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EXCLU - Didi, ancien chef de la sécurité au Bataclan : « Il y aurait pu avoir 500 morts »

INTERVIEW EXCLU SUD RADIO - Dix ans après les attentats du 13-Novembre, Didi, chef de la sécurité du Bataclan, témoigne pour la première fois depuis de nombreuses années. Premier témoin des tirs, il raconte comment il a ouvert les issues de secours et contribué à sauver des dizaines de vies lors de cette nuit d'horreur.

Bataclan 13-Novembre
13-Novembre 2015 : nuit d'horreur au Bataclan (Miguel MEDINA - AFP/Archives)

Chef de la sécurité du Bataclan le 13-Novembre 2015, Didi - qui ne souhaite pas révéler son identité - a été le premier témoin des premiers tirs perpétrés par les terroristes à l'extérieur de la salle de spectacle parisienne, avant d'entrer en plein concert des Eagles of Death Metal pour alerter les spectateurs, faire ouvrir les issues de secours et tenter d'en faire évacuer un maximum avant l'arrivée à l'intérieur des membres des commandos de Daech. En exclusivité pour Sud Radio dans « La France dans tous ses états », Didi – qui n'a plus souhaité témoigner durant plusieurs années - a accepté de raconter dix ans après cette nuit d'horreur.

Dix ans, c'est loin pour vous ou c'est comme si c'était hier ?

C'est une sensation bizarre parce qu'on célèbre déjà dix ans, on commémore déjà dix ans et pour moi c'est passé en une fraction de seconde. Très bizarrement, alors que c'est un temps long quand même. Cette tragédie pour tous ceux qui l'ont vécue, c'est passé très très vite.

"Des minutes interminables"

Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vécu ?

Pour moi, ce sont des minutes interminables. Je suis là dès 18h. Je suis à l'entrée du Bataclan et je suis obligé de comprendre assez vite parce que je vois les premiers tirs sur le Bataclan Café, qui est collé à l'entrée du Bataclan. Il y avait juste une vitre qui séparait la terrasse du Bataclan Café. Ils ont commencé à tirer dès l'extérieur parce que c'était sur leur chemin. Ils ne se sont pas attardés sur le Bataclan Café.

Comment réagissez-vous alors ?

J'ai donc une fraction de seconde pour réagir. J'avais deux solutions : soit partir à l'opposé direction République, soit rentrer dans la salle, vu que j'étais le seul qui était devant la salle à ce moment-là. J'ai fait ce choix, bien entendu, sans aucune réflexion. C'est vraiment l'instinct qui a parlé ce soir-là, rien d'autre.

"Je suis entré dans la salle pour ouvrir les premières issues de secours derrière les terroristes"

Concrètement, que faites-vous ?

Je suis rentré dans la salle pour faire réfugier rapidement ceux qui étaient dans le hall, le staff qui s'était mis à l'abri, et ensuite je suis entré dans la salle pour ouvrir les premières issues de secours derrière les terroristes.

Votre survie elle-même relève du miracle, vous auriez pu mourir cent fois ?

Ah oui, j'aurais pu mourir...

"Je me suis alors retrouvé bloqué dans la fosse pendant quelques minutes"

Les terroristes vous repèrent-ils ou pas ?

Ils ont dû me voir mais ensuite, ça va très vite... Donc j'ouvre les sorties de secours des toilettes, ensuite j'entre de nouveau dans la salle pensant que j'avais le temps de faire la même chose à l'opposé. Je me suis alors retrouvé bloqué dans la fosse pendant quelques minutes durant la prise d'otages. Je me suis allongé et j'ai attendu le moment opportun, voyant qu'ils ne connaissaient pas parfaitement la salle. Contrairement à moi. Au moment où ils rechargeaient et étaient en train de parler, ça m'a permis d'ouvrir l'issue de secours côté jardin, donc des loges, qu'on voit d'ailleurs dans les vidéo amateurs. Une grande foule m'a suivi . J'ai ouvert et j'ai fait sortir pas mal de gens par cette issue de secours-là.

"Si les terroristes m'avaient touché en premier devant la salle.."

En ouvrant ces portes, on allez sauver des dizaines de vies car il y avait ce soir-là près de 1600 spectateurs au Bataclan...

Oui, beaucoup de vies. On ne va pas se mentir, s'ils m'avaient touché devant la salle... Le premier, ce qui aurait dû être normalement le cas... J'ai eu vraiment beaucoup de chance parce que j'avais peut-être 10 secondes d'avance sur eux. Et là c'est clair, le bilan aurait pu être très très lourd parce qu'on n'avait pas loin de 1600 personnes. Donc bon, c'est vrai que si vous regardez le ratio, quand vous regardez le nombre de morts qu'il y a eus sur les terrasses par rapport au nombre de gens présents, il y aurait pu avoir 500 morts au Bataclan, en fait (il y a eu 90 victimes ce soir-là).

Comment s'est déroulée la suite de cette soirée pour vous ?

J'ai ensuite réfugié des blessés et pas mal de gens dans la résidence étudiante qui est non loin du Bataclan. J'ai fait des allers-retours dans le passage Saint-Pierre-Amelot (rue collée au Bataclan), parce qu'il y avait deux terroristes qui étaient à l'étage, qui tiraient de la fenêtre. Les gens qui fuyaient pensaient que c'étaient des habitations. Moi, et j'avais la chance de connaître la salle par cœur je savais que c'était encore le Bataclan donc j'ai pu encore intervenir jusqu'à la fin, jusqu'à l'assaut.

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