincre le vice-président délégué de l’UDR qui juge que "la parole du président de la République est délégitimée. Elle n’a plus de valeur. Elle n’a pas de valeur aujourd’hui au Proche-Orient." Il demande que la France ait une voix plus forte pour demander "la libération de tous les otages", "l’éradication du Hamas" et "la protection des vies civiles". "Je suis étonné de voir que même dans mon camp il y a peu de voix qui s’élèvent pour dénoncer ce qui est en train de se passer à Gaza", déclare Guilhem Carayon qui rappelle que plus de 1.000 Gazaouis qui sont morts en cherchant à récupérer des biens de première nécessité. "Gaza est en train de devenir un cimetière à ciel ouvert."
Reconnaissance de l'État de Palestine : "Emmanuel Macron accorde une forme de légitimité institutionnelle au Hamas"
La décision de reconnaître l’État de Palestine est majeure d’un point de vue des relations internationales, notamment car Israël est accusé de perpétrer un génocide à Gaza, et ce par de nombreuses instances internationales. Mais si Guilhem Carayon juge qu’il y a des "violations du droit international" de la part d’Israël, il rappelle que le pays doit répondre aux attaques terroristes du 7 octobre. Toutefois, l’attaque "ne justifie pas tout" et "il n’y a jamais de soutien inconditionnel à une riposte militaire".
Benajmin Netanyahou, Premier ministre, a, sans surprise, vivement critiqué la décision de la reconnaissance de l’État de Palestine jugeant qu’Emmanuel Macron "encourage la terreur". "Emmanuel Macron accorde une forme de légitimité institutionnelle au Hamas" qui "contrôle la zone à Gaza". "Je pense, pour cette raison là, que la décision du Président de la République est précipitée."
Gaza : pas de "génocide" mais des "des crimes de masse" et "violations manifestes du droit international"
Le vice-président délégué de l’UDR tient toutefois à mettre les choses au clair : "je ne crois pas qu’on puisse parler de génocide" à Gaza. Mais il concède qu’il y a "des crimes de masse", "des violations manifestes du droit international" tous les jours "dont Israël est effectivement comptable". Il refuse néanmoins de déclarer que Benjamin Netanyahou, déjà visé par un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI), devra répondre de ses actes. "La situation est extrêmement complexe, parce qu’on connaît l’attitude du Hamas" et notamment le fait que l’organisation cache dirigeants et cadres dans des bâtiments civils. "Il peut y avoir parfois des attaques qui paraissent disproportionnées, alors que ce n’était pas l’intention préalable de l’armée israélienne."
Budget 2026 : Bayrou "va sur le chemin de la censure"
François Bayrou va essayer de convaincre sur le bien fondé de son budget 2026 cet été, alors que la menace de censure se fait de plus en plus forte. D’ailleurs, Guilhem Carayon juge que le Premier ministre "va sur le chemin de la censure". "Aujourd’hui, il essaye de mettre un petit pansement sur une jambe en bois." Et, surtout, les économies de 44 milliards d’euros annoncées sont "beaucoup trop petites".
L’UDR a son propre plan pour réduire les dépenses de la France et sa dette. "Le premier poste d’économies, c’est d’abord le social. On dépense beaucoup trop dans le social", juge Guilhem Carayon. Il faudrait donc créer une "allocation sociale unique" dont le montant serait fixé à "deux-tiers du SMIC".
Ensuite, Guilhem Carayon aimerait que soient réalisées des économies sur "les dépenses toxiques, improductives, de l’État", formule par laquelle il cible les diverses agences comme le CESE ou encore l’Arcom "qui constitue maintenant presque une entrave à la liberté d’expression" alors qu’elle devrait la défendre, selon le vice-président délégué de l’UDR.
Et troisième poste d’économies : l’immigration qui est "une forme d’éléphant au milieu de la pièce". Le parti a demandé une commission d’enquête sur le coût de l’immigration pour la France pour "détailler" et "chiffrer".
Fin du macronisme : " je pense que Bruno Retailleau, s’il veut être cohérent vis-à-vis de ses convictions, de ses valeurs, a intérêt à partir le plus vite possible"
Un conflit interne a explosé au sein du gouvernement Bayrou lorsque Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur issu du parti Les Républicains, a déclaré que le macronisme touchait à sa fin. Une phrase pour laquelle il a été repris, y compris, selon les rumeurs, par Emmanuel Macron lui-même. Pour autant, le ministre reste en poste et ne compte pas démissionner. Pour Guilhem Carayon, la démission serait pourtant "la conséquence logique". "Je vois mal comment on peut rester ministre d’Emmanuel Macron" alors que le bilan est mauvais. "Bruno Retailleau est comptable d’un bilan qui est celui des dernières années et des derniers mois."
Si Bruno Retailleau ne veut pas démissionner, est-ce que le Premier ministre doit le virer ? "Les problématiques du camp central, ça ne nous regarde pas", affirme le vice-président délégué de l’UDR. "En revanche, je pense que Bruno Retailleau, s’il veut être cohérent vis-à-vis de ses convictions, de ses valeurs, a intérêt à partir le plus vite possible."
Mais qu’il ne pense pas à devenir le candidat d’une possible union des droites pour la présidentielle de 2027. il ne serait "certainement pas" un bon candidat, selon le membre de l’UDR. "Tous ceux qui auront gouverné, avec Emmanuel Macron, tous ceux qui sont comptables de sa politique ne pourront pas représenter les Français."
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