Depuis l'annonce de l'utilisation en prison par Salah Abdeslam d'une clé USB introduite lors d'un parloir par son ex-compagne radicalisée, Maeva B., la stupéfaction fait peu à peu place à une forme de sidération tant on pouvait imaginer qu'un tel détenu considéré comme l'un des plus dangereux de France vivait dans une bulle quasi « hermétique ».
Et pourtant, c'est une loi de plus bien incongrue qui a permis au dernier rescapé des commandos des attentats du 13-Novembre de pouvoir récupérer et visionner cette clé USB contenus des vidéos de propagande djihadiste. Un « immense trou dans la raquette » qui s'explique parfaitement, comme l'a détaillé ce mardi matin au micro de Sud Radio, Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP-UNSA Justice.
« Depuis 2009, les personnels pénitentiaires n'ont plus le droit de fouiller de manière systématique les détenus de façon intégrale »
« Comment est-ce possible dans une prison ultra sécurisée ? s'interroge Wilfried Fonck. Tout simplement parce que les parloirs aujourd'hui dans les prisons françaises sont une porte d'entrée pour bon nombre d'objets, que ce soient des clés USB, mais également des téléphones portables, des produits stupéfiants. Car malheureusement depuis 2009, les personnels pénitentiaires n'ont plus le droit de fouiller de manière systématique les détenus de façon intégrale, c'est-à-dire de les mettre nus à l'issue de ces parloirs. Donc forcément derrière, vous avez une brèche et cette brèche est encore plus grande puisqu'on enlève des outils aux personnels pénitentiaires pour pouvoir effectuer leur travail. »
L'alerte de Wilfried Fonck (@syndicatufap) : "Les parloirs sont une porte d'entrée pour tout. Et depuis 2009, les surveillants ne peuvent plus fouiller intégralement les détenus après les visites, même les terroristes !" #SalahAbdeslam #GrandMatin https://t.co/BoVjtk0NvL pic.twitter.com/m9vJfOGyYj
— Sud Radio (@SudRadio) November 11, 2025
« Les détenus terroristes bénéficient des mêmes conditions que le commun des autres détenus »
« Aussi surprenant que cela puisse paraître, les détenus terroristes en France bénéficient des mêmes conditions de détention ou de prise en charge que le commun des autres détenus, poursuit Wilfried Fonck. Depuis la création des quartiers de lutte contre la criminalité organisée, vous avez des dispositions dérogatoires concernant ces détenus pour le narcotrafic alors qu'à contrario, il n'y a rien du tout pour les terroristes. »
« C'est-à-dire que c'est le droit commun qui s'applique pour eux, poursuit-il, quand bien même depuis plus de dix ans, l'UFAP-UNSA Justice ne cesse de demander des établissements spécialisés et adaptés au profil des détenus, comme par exemple les terroristes islamistes. Avec derrière forcément des prérogatives et des dérogations aux droits communs pour pouvoir assurer la sécurité des établissements, des personnels, mais aussi plus largement la sécurité publique. »
« Aujourd'hui, il vous est beaucoup plus difficile de passer avec un coupe-ongles dans un avion que de rentrer une clé USB ou des produits stupéfiants à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire »
« On en arrive aujourd'hui à cette situation aujourd'hui. Alors aujourd'hui c'est cela, demain ce sera peut-être un autre, et malheureusement on n'a pas cette possibilité de pouvoir endiguer les entrées d'objets interdits à l'intérieur des établissements, tout simplement par manque de prérogatives législatives pour les personnels pénitentiaires. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il vous est beaucoup plus difficile de passer avec un coupe-ongles pour monter dans un avion que de rentrer une clé USB ou des produits stupéfiants à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire. Et au-delà de cette fameuse porte d'entrée avec les parloirs sans dispositif de séparation, vous avez aussi tous les phénomènes de projection au-dessus des murs et puis aujourd'hui, avec l'évolution technologique, les livraisons par drone quasiment directement à la fenêtre de la cellule. »
« La sécurité a un coût financier et un coût humain parce qu'ils nous font des moyens, conclut Wilfried Fonck, secrétaire national UFA-PUNSA Justice. Mais là, j'ai envie de dire qu'à partir de mercredi, le gouvernement va commencer à regarder le budget de l'État et il va vraiment falloir mettre des moyens pour les prisons françaises. »