"J'ai toujours été très dur avec moi-même (...) au risque de (me) retrouver prisonnier d'un petit monde négatif": le Britannique Lando Norris revendique une sincérité assez rare dans le sport qui ne l'a pas empêché de conquérir dimanche son premier titre de champion du monde en Formule 1.
Certains doutaient de sa capacité à devenir champion mais à 26 ans, Norris a démontré qu'en dépit d'un début de saison "difficile", sa résilience pouvait le conduire au sommet.
"Le fait d'être là où je suis aujourd'hui est en grande partie dû à mon mental", défendait-il à quelques jours de récupérer la couronne mondiale détenue depuis quatre ans par son rival Max Verstappen.
"J'ai beaucoup souffert"
Arrivé à 19 ans seulement en 2019 dans l'élite du sport automobile, le pilote McLaren a fait partie de ceux qui ont porté le débat sur la santé mentale des sportifs sur la scène médiatique mondiale.
Pression médiatique, recherche de la perfection... "j'ai beaucoup souffert", expliquait-il encore en 2023 au magazine GQ. "Je ne savais tout simplement pas comment gérer la situation".
Giuseppe CACACE - AFP
Norris a été l'un des premiers pilotes à se livrer sur ses émotions: "j'ai tout gardé pour moi ce qui a vraiment nui à ma confiance, qui a atteint son niveau le plus bas. Je doutais de moi-même: +Suis-je assez bon pour être en Formule 1 ?+".
Le Britannique, né à Bristol le 13 novembre 1999 d'une mère belge et d'un père anglais - l'investisseur millionnaire Adam Norris, très présent dans le paddock -, a pourtant de solides références en monoplace, vainqueur dès sa première tentative dans la plupart des catégories inférieures.
Sacré champion d'Europe de karting en 2013, il devient à 14 ans l'année suivante le plus jeune champion du monde de la discipline, suivant ainsi les traces de son aîné, la légende Lewis Hamilton.
Le pilote de F1 britannique Lando Norris, à Las Vegas, le 21 novembre 2025 / Frederic J. Brown - AFP/Archives
Son ascension se poursuit en monoplace en 2015 avec la conquête du championnat britannique de Formule 4, puis en 2016, il s'impose dans les trois championnats auxquels il participe.
Ces succès lui valent d'être repéré par McLaren, qui l'intègre dans son programme de développement des jeunes pilotes en 2017. Cette même année, il remporte le championnat de Formule 3, son cinquième titre en trois ans.
Un an plus tard, il termine deuxième du championnat de Formule 2, derrière son compatriote George Russell. A cette occasion, ses détracteurs étaient venus rappeler les programmes d'essais intensifs dont il a bénéficié grâce aux millions de son père.
"Je n'ai jamais voulu qu'il paie pour que je puisse entrer en Formule 1", défendait-il l'an dernier dans un podcast. "Je suis bien plus fier de dire que je suis ici parce que McLaren m'a recruté (...) et je suis devenu pilote officiel" en 2019.
Premier podium en 2020
Onzième à la fin de sa première saison dans l'élite, le jeune pilote progresse et connaît son premier podium en 2020 - mais toujours aucune victoire.
Longtemps surnommé "Lando No-wins" ("Lando sans-victoire" en français), il doit attendre 2024, à Miami, pour débloquer son compteur de succès en F1. S'ensuivent cette année-là trois autres triomphes qui lui permettent de décrocher le titre honorifique de vice-champion du monde.
En dehors des pistes, le Britannique, fan de MotoGP et de sa légende Valentino Rossi, cultive parfois une certaine forme d'arrogance. Il avait par exemple eu des mots durs envers son coéquipier australien Daniel Ricciardo à l'annonce de son départ de McLaren en 2022.
"Je ne pense pas qu'il faille avoir de l'empathie pour un pilote simplement parce qu'il n'a pas réussi à faire aussi bien", avait-il lâché.
Une supportrice de Lando Norris, à Abou Dhabi, le 7 décembre 2025 - Andrej ISAKOVIC - AFP
Virtuose des réseaux sociaux et amateur de jeux vidéo de simulation de course automobile (ou sim racing), Norris fait partie de cette génération de pilotes 2.0.
En 2020, il s'était rasé la tête en direct sur sa chaîne Twitch après avoir récolté des dons pour un fonds de solidarité contre le Covid-19.
Le protégé de McLaren, grand amateur de golf et de padel, a toutefois reconnu au printemps dernier s'être coupé des réseaux devenus "une perte de temps et d'énergie". Une énergie qu'il aura mobilisée pour devenir le nouveau roi de la catégorie reine.
Par Hélène DAUSCHY / Abou Dhabi (AFP) / © 2025 AFP