Pour la première fois, un texte déposé par le Rassemblement National a été adopté à l’Assemblée. Il demande à la France de dénoncer le traité de 1968 avec l’Algérie, une victoire symbolique pour Marine Le Pen.
"Oui, assurément. C'est une victoire qui a surpris Marine Le Pen. Car le Rassemblement National a toujours essayé de faire preuve d’habileté. C'est-à-dire de présenter des textes qui puissent tantôt séduire la gauche, c'est vrai dans le domaine économique et social, ou de séduire au contraire la droite en ce qui concerne la sécurité et l'immigration. Ça n'a jamais marché jusque-là. Aucun texte présenté par le Rassemblement National, quel qu’il soit, n'a été voté par les députés."
Désormais ça a marché car d'autres voix se sont liées à eux.
"Voilà. Alors ça, ça a changé. Marine Le Pen a eu l'habileté de présenter ce texte à quelques jours de l'anniversaire malheureux de l'arrestation de Boualem Sansal en Algérie. Et finalement, elle y a trouvé un écho. C'est assez logique car les LR ne pouvaient pas ne pas voter ce texte car c'était le combat de Bruno Retailleau lorsqu'il était à Beauvau. C'était justement obtenir la mise en cause de ces accords de 1968. Donc les LR, en tout cas ceux qui étaient présents, ont soutenu ce texte."
Dénonciation de l'accord franco-algérien : "C'est une victoire importante pour Marine Le Pen", l'édito d'Arlette Chabot #GrandMatin https://t.co/59UcEQtJAg pic.twitter.com/MfuUUgmu3M
— Sud Radio (@SudRadio) October 31, 2025
"Edouard Philippe a été le premier à s'interroger sur la nécessité de dénoncer ces accords de 1968"
Laurent Wauquiez défendait qu’il voterait les textes qui iraient dans ses intérêts peu importe qui en était à l’origine.
"Ce n’est pas toujours le cas, mais là, il l'a dit. Mais c'est difficile d'aller contre une volonté exprimée par le président du parti. Du côté d'Horizon, là aussi, les députés présents ont voté. Car Edouard Philippe a été le premier, en juin 2023, à s'interroger sur la nécessité ou non de dénoncer ces accords de 1968. Ça avait beaucoup étonné à l'époque. Ça paraissait audacieux.
En revanche, il y a eu un vote contre, de députés du groupe central Renaissance, les amis de Gabriel Attal, qui pourtant, au mois de janvier avait rejoint la position qui était de dénoncer ces accords de 1968. Il n'était même pas présent au vote même pour expliquer qu'en aucun cas, de son côté, on ne voterait un texte du Rassemblement national."
"Un pas de plus dans la dédiabolisation du Rassemblement National"
C'est ça qui est un peu sidérant sur ce vote. On a un bloc central qui est embêté, et on a une gauche qui est en colère, qui n'en revient pas, qui est gênée.
"La gauche, elle est claire. Évidemment, elle est contre tout vote en faveur d'un texte présenté par le Rassemblement National. Et la droite était prise et embarquée dans ses contradictions. Alors, c'est un moment, certains disent historique, mais c'est un mot qui est quand même un peu galvaudé. Mais c'est vrai qu'il s'est passé quelque chose.
C'est effectivement inédit. Un pas de plus ou une marge de plus dans la dédiabolisation du Rassemblement National. Et à droite, on s'interroge encore un peu plus sur la possibilité de cette fameuse union des droites. Si elle n'est pas réalisée au sommet, elle pourrait être réalisée à la base par les électeurs."
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.
