Ça veut dire qu’à partir de 2019, le fisc va lancer une expérimentation afin de surveiller notamment tous les messages ou les images que les Français postent sur les réseaux sociaux.
Alors vous me direz qu’est ce qu’on peut bien trouver sur Facebook ou sur Instagram qui puisse intéresser la direction des impôts ?
Et bien Patrick si vous aimez vous faire prendre en photo régulièrement devant une Ferrari, le fisc émettra une alerte qui dira 'Attention Monsieur Patrick Roger a peut-être une Ferrari. Et ça ne correspond pas forcément avec ses revenus. Donc il triche. Donc on va vérifier.'
Ce n’est plus du contrôle fiscal. On va passer dans le domaine de la traque.
Mais ça n’a pas l’air de poser d’état d’âme à Gérald Darmanin. Puisqu’il a expliqué qu’il s’agira de "déceler des signes d’un niveau de vie en inadéquation avec les revenus déclarés". Avant d’ajouter : "Nous allons pouvoir mettre les réseaux sociaux dans une grande base de données", annonce Gérald Darmanin. "Souvent, les Français se photographient eux-mêmes sur les réseaux sociaux et ce sont vos comptes personnels qui seront regardés puisqu’ils sont publics" a-t-il déclaré.
C’est donc Big Brother au service du fisc.
Et c’est ça qui est terrifiant dans les propos d’un ministre, qui par ailleurs ne cesse de dénoncer le pouvoir exorbitant des Gafas (Google, Facebook, Amazon, Apple…)
D’un côté l’État vient de mettre en place des barrières pour que ces monstres ne puissent pas exploiter nos données personnelles. De l’autre côté, il s’exonère de ses propres règlements pour avoir accès à tout ce qui touche à votre vie privée : photos, messages ou tweets afin de nous suspecter. Comme si nous étions tous des fraudeurs en puissance.
Est ce que tout cela est bien légal ?
Gérald Darmanin a expliqué que la Commission Informatique et Libertés a donné son accord. Par ailleurs le Parlement a adopté, en catimini, il y a un mois un projet de loi contre la fraude, qui crée un nouveau service de police fiscale. Il s’agira d’une cinquantaine d’agents spécialisés, qui pourront utiliser les écoutes, les filatures mais aussi l’intelligence artificielle pour exploiter les données qui circulent sur les réseaux sociaux. Compte tenu de toutes les atteintes aux libertés individuelles que cela entraine, il faut espérer que le conseil constitutionnel soit saisi et oblige le Ministre à corriger sa copie.