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Drame de Millas : "La culpabilité peut aussi être utile, contrairement à ce qu’on pense"

Par Benjamin Jeanjean

Au lendemain du drame de Millas, où une collision entre un train et un car scolaire a causé notamment la mort de 5 enfants, Carole Damiani, docteur en psychologie clinique, était l’invitée du journal de 18h sur Sud Radio pour décrypter les enjeux et conséquences psychologiques de cette tragédie.

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Cinq morts, et 19 blessés. Tel est le bilan de l’accident entre un car scolaire et un train survenu ce jeudi sur un passage à niveau de Millas (Pyrénées-Orientales). Alors que l’enquête censée élucider les circonstances de cet accident n’en est encore qu’à ses débuts, la prise en charge psychologique des familles des victimes, des survivants et des autres élèves du collège de Millas a, elle, bel et bien commencé. Docteur en psychologie clinique et directrice de l’association Paris Aide aux victimes, Carole Damiani était aujourd’hui l’invitée du journal de 18h sur Sud Radio.

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"Il est important de faire parler les enfants qui ont vu mais aussi ceux qui n’ont pas vu et qui sont de toutes façons impactés, de façon à ce qu’ils puissent comprendre et mettre des mots sur ce qu’ils vivent et sur leurs émotions qui sont très lourdes en ce moment", déclare-t-elle d’emblée avant de souligner la précaution avec laquelle les psychologues devront aborder le sujet avec les enfants concernés. "On ne va pas les obliger à parler. Avec les enfants, on peut utiliser parfois d’autres médiateurs, à travers des dessins, des modes d’expression différents. Les psychologues sont formés à ça, ils savent qu’il ne faut pas forcer la parole mais qu’il faut être très vigilant pour le moment où se déclenchera cette parole. Il faut donc instaurer une relation de confiance de façon à ce que quand l’enfant sera prêt, il pourra le faire", explique-t-elle.

"Il faut un certain temps pour pouvoir s’en sortir"

Pour Carole Damiani, le travail d’écoute et de parole pourrait être compliqué par le statut de "double" victime de certains enfants. "Certains enfants sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu mais sont également en deuil. Ils ont à la fois une possibilité de présenter un traumatisme psychique et sont en deuil parce qu’ils ont vu mourir à côté d’eux leurs copains... Il faut bien prendre en compte ces deux dimensions. Très souvent, ces enfants portent une culpabilité très lourde, en se demandant pourquoi eux ont survécu alors que d’autres, non. La culpabilité nécessite qu’on en parle, qu’on comprenne ses racines. Contrairement à ce qu’on pense, elle est aussi utile en permettant de lutter contre l’angoisse et de trouver le fil qui va faire en sorte qu’on va pouvoir raconter une histoire autour de ça. Mais parfois, elle peut s’accrocher. De toutes façons, avec un tel événement, il faut un certain temps pour pouvoir s’en sortir. L’intervention en urgence est très importante parce qu’elle va initier un parcours", insiste-t-elle.

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