Son cœur bat encore… mais pour combien de temps ?
Le sort de Carmat, fleuron français de la biotechnologie médicale, reste suspendu à une décision de justice. L’entreprise, conceptrice du premier cœur artificiel autonome, est en redressement judiciaire depuis juillet 2025 et pourrait être liquidée dès le 25 novembre.
Fondée il y a plus de trente ans, Carmat incarne l’espoir des patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale. Son cœur artificiel, fruit d’une collaboration entre le professeur Alain Carpentier et Airbus, a été implanté chez 122 patients en Europe depuis ses premières autorisations de mise sur le marché. Une prouesse technologique mêlant biomatériaux, capteurs intelligents et systèmes de régulation automatisés.
Mais l’entreprise, installée à Bois-d’Arcy dans les Yvelines, est aujourd’hui à bout de souffle. En cessation de paiements depuis juin, elle a suspendu toutes ses implantations et ne compte plus que 150 salariés. Le tribunal des affaires économiques de Versailles devait statuer mi-octobre sur sa liquidation judiciaire, mais l’audience a été reportée au 25 novembre.
Un sursis fragile
Ce report, obtenu par le président du conseil d’administration Pierre Bastid, vise à laisser le temps à d’éventuels repreneurs de déposer une offre avant le 3 novembre. « Il y a de bonnes raisons de ne pas prononcer la liquidation aujourd’hui, mais cela ne veut pas dire que c’est gagné », a-t-il déclaré à la sortie de l’audience.
Le directeur général Stéphane Piat a confirmé qu’un nouvel appel d’offres était lancé, avec l’espoir qu’une proposition concrète puisse sauver l’entreprise. À défaut, Carmat pourrait cesser ses activités, entraînant la perte totale pour ses actionnaires et l’abandon d’un projet médical unique au monde.
Une technologie en quête de souffle financier
Malgré ses avancées cliniques, Carmat n’a jamais atteint la rentabilité. Les coûts de développement, les exigences réglementaires et les retards dans la production ont fragilisé sa trésorerie. En 2022, l’entreprise avait déjà suspendu temporairement ses implantations pour des raisons de qualité sur certains composants.
Aujourd’hui, le cœur artificiel Carmat reste une référence mondiale, mais son avenir dépend d’un soutien financier urgent. Le secteur médical et les patients espèrent qu’un investisseur stratégique saura relancer cette aventure technologique et humaine.