27 février 2025, l'invitée politique de Sud Radio est Rima Hassan. Interrogée durant une demi-heure au micro de Sud Radio sur le conflit israélo-palestinien, l'attaque du 7 octobre, l'Etat de Palestine et les bombardements d'Israël sur la bande de Gaza, la députée européenne LFI encaisse les questions musclées, esquive, interpelle, riposte, répond, argumente et contre-attaque même. Avec un certain brio, confirmant qu'elle maîtrise particulièrement bien le sujet. Morceaux choisis de ce grand moment d'interview radio 2025.
"il n'y aurait pas eu les attaques du 7 si on n'avait pas tous collectivement fermé les yeux sur la nécessité d'avoir une perspective politique pour le peuple palestinien"
Sur le développement du Hamas et sa mainmise sur la bande de Gaza, Rima Hassan insiste : « C'est quand même très important de rappeler que la responsabilité du développement du Hamas faisait pleinement partie de la stratégie de Netanyahou et que vous avez Smotrich, qui est le ministre des Finances, qui a dit à la télé israélienne que le Hamas est un atout et que l'autorité palestinienne qui a embrassé la voie diplomatique et renoncé à la lutte armée est un fardeau. Le développement du Hamas s'inscrit dans la faillite politique du sujet palestinien. Tout le monde a une responsabilité. Et il serait temps de le reconnaître. Et il n'y aurait pas eu les attaques du 7 si on n'avait pas tous collectivement fermé les yeux sur la nécessité d'avoir une perspective politique pour le peuple palestinien, parce que c'est dans ça que ça s'inscrit. »
"Un acquiescement total des autorités israéliennes sur le développement du Hamas"
A la question si les actions terroristes du 7 octobre sont justifiées selon elle, Rima Hassan souligne qu' « une explication n'est pas une justification. Donc maintenant, il faut respecter les démarches qui consistent à recontextualiser et à expliquer ce qui s'est passé politiquement dans cette région depuis des décennies. Et notamment la faillite politique de l'autorité palestinienne, la poursuite de la politique coloniale, la poursuite de la politique d'occupation et un blocus illégal qui a été imposé à la bande de Gaza avec un acquiescement total des autorités israéliennes sur le développement du Hamas. »
"Gaza est une population sacrifiée"
Quand elle écrit sur X : « On sacrifiera autant de générations que nécessaire », Rima Hassan – née en 1992 dans le camp de réfugiés palestiniens de Neirab, près d'Alep - se justifie en estimant que « je suis une génération sacrifiée. Celle de mes parents a été une génération sacrifiée. Celle de mes grands-parents a été une génération sacrifiée. Celle de mes arrière-grands-parents a été une génération sacrifiée. Ça fait 4 générations que les réfugiés palestiniens sont abattus. Quand vous avez 4 générations de réfugiés palestiniens qui sont sacrifiées depuis la Nakba (exode palestinien de 1948), que vous avez des résolutions des Nations unies extrêmement claires sur le droit au retour et que ce droit au retour ne s'applique pas, moi, c'est une population qui est sacrifiée. »
"C'est un procès de suspicion qui est fait et il est fait parce que je suis d'origine arabe"
Soupçonnée de faire un appel déguisé au djihad, Rima Hassan muscle son jeu : « Mais je rêve ou quoi ? Je suis pas venue pour polémiquer sur des fantasmes que vous avez. Que les choses soient bien claires : vous n'allez pas accoler la question du djihad, de l'islamisme ou de je ne sais quoi d'autre à partir du moment où vous avez une arabe qui s'exprime sur le sujet. C'est un procès de suspicion qui est fait et il est fait parce que je suis d'origine arabe et que je m'appelle Rima Hassan. »
"Le mode opératoire du Hamas est un mode opératoire terroriste"
Enfin, quand il lui est demandé sa définition du Hamas, la députée LFI argumente et n'hésite pas à verbaliser les termes de ''crimes de guerre'' et ''mode opératoire terroriste'' : « Le Hamas est un mouvement religieux initialement qui s'est structuré en groupe politique, qui a été élu et ensuite qui a développé une branche armée. C'est ça, le Hamas. Le mode opératoire du Hamas est un mode opératoire terroriste, comme ça a été le cas du FLN, du parti de Mandela (l'ANC). Malheureusement, vous avez eu très souvent dans les mouvements décoloniaux eu des attaques de ce type (...) Par contre, ce n'est pas parce que les résolutions des Nations unies sont extrêmement claires sur le droit des peuples colonisés à avoir recours à la lutte armée que les procédés de la lutte armée justifient tout. C'est-à-dire que ce droit à résister contre une occupation étrangère est parfaitement encadré en droit international. Vous n'avez pas le droit de prendre en otage des civils. Vous n'avez pas le droit de commettre un certain nombre d'exactions telles qu'elles ont été commises. Et je rappelle quand même que moi et mon parti avons quand même très souvent rappelé que c'était effectivement des crimes de guerre. »