Il y a un spectacle politique déconcertant à droite et à gauche. Peut-on comprendre une certaine lassitude des Français ?
"Absolument. Je m'appuie d'abord sur cette interview lunaire de Manuel Valls chez nos confrères du Point. À peine sorti du gouvernement, alors qu'il a fait des pieds et des mains pour se réhabiliter aux yeux d'Emmanuel Macron, le voilà qui dégomme au lance-flammes le macronisme, et Emmanuel Macron, « la négation de la politique », selon lui. Valls restera probablement l'un des plus gros gâchis de la politique française. Tant de talent est terminé comme ça, c'est triste.
Regardez aussi Bruno Retailleau qui est lui aussi en perdition après sa sortie du gouvernement. Sa notoriété fond comme neige au soleil, et quand on est monté si haut et si vite, on a beaucoup de mal à accepter de redescendre, et on se met soi-même en conduite d'échec. C'est le cas avec sa décision colérique contre les ministres LR du gouvernement, qui devaient être exclus. Et bien depuis hier soir, patatras, ils ne le sont pas. Ils sont finalement suspendus. Bruno Retailleau, comme les copains, est rattrapé par le réel, en l'occurrence, l'appareil du parti."
"À gauche, ça n'est pas mieux"
"À gauche, ça n'est pas mieux. Je ne vais pas les épargner, les amis de gauche. Toute la journée depuis mercredi, la France Insoumise insulte littéralement le Parti Socialiste sur les réseaux sociaux. Nommément, Manuel Bompard attaque Olivier Faure d'une façon complètement délirante. Limite vexatoire, limite insultante. Le crime, avoir obtenu la suspension de la réforme des retraites, et ne pas avoir censuré ce gouvernement. En gros, avoir contrarié les rêves de présidentiel anticipés de Jean-Luc Mélenchon.
Pendant ce temps, Marine Tondelier est candidate à la présidentielle. La patronne des Verts l'a annoncé hier soir sur TF1 avec sa veste verte. Vert de l'espoir ou du désespoir de la gauche. Car il y a beaucoup plus de candidats déclarés ou putatifs à gauche que de doigts sur ma main."
.@francoisedegois : "À gauche comme à droite, et même dans les médias, le spectacle politique est affligeant ! Mais calmez‑nous, ça a toujours été comme ça ! Quand Chirac se faisait cracher dessus, on écrivait déjà des éditos et des éditos !" #GrandMatinhttps://t.co/qPxTaSkR4X pic.twitter.com/1EUBst2q4L
— Sud Radio (@SudRadio) October 23, 2025
"Les plateaux de télévision sont complètement à côté de la plaque"
Et sur le plan des médias ce n'est pas beaucoup mieux.
"Non, sur l’incarcération de Nicolas Sarkozy, des heures de commentaires de plateau, de lamento, de procès que l'on refait. On a carrément vu des procès qui se refont en plateau. Les éditorialistes, majoritairement, ont pris la défense de l'ancien Président de la République. Mais voilà, patatra, il y a aussi le réel de l'opinion.
On se rend compte que les plateaux de télévision sont complètement à côté de la plaque. Trois Français sur quatre comprennent parfaitement, non seulement l'exécution provisoire, et soutiennent parfaitement l'incarcération de Nicolas Sarkozy. Sondage Harris Interactive hier qui devrait faire réfléchir les médias."
"À chaque époque, sa crise, et à chaque crise, son antidote"
Malgré tout, il ne faut pas complètement désespérer.
"N'en déplaise aux collapsologues, la France a très souvent convulsé, notamment sur les fins de mandat de ses présidents. En 2002, Jacques Chirac, fin de mandat, il sortait en déplacement, il se faisait cracher dessus, il se faisait traiter de super menteur. On en faisait des éditos et des éditos. Souvenez-vous la fin glauquissime du règne de François Hollande. Les frondeurs qui, toutes les semaines, bloquaient le système. Je ne parle même pas de « Merci pour ce moment », le livre de Valérie Trierweiler, ou l'affaire Cahuzac.
Alors on dira, que la France n'allait pas aussi mal à l'époque, certes, mais à chaque époque, sa crise, et à chaque crise, son antidote. C'est l'histoire politique de notre pays. Je vous rappelle que notre pays est comme ça depuis 1789. Tempéré, traversé par des tempêtes à intervalles réguliers. Et je vous le dis, il en faut quand même du courage pour avoir envie de nous diriger."
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.