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Macron en tournée pour le centenaire de l'armistice 1918 : ambition mémorielle et calcul politique

Le président de la République entame une longue semaine de visites dans l'est et le nord de la France, à l'occasion du centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Une visite marquée par une ambition, mais aussi par un certain calcul politique.

7 jours complets de visites officielles en province, c’est très rare. Il n’y a guère que le général De Gaulle qui faisait ça.

En une semaine, sur les traces des batailles marquantes de la grande guerre, le président va visiter deux régions, 11 départements, 17 villes et volontairement, surtout les petites cités et les villages, et seulement deux métropoles, Strasbourg et Reims.

Ce voyage à travers la mémoire des soldats qui se sont sacrifiés pour la France devant s’achever à Paris devant l’Arc de Triomphe le 11 novembre, pour une cérémonie digne de cette commémoration du centenaire, avec Trump et Poutine.

Emmanuel Macron qui compare lui-même cette visite à celles que faisait le général De Gaulle.

Que n’aurait-on pas dit si le président de la République n’avait pas été à la hauteur d’un tel événement ? Le centenaire d’une telle tragédie européenne.

Dix ans après la mort du dernier poilu, le souvenir de la Grande guerre risquait de s’estomper. Il fallait célébrer ce passé tragique d’un affrontement fratricide entre Européens.

Le chef de l’État se devait d’en faire la pédagogie à travers ce long déplacement, de commémoration en commémoration, sur les lieux mêmes de la bataille de Verdun ou encore à l’endroit de la signature de l’armistice, à Retondes.

Tout ça a du sens. Voilà pour l’ambition, noble, reconnaissons-le.

Mais disons aussi que ces images, venant rappeler à tous que l’Histoire est souvent tragique, viendront appuyer opportunément la comparaison ‘dramatisante’ entre la période actuelle et les années qui ont suivi la guerre de 14, année où les nationalismes ont amené le chaos.

Une façon pour lui de se poser en recours, en rempart contre les extrêmes, et de retrouver une certaine gestuelle présidentielle.

En pleine période de chute de sa popularité, cette semaine dans le Nord et l’Est de la France tombe à pic pour Emmanuel Macron. Elle va lui permettre de montrer, dans des régions qui votent beaucoup RN, qu’il n’est pas le président des seuls urbains et celui seulement des fameux premiers de cordée, de ceux qui réussissent.

Pauvreté, centre-ville en déperdition, usines en faillite, ce sont tous ces sujets que le président veut affronter pendant ces visites. Macron veut en profiter pour montrer qu’il y est sensible, qu’il écoute ceux qui ont du mal dans la vie.

C’est peut-être un calcul, mais n’est-ce pas, au fond, ce qu’on attendait de lui, renouer avec sa capacité d’écoute ? C’est déjà ça, au moins.

Certains l’accusent d’avoir utilisé l’aspect tragique de l’Histoire à son seul profit et d’être un peu déconnecté de la réalité des Français.

C’est le risque de dramatiser à mauvais escient. L’exaspération des Français est telle qu’il a fort à faire. Il joue gros avec ce voyage. Plus d’écoute, moins de certitudes, trouver les mots justes.

Voilà sa feuille de route pour cette semaine. Sinon, gare aux européennes !

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