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Paris 2026 : une alliance avec LFI ? David Belliard veut "une candidature unique"

Par Aurélie Giraud

INTERVIEW SUD RADIO : L'A69, les municipales de Paris 2026, les ZFE, les loyers : David Belliard, Maire adjoint de Paris, chef de file des écologistes aux Municipales, était “L’invité politique” sur Sud Radio. 

David Belliard évoque une alliance unique pour les Municipales de Paris
David Belliard interviewé par Maxime Lledo sur Sud Radio, le 31 décembre 2025, dans “L’invité politique”.


Municipales de Paris 2026 : "pour n'avoir qu’une candidature, il faut discuter avec tout le monde avec toutes les forces de gauche qui seront présentes au second tour." Au micro de Sud Radio, David Belliard a répondu aux questions de Maxime Lledo.   

Maxime Lledo : Une bonne nouvelle pour toute une région et ses habitants. L’A69, en cours d’appel, grâce au tribunal administratif, a acquis le statut, je cite, de chantier d’utilité publique. On applaudit des deux mains ?

David Belliard : "Non, on n’applaudit pas du tout des deux mains. Vous savez très bien que les écologistes sont opposés à cette construction d’autoroute. D’ailleurs, je suis toujours étonné. Vous savez, un des impacts de l’A69, ça va être la destruction, notamment des écosystèmes, la destruction, en gros, hein, des bébés oiseaux. Aujourd’hui, où on se dit : “Oh là là, c’est formidable, par exemple, de défendre les bébés phoques.” Par contre, les mêmes nous expliquent que, par contre, détruire les bébés oiseaux…"

"Ce sera une autoroute qui sera extrêmement chère et qui va être réservée aux automobilistes les plus riches."

Pourquoi vous dites ça ? La justice administrative a fait un travail sur ce sujet et je lisais hier, c’est noté : tout ce qui a été fait, le maintien des espèces protégées a été réglé et n’était pas menacé.

"La construction d’une nouvelle autoroute c’est complètement anachronique avec la situation actuelle, notamment avec l’accélération des dérèglements climatiques. On n’a pas besoin d’autoroute supplémentaire. D’ailleurs, ce sera une autoroute qui sera extrêmement chère et qui va être réservée aux automobilistes les plus riches."

"Je pense qu’on peut faire complètement différemment. Je pense qu’aujourd’hui, l’argent que nous mettons aujourd’hui dans l’A69, on devrait le mettre, par exemple, dans les trains parce que on a un problème de train dans ce pays. On a un problème de transport collectif. On a un problème pour proposer des alternatives, des alternatives à la voiture."

"On est dans un système qui est parfaitement absurde. On continue à dire aux gens et à leur imposer l’usage de la voiture, dont on sait qu’elle coûte extrêmement cher, au-delà des effets de pollution. Et dans le même temps, on paye une blinde les billets de train, par exemple, pour aller voir sa famille pendant les fêtes de fin d’année."

"Rationalisons, mettons l’argent où on en a besoin. On a besoin aujourd’hui d’accélérer notre transition écologique. Et donc pour cela, mettons de l’argent, par exemple, sur les transports collectifs. Les transports collectifs ou la rénovation énergétique des bâtiments. C’est ça aujourd’hui nos grands enjeux et ce sont des enjeux nationaux qui sont aussi des enjeux locaux."

"Donc non, c’est une mauvaise nouvelle. Moi j’attends : il va y avoir la Cour de cassation. Donc on va voir ce qui va se passer pour l’A69. Je reste fondamentalement opposé à ce projet mais plus globalement à tout projet qui va encore agrandir, amplifier les infrastructures qui sont des infrastructures autoroutières."

Maxime Lledo : Mais avec les arguments que vous développez ce matin au micro de Sud Radio, David Béliard, est-ce que vous n’êtes pas en train tout simplement de dessiner une France qui est amenée à ne plus jamais avoir de grands chantiers, des chantiers d’envergure pour l’avenir du pays ?

David Belliard : "Mais vous savez, le premier chantier d’envergure que nous avons, c’est de répondre justement aux enjeux de l’accélération climatique, ou même aux enjeux d’égalité sociale."

"Je vois aussi à quel point ça peut assécher une économie parce que ça, ça favorise les villes en fait, en vérité, parce que vous êtes sur des couloirs, vous êtes sur des corridors, vous ne vous arrêtez jamais sur les petits villages."

"Aujourd’hui, on a une économie qui est pourvoyeuse d’emploi. C’est quoi ? Eh bien c’est l’économie du soin. Oui, il faut améliorer la santé et notamment des personnes les plus fragiles. C’est l’économie de l’écologie, c’est les nouvelles énergies, c’est la rénovation énergétique des bâtiments."

"Je ne sais pas si vous êtes parent, mais moi en tout cas, je suis papa et j’ai envie que mon fils puisse vivre, déjà pour commencer, et puisse bien vivre. Et pour ça il faut qu’il ait une bonne qualité de l’air, il faut qu’il puisse manger des bons aliments et de la bonne nourriture. Il faut qu’il puisse boire de l’eau qui ne soit pas polluée."

Maxime Lledo : L’interdiction des gobelets jetables contenant du plastique, qui devait entrer en vigueur tout simplement demain, est finalement repoussée à 2030. Là aussi, vous mettez le pouce vers le bas ?

David Belliard : "Franchement, on doit sortir du plastique. Vous voyez bien. L’industrie n’est jamais prête. Oui, il y a toujours des emplois. Il y a aussi des vies. Vous savez, c’est toujours la même chose. Vous savez ce qu’on a dans notre cerveau ? Tous les scientifiques, les études scientifiques le disent : nous avons des microparticules de plastique dans notre cerveau. Dans notre cerveau. C’est ça la réalité."

"Donc en fait, vous avez pas beaucoup d’options pour limiter l’impact du plastique sur notre santé. C’est juste de consommer moins de plastique, c’est de faire moins de plastique. Et ça passe évidemment par la question des gobelets, mais pas que des gobelets."

Maxime Lledo : Autre changement excessivement concret, la nouvelle qui va concerner énormément de personnes, plus de 800 000 : le fameux DPE, le diagnostic de performance énergétique, qui va s’assouplir. Est-ce que le gouvernement n’a pas raison, tout simplement, de changer les règles pour que cela soit moins contraignant pour les Français, pour les locataires et les propriétaires ?

David Belliards : "Alors, vous savez déjà, c’est 800 000 logements qui sont des passoires énergétiques. Vous savez ce que c’est une passoire énergétique ? C’est quand il fait très, très froid, vous avez très, très froid. Ou quand il fait très, très chaud, vous pouvez plus vivre dans votre appartement parce qu’il fait trop chaud, parce qu’il fait 40 ou 50 degrés."

"Donc, c’est déjà 800 000 personnes dont on sait, en fait, qu’elles vont continuer à vivre dans des conditions qui sont des conditions dégradées. Les gens qui prennent ces décisions, eux, ils vivent dans des beaux appartements, qui sont thermiquement confortables."

"La solution, c’est d’investir dans la rénovation énergétique des bâtiments. Je sais que c’est compliqué. Moi, je suis président de la RIVP, un des trois bailleurs sociaux de la Ville de Paris. Nous mettons 1 milliard d’euros sur 10 ans pour rénover nos logements."

"Donc je sais très bien à quel point, en fait, c’est extrêmement compliqué de faire ces rénovations, et que c’est difficile, notamment dans des villes comme Paris. Mais en vérité, c’est ça l’enjeu qui est devant nous : c’est de permettre aux gens de pouvoir vivre correctement dans des appartements, qu’il fasse très froid ou qu’il fasse très chaud."

"Et qu’est-ce que dit le gouvernement ? Il dit : “Bah comme je n’ai pas agi”— parce qu’en fait c’est ça la réalité, la prime Rénov’ n’existe plus— “donc comme je n’ai pas agi, eh bien je vais modifier les règles pour pouvoir remettre en location, en fait, 800 000 logements”, qui sont des logements, encore une fois, qui assignent des gens à des conditions parfaitement dégradées de location et de vie quotidienne."

Maxime Lledo : Ça nous amène justement à votre combat municipal, David Belliard. Je rappelle que vous êtes le maire adjoint de Paris, pour le moment, chef de file aussi des écologistes aux municipales. Vous défendez l’interdiction totale des locations des passoires thermiques.

David Belliard : "Alors moi, ce que je défends d’abord, c’est que tout le monde puisse vivre dans de bonnes conditions dans ces logements. Donc moi, ce que je dis, ce n'est pas d’interdire les passoires thermiques. Ce que je dis, c’est de transformer ces passoires thermiques. C’est donc d’avoir un effort qui est un effort d’investissement"

"Si vous laissez le marché complètement libéralisé, les prix vont continuer à augmenter."

Maxime Lledo : Si vous arrivez à une majorité concrète à la mairie de Paris, vous voulez limiter, vous en avez parlé, le Airbnb professionnel. Vous souhaitez aussi encadrer certains prix de loyers. Est-ce qu’on peut encore vivre dans une grande ville avec de telles conditions que vous allez poser ?

David Belliard : "C’est parce que je pose ces conditions, et parce que nous posons, avec l’ensemble de la gauche, ces conditions, que nous pourrons continuer à vivre à Paris. Si vous laissez le marché complètement libéralisé, les prix vont continuer à augmenter."

"Par exemple, sur la question de l’encadrement des loyers. Moi, je suis pour une police des loyers. Aujourd’hui, on parle de sécurité. Il y a aussi cette sécurité de pouvoir continuer à vivre. L’encadrement des loyers, c’est très important."

Maxime Lledo : Avec une majorité à la mairie de Paris, est-ce que vous allez remettre la verbalisation ZFE, actuellement suspendue jusqu’à la fin de l’année 2026 ?

David Belliard : "D’abord, c’est pas nous, c’est pas Paris exactement qui gère la ZFE. Moi, je veux vous dire ma position. Ma position, c’est que la métropole, la métropole du Grand Paris, oui, agisse pour une ZFE qui soit effective. Ça veut dire quoi, une ZFE qui soit effective ? La ZFE, c’est empêcher les véhicules les plus polluants d’accéder, en fait, en ville, en journée, du lundi au vendredi. C’est ça, la zone à faibles émissions."

"Vous savez, je suis un militant de ce qu’on appelle des zones à faibles émissions socialement justes. Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire deux choses. Ça veut dire mettre en place, effectivement, ces restrictions de circulation pour permettre quoi ? Pour permettre aux gens de bien respirer. Et de l’autre côté, investir, mettre de l’argent pour permettre, justement, aux gens qui sont les plus modestes et qui ont besoin de leur voiture de pouvoir acheter des véhicules qui soient des véhicules moins polluants. Vous savez, c’est les deux trucs toujours. Il faut toujours avoir les deux choses."

"Je suis favorable à ce qu’à la fin, nous n’ayons qu’une candidature. "

Maxime Lledo : Hier, on recevait ici Rodrigo Arenas, député LFI de Paris, soutien naturellement de Sophia Chikirou, qui a affirmé poser la question à Emmanuel Grégoire, dont vous êtes naturellement le soutien, qui refuse l’alliance avec LFI. “S’il change d’avis, nous aviserons, on tendra la main.” J’imagine que vous avez un but commun : battre le bulldozer Rachida Dati. Est-ce qu’à un moment, il ne faudra pas tout simplement être ouvert d’esprit pour tendre la main à une alliance avec toute la gauche ?

David Belliard :" J’ai commencé ma campagne sur la question de l’union la plus large possible. Mon objectif, c’est d’avoir, au second tour, une candidature unique à gauche. Donc dont acte. J’entends ce que nous dit Rodrigo Arénas. C’est pas tout à fait ce que j’entends pour les autres candidats ou candidates LFI. Je vous le dis, je vais pas me renier. Je suis favorable à ce qu’à la fin, nous n’ayons qu’une candidature. Donc pour n'avoir qu’une candidature, il faut discuter avec tout le monde avec toutes les forces de gauche qui seront présentes au second tour."

"On va rentrer maintenant dans la campagne municipale. On va faire des propositions. Ça sera projet contre projet. Moi, je n’ai qu’une adversaire, voire qu’une ennemie : c’est Rachida Dati. C’est cette droite qui est une droite aujourd’hui trumpisée."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h15 dans le Grand Matin Sud Radio

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