3 juin 2025. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine s'inscrit dans la durée et semble s'enliser malgré la mobilisation de la communauté internationale. Invité de Sud Radio, Jacques Baud, auteur de "Guerres secrètes en Ukraine" (éd. Max Milo), spécialiste des pays de l'Est, ancien membre du service de renseignement stratégique suisse et chef de la doctrine des opérations du maintien de la paix des Nations Unies, lève une partie du voile sur ces guerres clandestines dont on ne parle pas entre les deux pays.
« Deux philosophies différentes au niveau des actions clandestines »
« Il y a deux philosophies des opérations clandestines entre la Russie et l'Ukraine. On est dans deux philosophies qui sont très différentes au niveau des actions clandestines. Les Russes sont très actifs sur le plan clandestin et voient la guerre clandestine comme un élément de la guerre en général. Donc, ils ont une compréhension holistique de la guerre. Tout doit participer, c'est dans le même ''tuyau'', quelles que soient les formes : la diplomatie, l'économie, la guerre clandestine, la guerre physique. Tout ça doit aller dans la même direction. Il doit y avoir une cohérence dans tout ça. »
« Pour l'Ukraine, il faut que la population russe sente la guerre »
« Pour les Ukrainiens, le problème est un tout petit peu différent. On a cette idée de faire des opérations qui sont finalement plus pour satisfaire l'opinion publique occidentale que pour des résultats tangibles sur le terrain. C'est en 2023 qu'on a entendu les premières ébauches de cette idée que, n'ayant pas de succès sur le terrain, il fallait en fait créer une sorte de front à l'intérieur de la Russie. Comme disait Zelensky lui-même, il faut que la population russe sente la guerre, ressente la guerre. La finalité des Ukrainiens dans ce conflit, ce n'est pas seulement que la Russie s'affaiblisse, mais que le régime de Vladimir Poutine s'effondre car tant que la Russie existe et tant qu'elle reste un adversaire digne de ce nom, et bien l'Ukraine ne pourra pas rentrer dans l'OTAN. Donc, pour l'Ukraine, il faut affaiblir la Russie, il faut que son régime s'effondre de telle manière à ce que cette menace russe disparaisse. »
« Une guerre aussi de l'information et de l'influence »
« Et puis, la particularité de ce conflit, c'est aussi la guerre de l'information ou guerre de l'influence, qui a pris une place centrale dans ce conflit parce que le 25 février 2022, c'est-à-dire au lendemain du début de l'opération, Zelensky comprend qu'il est parti dans quelque chose qui le dépasse. Car après avoir eu lui-même d'organiser une conférence de paix, l'Union Européenne lui fait savoir qu'elle ne parlera pas avec les Russes et mettra 450 millions d'euros (sur la table) pour acheter des armes. » Un conflit que les Européennes imaginaient certainement de courte durée mais qui ressemble aujourd'hui de plus en plus à une guerre sans fin.