ENTRETIEN SUD RADIO - Rentrée politique sous tension, répartition des postes clés à l’Assemblée nationale également avec le RN, avenir du gouvernement, menace de dissolution : Naïma Moutchou a répondu aux questions de Jean-François Achilli.
"Le RN doit obtenir des vice-présidences de l'Assemblée nationale"
Jean-François Achilli : Avec 123 députés à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national n'a pourtant pas de vice-présidence. Doivent-ils en récupérer ?
Naïma Moutchou : "C’est une scorie, une erreur, même une faute. Je respecte les règles. La règle, c’est la représentation proportionnelle des groupes. Chacun a droit à des postes à responsabilité, qu’on partage ou non leurs idées. On ne peut pas manipuler le règlement selon l’avantage politique du moment, sinon on abîme l’institution."
Il faudra prendre ces postes quelque part, cela veut dire réduire le nombre de postes à gauche ?
"Probablement oui. Il faudra rééquilibrer absolument. Cela veut dire que certains groupes, notamment à gauche, devront rendre des sièges pour rétablir la représentation normale. C’est une question d’équité et d’image démocratique, pas de sympathie ou d’adhésion."
Ces postes ne sont donc pas des cadeaux faits au RN ?
"Ce ne sont pas des butins de guerre mais des fonctions institutionnelles. Nous les occupons pour rendre service à l’Assemblée, pas pour flatter un camp. Si le Rassemblement national doit récupérer des vice-présidences, il devra aussi faire preuve de neutralité et respecter les mêmes obligations que les autres. Les règles valent pour tout le monde."
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"Je condamne les menaces faites contre les magistrats"
La condamnation de Nicolas Sarkozy vous a-t-elle choquée ?
"Je condamne d’abord les menaces faites sur les magistrats, c’est gravissime. On ne peut pas s’en prendre à celles et ceux qui rendent la justice, c’est la ligne rouge entre démocratie et tribunal populaire."
Le président de la République a pris la parole sur X, c’est exceptionnel ?
"Oui, c’est assez rare que l’Élysée intervienne, cela montre la gravité de la situation. Il fallait rappeler qu’on ne menace pas les juges, jamais."
Vous refusez de commenter la décision elle-même ?
"Je n’ai pas lu les 400 pages du jugement. Mais si des notions comme ‘association de malfaiteurs’ ou ‘exécution provisoire’ provoquent la polémique, c’est au Parlement d’en débattre de façon responsable, sans instrumentaliser ces sujets."
L’exécution provisoire, cela vous paraît problématique ?
"C’est contre-intuitif : on vous dit que vous pouvez faire appel, mais la décision s’applique tout de suite. C’est une difficulté réelle pour la cohérence du droit."
"Sébastien Lecornu est probablement plus malin que ses prédécesseurs"
Pourquoi ce déjeuner de travail organisé par Sébastien Lecornu avec les chefs du “socle commun” ?
"Nous devons continuer à dialoguer avec le Premier ministre pour envisager la suite. Nous sommes dans un moment de crédibilité politique et il faut tenter de tendre la main à ceux qui le veulent bien pour construire un compromis, très difficile mais pas impossible."
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Les lignes rouges fixées par Sébastien Lecornu (pas de taxe Zucman, pas de retour de l’ISF, pas de suspension de la réforme des retraites) ferment-elles la porte au Parti socialiste ?
"Pas tout à fait. Dire non à ce qui est inefficace n’est pas fermer la porte à tout. La taxe Zucman casserait l’outil de travail, c’est négatif pour l’emploi. Suspendre la réforme des retraites serait irresponsable : comment financer le système ? Mais on peut travailler à un compromis utile sur la pénibilité et la carrière des femmes."
Un an après, sommes-nous dans le même scénario que sous Michel Barnier ?
"Le cas de figure est le même à l’Assemblée, mais la méthode change. Sébastien Lecornu a compris qu’une grande partie se joue ici. Il veut nommer des ministres négociateurs, pas des ministres qui commentent."
Vous le jugez plus habile que ses prédécesseurs ?
"Probablement plus malin. Il connaît très bien cette Assemblée nationale, il a toujours été dans la négociation et la volonté de construire."
Quel est votre ressenti pour cette rentrée politique tendue ?
"Rien n’est à exclure : censure, dissolution… Mais nous avons besoin d’apaisement. Je soutiendrai tout ce qui stabilise le pays. Sortir des postures, voilà ce que nous devons faire."
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