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Macronisme : "Un manque de respect" de Bruno Retailleau, pour Marc Ferracci

Par Aurélie Giraud

Macronisme : "Un manque de respect" de Bruno Retailleau selon Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

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Marc Ferracci interviewé par Benjamin Glaise sur Sud Radio, le 24 juillet 2025, dans “L’invité politique”.

Les droits de douane de Trump, le budget 2026, la loi Duplomb, Bruno Retailleau et la fin du macronisme... Marc Ferracci a répondu aux questions de Benjamin Glaise.

Droits de douane de Trump : "J’ai des inquiétudes, comme toute l’industrie française"

La menace de Donald Trump reste d’actualité : le président américain prévoit, en cas d’absence d’accord, de taxer à hauteur de 30 % les exportations européennes dès le 1er août 2025. Marc Ferracci, ministre de l'Industrie et de l'Énergie, demande une position plus ferme de la part de l’Union européenne dans ces négociations. "J’ai des inquiétudes, comme toute l’industrie française" qui doit faire face à une "guerre commerciale que nous n’avons pas voulue". "Tout doit être fait pour obtenir une désescalade, c’est à dire une baisse des tarifs", affirme le ministre.

L’enjeu c’est "l’emploi dans nos territoires", "la compétitivité de nos entreprises" ou encore notre "capacité à continuer à réindustrialiser" la France, explique Marc Ferracci. Il dénonce l’inefficacité des discussions menées jusqu’ici qui n’ont fait que durcir la position américaine. "Je pense qu’il faut mettre sur la table toutes les options, y compris les options qui sont aujourd’hui dans l’arsenal juridique" de la Commission européenne. "Le but c’est bien d’obtenir un retour à une situation acceptable pour nos industries."

"30 % de droits de douane, ce serait un risque mortel"

Si le 1er août 2025 les 30 % de droits de douane sont appliqués, la question de pose pour l’Union européenne de déclencher ce qui est surnommé le Bazooka Commercial, jamais utilisé à ce jour. "C’est la discussion qui a lieu aujourd’hui", confirme Marc Ferracci. Il souligne toutefois l’urgence de la situation : une des filières qu’il a rencontrées affirme que "30 % de droits de douane, ce serait un risque mortel". "Les chaînes de valeur, qui sont aujourd’hui très intégrées entre l’Europe et les Etats-Unis, disparaîtraient."

Pour le ministre de l’Industrie, "c’est la crédibilité du projet européen" qui est en jeu, et notamment celui d’un marché unique de 450 millions de consommateurs. "Nous avons besoin de faire valoir cet atout qui est important."

La question reste de savoir quel est le niveau acceptable, alors que le Japon a annoncé avoir conclu un accord pour une taxation à 15 %, au lieu des 30 % évoqués par Donald Trump. Un niveau similaire est-il envisageable en Europe ? "Ça dépend des filières", précise Marc Ferracci qui prend en exemple l’aéronautique aux chaînes industrielles "très intégrées". "Même 10 %, c’est ce que nous dit la filière, ce serait extrêmement difficile." Pour d’autres filières ça pourrait être viable, mais pas pour toutes. Et "à la fin, il y aura quand même des dégâts".

Baisse de la TVA sur les voitures électriques : "Je suis favorable à tout ce qui peut permettre d’électrifier les usages"

Gabriel Attal, qui a pris la tête de Renaissance, a lancé une proposition : une baisse de la TVA sur les véhicules électriques de 20 % à 5,5 %. "Je suis favorable à tout ce qui peut permettre d’électrifier les usages", affirme Marc Ferracci tout en rappelant que ce ne sont que des "discussions". L’objectif rest la décarbonation et l’électrification de la France, pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles qui "nous coûte très cher". Et elle nous rend dépendants d’acteurs tiers comme la Russie, l’Algérie ou encore l’Iran. "Nous avons besoin d’aller vers un modèle où l’électrification prend le relais" sur le pétrole. Mais il prévient : "il faut faire attention à une chose : quand on donne une incitation fiscale, que ça profite aux industries européennes et françaises". "Moi, ce que je veux, c’est créer des incitations à acheter français et européen."

"Tous les États proposent des aides pour favoriser l’installation des entreprises industrielles"

Alors que le gouvernement a annoncé 43 milliards d’euros d’économies dans son budget 2026, le rapport du Sénat qui estime à 211 milliards d’euros les aides aux entreprises fait débat. Car les entreprises sont très peu mises à contribution dans le budget présenté par François Bayrou qui semble se concentrer sur des économies faites sur les ménages. Marc Ferracci explique que ce chiffre "mélange un petit peu tout". "On mélange des aides directes, des aides à l’investissement, des exonérations, des niches fiscales… Ce n’est pas facile de s’y retrouver", concède le ministre. Mais attention : "tous les États proposent des aides pour favoriser l’installation des entreprises industrielles".

Le rapport pointe du doigt le manque de conditionnalité des aides. Mais ce ne serait pas le cas, selon le ministre de l’Industrie : "il y a toujours des contreparties aux aides". Si l’investissement n’est pas réalisé, "vous n’aurez pas un euro".

Il tient à rassurer les industriels et les entreprises, certaines s’inquiétant d’un rabotage du Crédit Impôt Recherche (CIR). "L’intégrité du CIR sera préservée" tout en expliquant que le gouvernement a fait "quelques ajustements". "Le CIR, c’est plus de 7 milliards d’euros. La grande masse de ce Crédit Impôt Recherche sera maintenu."

Par contre, il serait possible de faire des économies sur certaines niches fiscales, comme le mécénat d’entreprise, bien que rien ne soit décidé. "Ces niches fiscales, elles ont besoin d’être réévaluées", affirme Marc Ferracci. "Est-ce qu’elles atteignent les objectifs qu’elles se donnent", demande-t-il, ou est-ce qu’il y a des "effets d’aubaine" ?

Loi Duplomb : "Un texte qui a été adopté par les Assemblées a vocation à être promulgué"

La pétition contre la loi Duplomb, qui a recueilli un nombre record de signatures, continue d’alimenter les débats et les critiques envers le gouvernement. Le texte de loi est désormais entre les mains du Conseil Constitutionnel. Si ce dernier ne la censure pas, elle devrait être promulguée malgré l’opposition de la société civile, selon la ministre de l’Agriculture. "Un texte qui a été adopté par les Assemblées a vocation à être promulgué", déclare le ministre de l’Industrie. La pétition "ouvre droit à un débat", mais pas "à un vote".

Il rappelle que le sujet est de "trouver un équilibre entre les impératifs de santé publique et les impératifs de production de nos agriculteurs". L’acétamipride, pesticide qui serait réautorisé par cette loi, est au centre des crispations. "C’est un composant qui est autorisé par l’Union européenne" et notamment par l’EFSA, l’agence scientifique de l’UE. "26 États sur 27 autorisent l’acétamipride", ce qui implique que, dans le marché unique, ce pesticide se retrouvera sur les étals en France. Or, "en l’état actuel des connaissances scientifiques, cette composante, aux seuils d’exposition qui sont constatés, ne présente pas de caractère cancérigène avéré". "C’est ce que dit la science. Je veux faire confiance à la science."

"Je pense qu’il y a eu, dans les déclarations de Bruno Retailleau, effectivement quelque chose qui s’apparente à un manque de respect"

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur LR, a estimé que c’était le début de la fin du macronisme. "Il n’y a pas de malaise chez les macronistes", assure Marc Ferracci, macroniste de la première heure. S’il est "incarné par Emmanuel Macron", il y a derrière "beaucoup de Français qui se sont reconnus et qui se reconnaissent dans ce projet". "Il faut respecter ces Français-là", demande le ministre. "Je pense qu’il y a eu, dans les déclarations de Bruno Retailleau, effectivement quelque chose qui s’apparente à un manque de respect." Toutefois, il ne demande pas sa démission.

Faudra-t-il, pour que le macronisme survive à la fin du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, que ce dernier soit candidat en 2032 (ne pouvant pas l’être en 2027) ? la question d’une candidature est "une question qu’il faut lui poser" directement. "Je ne sais absolument pas, et je pense que lui-même ne le sait pas, ce qu’Emmanuel Macron fera en 2032."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio

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