C’est un grand classique. Quand le bateau tangue, quelle que soit d’ailleurs la taille de la majorité, son hypertrophie ou son caractère riquiqui, les députés s’interrogent car leur base les interroge. "Je me fais engueuler tous les week-end dans ma circonscription" raconte un élu rural d’En marche.. Sur le pouvoir d’achat bien sûr, cette étiquette du Président des riches qui colle désormais à la chaussure du Président et de ses élus comme le sparadrap du capitaine Haddock. Ajoutez à cela un bateau sans gouvernail depuis des mois, je veux parler du parti présidentiel En Marche, et vous comprenez les doutes et les fissures qui commencent à se faire jour.
En effet, on en a très peu parlé car dans la masse, c’est un peu passé inaperçu. Ces 16 députés qui ont quitté le groupe majoritaire, ou l'UDI pour composer leur propre groupe "libertés et territoires". Ça n’a l’air de rien mais ça dit le malaise au sein du groupe majoritaire. Et puis, il y a ces tractations, ces négociations de marchand de tapis pour arracher des amendements de la part des députés venus des rangs de la gauche, comme Sacha Houllie, qui a mené une bataille homérique pour arracher à Matignon, le rétablissement de la fameuse demie part des veuves supprimée par Nicolas Sarkozy. Ça tiraille, de ce côté là de la République en Marche pour convaincre le président de mettre un peu d’eau sociale dans son vin libéral.
Mais ça tiraille aussi à la droite de LREM. Pour accentuer les réformes, aller plus vite encore que la musique pour reconquérir un électoral de droite qui lâche le président au fil des enquêtes d'opinion. Et la colère monte aussi au sein du groupe contre les absentéistes professionnels. On cite toujours Bruno Bonnell, député de Lyon, qui semble être le champion toute catégorie de ce sport vieux comme l’assemblée mais il n’est pas le seul. "Il y a trop de députés qui n’ont pas pris la mesure du job", s’énerve un jeune élu, qui a longtemps été assistant parlementaire et donc connaît la musique.
En clair, c'est une majorité qui doute, un Président qui ne la rassure pas et une inquiétude sourde qui monte...Et elle a un nom cette sourde qui monte, elle s’appelle Marion Marechal. Si la gauche semble disloquée, et l’opposition principale la France Insoumise abimée par les excès de tempérament de Jean-Luc Mélenchon, les marcheurs et la droite regardent avec une certaine inquiétude la montée en puissance, au moins dans les sondages, de Marion Marechal. Les sympathisants de droite semblent, si l’on en croit le dernier sondage Ipsos, vouloir en faire leur arme fatale pour la prochaine présidentielle. Là encore, la majorité se divise. Certains pensent tout haut "c’est bon pour nous, la peur de cette extrême droite nous garantira les voix de gauche et du centre", d’autres plus inquiets, pensent qu’on ne pourra pas rejouer "Macron ou le chaos" en 2022 et que surtout, la nièce n’est pas la tante. Même si sur le plan idéologique, elle est plus dure que sa tante.... Mais, en terme d’image elle est jeune, plutôt libérale, elle apprend vite ... La recette a plutôt réussi à un certain Emmanuel Macron en 2017.