« Nous célébrons les 120 ans de la loi de séparation de l'Église et de l'État votée en 1905. Ainsi, c'était le petit père Combes qui était aux commandes. La loi fut notamment portée par Aristide Briand, socialiste, dans un un formidable débat. Ce fut un vrai enjeu, un vrai débat, c'est une étape de l'histoire de France. Et c'est un acte fondateur nécessaire pour notre République, pour notre démocratie. Alors, on a tout dit, on a tout entendu, surtout aujourd'hui, des confusions, des amalgames. C'est insupportable.
"Il fallait séparer l'Église et l'État"
La loi de séparation de l'Église et de l'État, à l'époque, visait à sortir à coups de pied dans le cul, les catholiques. C'était pour sortir l'Église catholique, avec laquelle l'État avait été associé. C'était une religion officielle, à tous les niveaux, l'éducation, l'Église pesait. Et on sait que les curés ont continué à peser longtemps sur le vote. Moi, j'ai connu, en tant qu'enfant de cœur, au Pays basque, des petites dames qui disaient : « Monsieur le curé, il faut voter pour qui ? ». Et c'était quasiment lui qui mettait le bulletin dans l’urne. Donc, il fallait séparer l'Église et l'État.
Pourquoi en est on à devoir défendre la laïcité bec et ongle 120 ans après sa loi fondatrice ?@perikolegasse :"Ceux qui veulent casser cette harmonie et cet équilibre sont les ennemis de la République" #LaFranceDansTousSesEtats
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Ça ne retire rien au fait que la France appartient à une culture, à une histoire, dans notre continent judéo-chrétienne. C'est la partie confessionnelle de notre civilisation, de notre culture. Pour autant, l'État s'organise sur des bases de la laïcité, à savoir que l'on dissocie le public du privé, au niveau confessionnel. Ça veut dire quoi, la laïcité ? C'est que la République française protège les religions. Ce n'est pas une loi qui a été faite pour les condamner ou pour les empêcher d'agir.
"C'est une loi de protection des religions"
C'est pour les protéger, à condition qu'elles restent bien dans la sphère privée. Il s'agit d'une loi de protection des religions. Les chrétiens, les catholiques, les protestants, les orthodoxes sont protégés. Les juifs, toutes les religions, et les musulmans. L'islam est protégé par la loi de 1905, de façon à ce que tous les musulmans de France, qu'ils soient de citoyenneté française ou pas, puissent exercer leur culte librement, dans leur mosquée. Que personne ne vienne les empêcher d'exercer leur culte, d'entraver leurs croyances. C'est une protection religieuse.
"Les musulmans pensent que cette loi est destinée contre eux"
En revanche, ce qu'on demande à toutes les religions et à tous les croyants, quelle que soit leur confession, c'est de respecter les lois de la République, dans la partie publique. C'est pour ça qu'on ne peut pas s'habiller de façon ostentatoire, en manifestant sa religion, dans une enceinte publique, que ce soit un commissariat de police, une école, un tribunal.
Par contre, dans la rue et ailleurs, et dans la vie privée, aucun problème. Voilà ce qu'il fallait rappeler dans ces 120 ans. Aujourd'hui, les musulmans pensent que cette loi est destinée contre eux. Il y a des amalgames qui sont faits dans des discours politiques, et vous avez une partie des musulmans qui pensent que la laïcité est là pour les empêcher de croire en leur religion, qu'elle est une loi anti-islamique. C'est faux. C'est une loi qui les protège.
"Nous sommes tous égaux"
Et c'est grâce à la laïcité que nous, les républicains, que tous les démocrates de ce pays, pourrons protéger les gens qui ont une confession, qui veulent lire assez librement. Rend à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César. Dieu, c'est le confessionnel, c'est dans la vie privée. César, c'est la vie publique, c'est le séculier, c'est la vie politique. Et là, il n'y a pas de religion, nous sommes tous égaux. Nous sommes les citoyens de la République française, confrontés à un destin commun.
"La République défend les religions dans le cadre de la laïcité"
Nous sommes solidaires, nous nous soutenons les uns les autres. La République sera là pour défendre les libertés. La République défend les religions dans le cadre de la laïcité. Mais lorsque l'on est au pouvoir, et lorsqu'on est dans une affaire publique, nous sommes neutres, nous ne devons pas introduire des notions confessionnelles. Nous devons le faire en fonction de nos valeurs de la République, de liberté, d'égalité et de fraternité. Tout cela est compatible, tout cela vit ensemble en paix.
Ainsi, ceux qui aujourd'hui veulent casser cette harmonie, cet équilibre et cette justice, sont les ennemis de la République. Donc il n'y aura pas de compassion envers ceux qui, contre la laïcité, veulent tuer la République française. »
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