C’était "la moins mauvaise solution". Il y a dix ans, le RAID donnait l’assaut pour neutraliser les terroristes retranchés dans la salle de spectacle du Bataclan avec leurs otages et leurs ceintures d’explosifs.
"La menace était très forte, on ne s’en rend pas compte"
Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID et ancien député, auteur de “Ni capitulation ni résignation, osons le courage” (Fayard), était ce soir-là réuni avec quelques-uns de ses hommes. "La menace était très forte. On ne s’en rend pas compte, mais l’année 2015 a été une année terrible pour la France, raconte-t-il au micro de Patrick Roger, sur l'antenne de Sud Radio. Chaque mois, il y a eu soit un attentat majeur, soit un attentat majeur déjoué. On avait commencé l’année avec la prise d’otage de l’Hypercacher, où nous avions sauvé les 26 otages."
"On se prépare à se battre, mais personne n’est préparé à un massacre généralisé"
"Ce soir-là, j’avais deux de mes commandants présents au Stade de France. Nous préparions l’Euro 2016, pour s’assurer de l’évacuation et du renfort de l’équipe de protection du président de la République. Dès que cela a explosé, ils m’ont averti. Et à mon domicile, je recevais tous mes adjoints et leurs épouses pour un diner de cohésion. Cela m’a permis de distribuer assez rapidement mes ordres et que l’on soit très réactif. Les hommes sont préparés à cela, c’est leur rôle. On savait que les djihadistes voulaient mourir les armes à la main et ne se rendraient pas. La négociation était inutile, il fallait faire vite pour sauver les otages. On se prépare à se battre, mais personne n’est préparé à un massacre généralisé."
Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID : "Oui, on est préparé à recevoir des coups de feu, au combat, mais on n'est jamais préparé à un massacre généralisé" #13novembre #Bataclan #GrandMatin https://t.co/G6dfZt7PnK pic.twitter.com/FfdXfO1PL0
— Sud Radio (@SudRadio) November 13, 2025
"Ce qui marque, ce sont les téléphones qui vibrent, cette odeur aigre de sang mêlé avec de la poudre"
"Les premiers à intervenir ont été la BAC parisienne, un commissaire de police et son chauffeur policier qui, très courageusement, sont rentrés, raconte Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID et ancien député sur l'antenne de Sud Radio. Ils ont ouvert le feu et impacté un des trois terroristes. Les deux autres se sont réfugiés derrière la scène avec d’autres otages. Assez rapidement, le chef de la BRI était sur place, en même temps que mon adjoint et une équipe rapide du RAID. Je suis allé au Bataclan avec une équipe lourde. Des tirs ricochent sur les pavés, car des terroristes tiraient par une fenêtre. Je rentre dans le Bataclan, la colonne derrière moi. On voit ce massacre, ces corps dispersés partout. Ce qui marque, ce sont les téléphones qui vibrent, cette odeur aigre de sang mêlé avec de la poudre."
"Les morts, je les individualise après, quand l’opération est terminée. C’est terrible !"
"Les morts, je les individualise après, quand l’opération est terminée. C’est terrible !" Après, suivra la traque des terroristes survivants. "Abaoud, un des cerveaux du Bataclan s’était échappé avec un complice. Ils se font repérer avec des gilets explosifs sous leur parka. Ils avaient été filmés par la DGSI. Le soir du 18, le sous-directeur de la Police Judiciaire m’appelle : « C’est pour toi, c’est pour tes hommes ». On monte une opération en commun avec la DGSI et les services de la PJ, et on se rend à Saint-Denis." Aujourd'hui, l'auteur de “Ni capitulation ni résignation, osons le courage” (Fayard) le dit franchement : il souhaiterait se présenter à la présidence de la République. "C'est un livre de politique citoyenne, avec un programme. Ceci dit, le chemin est long. Il faut des moyens."
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