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Abdeslam, Lelandais, Guy Georges, Landru : pourquoi les pires monstres fascinent autant certaines femmes

Par Emmanuel Mottet

DECRYPTAGE SUD RADIO - Salah Abdeslam marié en prison, Nordahl Lelandais devenu père derrière les barreaux, Guy Georges qui croulait sous les lettres d'"admiratrices". Pourquoi certaines femmes sont-elles attirées par les pires criminels ?

justice / gilets jaunes
Damien MEYER - AFP

 À l’approche des dix ans des attentats du 13 novembre 2015, le dernier membre du commando terroriste encore en vie fait de nouveau parler de lui. Emprisonné depuis mars 2016, Salah Abdeslam n’était plus que le mauvais souvenir d’une nuit d’horreur ayant frappé la France. Mais le djihadiste a une nouvelle fois fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours.

L’isolement n’a visiblement pas eu d’effet sur sa radicalité du djihadiste. Alors que le terroriste croupissait à l’isolement dans la prison de Vendin-le-Vieil, il tout de même pu regarder via une clé USB de la propagande de l’État islamique grâce à la complicité de son ex-femme Maéva B, qui avait introduit l’appareil pendant un parloir.

Des centaines de lettres reçu par Abdeslam

Une visite permise par l’union du mariage, qui s'était déroulée entre les deux par téléphone durant l’été 2022 à la prison de Fleury-Mérogis. C’était Maéva B. elle-même qui s’était manifestée auprès d’Abdeslam pour lui signifier sa volonté de se marier. Parmi les centaines de lettres que recevait le terroriste, c’est vers cette "admiratrice" que son choix s’est tourné. Radicalisée, elle est d'ailleurs aujourd’hui placée en garde à vue pour “association de malfaiteurs terroriste” et soupçonnée d'avoir participé à la préparation d'un projet terroriste. Une trajectoire qui a forcément dû séduire l’ancien soldat de l’État islamique...

Une attirance psychologique qualifiée d'"hybristophilie"

Au-delà de cette étrangeté voire déviance qui consiste à vouloir se marier avec un terroriste, cette attirance de certaines femmes pour un terroriste, un criminel, un violeur ou un tueur en série, révèle d'un mécanisme psychologique clairement identifié qui porte le nom d’hybristophilie. Un phénomène plus connu sous le nom de “syndrome de Bonnie and Clyde”.

L’exemple de Salah Abdeslam n’est pas isolé. Condamné à la perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys et accusé d'autres assassinats, Nordahl Lelandais ne semble pas éprouver de difficultés, même derrière les barreaux, à entretenir des relations intimes. Il est ainsi devenu père d’un petit garçon en 2023 alors qu'un an auparavant, il avait été surpris en train d'avoir une relation sexuelle avec une nouvelle visiteuse lors d'un parloir.

800 demandes en mariage pour Landru !

Sans se marier en prison pour autant, Guy Georges - tueur en série de femmes dans les années 1970 à 90 dans l'Est parisien - recevait, lui aussi, des milliers de lettres d’amour mais aussi plus de 400 demandes de mariage. Un phénomène qui s’est aussi observé plus récemment encore dans l’affaire Cédric Jubillar. Accusé du meurtre de sa femme Delphine disparue en décembre 2020, l’ex-peintre s'est engagé dans une nouvelle relation amoureuse depuis son incarcération en 2021. Et bien avant eux, Landru - tueur en série de 11 femmes au début du XXe siècle - avait été le premier du genre à recevoir des milliers de lettres enflammées et jusqu'à 800 demandes en mariage.

Des lettres enflammées comme supports de fantasme

Même si les parloirs sont autorisés, ce sont surtout les échanges de lettres qui jouent un rôle central dans ces relations. Selon les psychologues, la distance physique et le cadre carcéral permettent à certaines femmes de projeter leurs fantasmes sans confrontation directe avec la réalité du crime. Ces lettres deviennent alors des supports de fantasme, de spiritualité ou de rédemption. Par exemple, dans la correspondance entre Maéva B. et Salah Abdeslam, certaines lettres mêlaient à la fois la ferveur religieuse et l’émotion intense : “Cette nuit, Allah m’a fait rêver de toi [...] mes yeux éprouvaient beaucoup de mal à retenir mes larmes.” “Qu’Allah nous éloigne de l’enfer.”

Fascination du danger et besoin d'amour exclusif

D’autres mécanismes psychologiques sont également identifiés. Chez certaines femmes, le fantasme du sauveur peut s’opérer dans la volonté de vouloir réparer ou guérir le criminel par amour. La fascination du danger est aussi un moteur puissant, le caractère transgressif attire — on pourrait même le considérer comme une forme de défi à la norme sociale. 

Le besoin d’amour exclusif : la prison garantit en effet une forme de fidélité et de dépendance affective. Enfin comme dans le cadre de l’affaire Abdeslam, l’union en prison peut aussi s’apparenter à une projection spirituelle ou idéologique. Notamment dans les cas de radicalisation où la relation devient un prolongement de la foi ou du combat politique. Assurément, le coeur a sa raison que la raison ne connaît pas.

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