Frédéric Dabi, vous êtes directeur général de l’IFOP. Il y a un mot qui forcément va intéresser les français en 2026. Ce sont les municipales.
"Oui, c'est le rendez-vous électoral de 2026. Le 15 et le 22 mars. Inscrivez-vous sur les listes électorales. Votez pour qui vous voulez mais votez. Effectivement, c'est le scrutin de proximité. C’est le scrutin pour élire l'acteur, l'élu préféré des français. Celui qui est dans la proximité, celui qui est dans le résultat, celui qui change la vie des gens et celui qui aujourd'hui est complètement antithétique de ce rejet de la classe politique nationale déconnectée, qui n'est pas dans l'écoute et qui est frappé par une crise du résultat, une crise du fer."
"La règle majoritaire c'est de reconduire les sortants"
"C'est-à-dire que ces élections vont être fondamentales même si on voit à quel point l'échelon municipal est l'échelon de référence mais de plus en plus il est touché par des éléments de contamination de la sphère nationale. Notamment l'impuissance à résoudre des enjeux nationaux qui ruissellent, qui se répercutent à l'échelle locale. Sécurité, accès aux soins ou dettes."
C'était un grand thème il y a encore quelques années au niveau national. Est-ce qu'au niveau local on peut s'attendre à quelque chose qui ressemble à du dégagisme au niveau municipal ?
"Alors je vais dire non et oui. Non d’abord parce que le maire c'est l'acteur de confiance, et que le scrutin municipal dans l'histoire de la Ve République est celui qui est le moins touché par le dégagisme. La règle majoritaire, très majoritaire, c'est de reconduire les sortants."
🇫🇷 Les municipales arrivent en 2026
— Sud Radio (@SudRadio) December 31, 2025
🗣️ @FredericDabi :"C’est le scrutin de proximité"
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"Le symbole de voir une crise du politique"
"Même en 2014 quand la gauche perd 171 villes de plus de 10 000 habitants, c'était un record absolu, ce chiffre ramené au nombre de villes de plus de 10 000 habitants équivaut à 70% des maires reconduits. À minima, c’est ce que nous aurons pour les villes de plus d'habitants en mars 2026. Mais on voit des éléments qui pourraient inciter à ce dégagisme. Vous savez les municipales c'est le seul scrutin où au soir du premier tour et surtout au soir du deuxième tour se joue une bataille sur l'interprétation du scrutin.
Imaginons qu'au soir du 22 mars les plus grandes villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Strasbourg, Nice, Toulouse, Bordeaux, Lille) changent de couleur politique. Ce n'est pas impossible. Ce n’est pas non plus complètement probable. Mais n'y aura-t-il pas le symbole de voir une crise du politique très forte qu'on connaît depuis trois ans décliner, ruisseler au niveau local ou pour citer ce fameux tableau de Goya, Saturne dévorant ses propres enfants, on aura vu les français, une partie des français, dévorés malgré tout leur élu de référence et de proximité."
"La défaite de Sarkozy a été annoncée par des défaites aux élections locales"
Est-ce que les résultats après les premiers votes municipaux peuvent dessiner la tendance ?
"Oui, je pense parce qu'une élection présidentielle est un scrutin unique mais elle s'inscrit dans un continuum. Dans un cycle électoral. La défaite de Nicolas Sarkozy en 2012 a été annoncée par des défaites aux élections locales notamment aux municipales. La non-candidature de François Hollande en 2017 c'était également cette catastrophe de 2014 dont je parlais tout à l'heure et c'est vrai que la présidentielle va se lancer concrètement au soir du second tour de l'élection municipale."