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"Les campagnes de boycott peuvent avoir un effet sur les relations commerciales, mais aussi l'image d'un pays"

Sur le front des tensions entre la Turquie et la France, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du conseil italien Giuseppe Conte soutiennent Emmanuel Macron et condamnent les propos du président turc. Dans ses récents discours, ce dernier s'en prenait à la santé mentale de son homologue français après le rappel du droit à la caricature lors de l'hommage national à Samuel Paty, ou qualifiait la politique française de "campagne de haine" contre les musulmans, comparant même la situation à celle des juifs avant la seconde guerre mondiale. Après l’appel au boycott des produits français dans nombreux pays arabo-muslman, Koweit et Qatar en tête, le président Erdogan se place en figure de proue d’une opposition contre Emmanuel Macron. Avec une possible baisse des échange entre la France et la Turquie ?

Des étales de Kiri vide à Koweït. (YASSER AL-ZAYYAT / AFP)
Reportage Sud Radio de Mathilde Jullien

 

En Turquie la France est un investisseur majeur, avec 450 entreprises implantées et 150 000 emplois. Du côté des exportations françaises, les trois quarts concernent la sidérurgie, les équipements de transport et l’aéronautique. Des produits difficiles à boycotter, explique Stéphane Salvetat, de la chambre de commerce franco-turque:

"Renault, qui est le premier exportateur en Turquie, lorsqu'il achète de l'acier chez ArcelorMittal, c'est pas parce qu'il y a un appel à la télé qu'ils vont arrêter d'acheter de l'acier à ArcelorMittal à Fos-sur-Mer. Donc au niveau industriel, il n'y a pas de risque de voir une baisse de nos exportations françaises par rapport à un boycott." - Stéphane Salvetat, chambre de commerce franco-turque

Mais les appels au boycott trouvent un écho très fort chez les consommateurs du monde arabo-musulmans. L’agroalimentaire et les cosmétiques pourraient être impactés si la surenchère continue, selon Pascal Boniface, géopolitologue:

"On sait que les campagnes de boycott peuvent avoir un effet important sur les relations commerciales, mais également sur l'image d'un pays. Le risque, c'est surtout qu'il y ait un effet de contagion et qu'il y ait une surenchère de certains dirigeants et leader d'opinions arabes pour ne pas laisser cet espace au seul Erdogan." - Pascal Boniface, géopolitologue

Pour l’heure, l’impact commercial s’annonce limité, mais Paris s’inquiète de la valeur symbolique de ce boycott qui fait apparaître la France comme un pays hostile à l’islam.

 

La Turquie importe moins de produits agricoles français que le Koweït ou l'Egypte

La France est un investisseur majeur en Turquie, et après l'escalade de tension entre Paris et Ankara suite à l'appel au Boycott des produits français par Erdogan,
une question se pose : Y'a t'il un risque réel d'impact économique ? Pas selon le secrétaire général de la chambre de commerce franco-Turque, Stéphane Salvetat

"Sur les 15 milliards d'euros qu'on échange avec la Turquie, il n'y a pratiquement pas de produit à base agricole comme des fromages ou autres qu'on peut avoir pour le Koweït ou l'Egypte par exemple. Donc déjà, il ne peut pas y avoir de boycott sur des marques françaises agro-alimentaires. Au niveau des produits type industriel qui sont la base des exportations françaises, il n'y a aucun risque: aujourd'hui Turkish Airlines, qui a la moitié de sa flotte en Airbus si ce n'est plus, ils ne vont pas arrêter d'acheter des pièces détachées. Donc au niveau industriel, il n'y a pas de risque aujourd'hui de voir une baisse de nos exportations françaises par rapport à un boycott." - Stéphane Salvetat, secrétaire général de la chambre de commerce franco-Turque

 

"Rappeler notre ambassadeur, c'est se couper de voies de communication au plus haut niveau, c'est assez important dans la gradation des mesures diplomatiques"

Dans l'escalade de tension entre Paris et Ankara, il y a certes une réelle opposition sur plusieurs dossiers (Syrie, Libye, Gaz en Méditerranée, Haut Karabakh). Mais il y a aussi un affrontement politique qui a poussé Emmanuel Macron a rappeler son ambassadeur d’Ankara. Une tactique du bras de fer qui, selon Didier Billion, spécialiste de la Turquie à l'IRIS, fait le jeu d’Erdogan: "Merkel choisit de jouer le dialogue et la pression: c'est plus compliqué et long. Macron choisit d'en découdre en se plaçant quasiment au même niveau d'Erdogan. Je ne crois pas que ça soit la bonne méthode, car Erdogan en joue, de cette rhétorique: cela fonctionne pour une partie de son électorat." - Didier Billion, spécialiste de la Turquie 

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