Les polémiques entourant sa vingtaine de jours passés en détention préventive à la prison de la Santé à Paris feraient presque oublier que l’ancien chef de l’État reste englué dans de nombreuses autres affaires politico-financières. À peine libéré sous contrôle judiciaire dans le cadre du dossier du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy se retrouve de nouveau face à la justice, ce mercredi.
La Cour de cassation doit en effet rendre dans l'après-midi sa décision sur son pourvoi dans l'affaire Bygmalion (voir ci-dessous), faisant planer la menace d’une seconde condamnation définitive pour l’ex-maire de Neuilly.
Si certaines des affaires concernant l'ancien chef de l'Etat ont d'ores et déjà débouchées sur des non-lieux et que l'affaire Bismuth a, elle, donné lieu à une condamnation définitive après rejet en cassation le 18 décembre 2024 (1 an sous bracelet électronique), plusieurs autres sont toujours en cours. Tour d'horizon et état des lieux :
Les affaires qui doivent encore être jugées :
- L'affaire lybienne : risque toujours 5 ans de prison ferme
Déjà condamné à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs (décision pour laquelle il a fait appel après avoir purgé 21 jours de détention à la prison de la Santé et dont le procès en appel aura lieu au printemps 2026), Nicolas Sarkozy reste également sous la menace d’un second procès dans un autre volet du dossier. Cette fois, il s’agit de l’affaire de la fausse rétractation de Ziad Takieddine : un épisode où le clan Sarkozy est soupçonné d’avoir tenté de manipuler la justice en orchestrant un faux témoignage.
Ziad Takieddine, intermédiaire clé dans les relations entre Nicolas Sarkozy et le régime Kadhafi, est décédé le 23 septembre, deux jours avant le délibéré du procès lié aux financements libyens.
C’est l’affaire dans l’affaire, et elle est loin d’être secondaire. L’opération, surnommée par ses instigateurs "Sauver Sarko", a émergé à l’automne 2020, au lendemain de la mise en examen de l’ancien chef de l’État pour association de malfaiteurs dans l’enquête sur les financements libyens.
- L'affaire Bygmalion : risque six mois de prison ferme aménageables sous bracelet électronique
Déjà condamné en appel en février 2024 à un an de prison, dont six mois ferme aménageables (sous forme de bracelet électronique qu'il a porté cette année de février à mai), pour financement illégal et dépassement massif des comptes de sa campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy joue ce mercredi sa dernière carte devant la Cour de cassation. Si son pourvoi est rejeté, comme l’a recommandé l’avocate générale, la condamnation deviendra définitive, s’ajoutant à celle déjà inscrite pour l’affaire des écoutes.
L’enquête avait mis au jour une campagne explosive à 43 millions d’euros, soit presque le double du plafond légal, camouflée grâce à un système de double facturation imputé à l’UMP. Sarkozy, sans être accusé d’avoir organisé ces fausses factures, est poursuivi pour avoir profité d’un financement illégal. Il conteste fermement toute responsabilité. La Cour de cassation ne tranche pas le fond, mais l’application du droit : si elle lui donne raison, un nouveau procès pourrait être ordonné.
À noter, même en cas de condamnation définitive, un retour en prison paraît improbable : les six mois ferme étant déjà prévus sous bracelet électronique. Son âge ouvre également largement la voie à un aménagement de peine et l'ancien président de la République exécute déjà une précédente condamnation sous surveillance électronique dans l’affaire des écoutes, sans avoir été réincarcéré.
Affaire Bygmalion : vers une deuxième condamnation de prison définitive pour Nicolas #Sarkozy ?
— Sud Radio (@SudRadio) November 26, 2025
La Cour de cassation se prononce ce mercredi : https://t.co/1n6otBbtDJ
- L'affaire russe : consultant légal ou trafic d'influence ?
À l’été 2020, le Parquet national financier a lancé une enquête pour trafic d’influence autour d’un lucratif contrat de conseil signé un an plus tôt entre Nicolas Sarkozy et l’assureur russe Reso Garantia, détenu par les frères Sergey et Nikolaï Sarkisov.
L’accord, d’un montant total de 3 millions d’euros, prévoyait que l’ex-président devienne “conseiller spécial” et préside un comité stratégique… sans que son recrutement soit rendu public. Début 2020, Sarkozy avait déjà touché 500 000 euros au titre de ce contrat. Selon Mediapart, l’enjeu pour les enquêteurs est de déterminer si Nicolas Sarkozy s’est limité à un rôle de consultant légal ou s’il a mené des actions de lobbying susceptibles de tomber sous le coup de la loi au profit d’oligarques russes.
- L'affaire Qatari : trafic d'influence et corruption d'argent public étranger ?
Depuis 2019, le PNF s’intéresse aussi au rôle de Nicolas Sarkozy dans l’attribution du Mondial 2022 au Qatar. L’ancien président apparaît dans le volet parisien du “Qatargate”, notamment en raison d’un déjeuner organisé en 2010 avec des dirigeants qataris et Michel Platini. Quelques jours après cette rencontre, l’ex-patron de l’UEFA votait pour le Qatar. En avril 2023, l’association Anticor a porté plainte contre Sarkozy pour trafic d’influence et corruption d’argent public étranger.